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Les activistes voient un « réveil laïc » dans les heurts survenus à Yom Kippour

L'interruption d'une prière à cause d'une mehitzah a galvanisé les libéraux qui s'inquiètent d'un glissement vers la coercition, reflétant les divisions pour- et anti-refonte

  • Des manifestants s'emportant face à Israel Zeira, fondateur de l'organisation juive orthodoxe Rosh Yehudi, qui a mis en place une cloison séparant les hommes des femmes lors des prières publiques de Yom Kippour, Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
    Des manifestants s'emportant face à Israel Zeira, fondateur de l'organisation juive orthodoxe Rosh Yehudi, qui a mis en place une cloison séparant les hommes des femmes lors des prières publiques de Yom Kippour, Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
  • Des activistes de l'organisation Rosh Yehudi installant une mehitza, une cloison séparant hommes et femmes, avant une prière sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, à Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit :  Tomer Neuberg/Flash 90)
    Des activistes de l'organisation Rosh Yehudi installant une mehitza, une cloison séparant hommes et femmes, avant une prière sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, à Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
  • Israël Zeira, chef de Rosh Yehudi, un groupe orthodoxe, parle avec des officiers de police alors que le groupe installe un séparateur de genre, au milieu des protestations, lors d'un événement de prière publique de Yom Kippour sur la place Dizengoff, le 24 septembre 2023 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
    Israël Zeira, chef de Rosh Yehudi, un groupe orthodoxe, parle avec des officiers de police alors que le groupe installe un séparateur de genre, au milieu des protestations, lors d'un événement de prière publique de Yom Kippour sur la place Dizengoff, le 24 septembre 2023 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)
  • Shoham Smith protestant contre la séparation des sexes lors de la prière de Yom Kippour à Tel Aviv, le 25 septembre 2023. Sur son t-shirt, on peut lire : "Il n'y a pas de démocratie dans un État halakhique" et sur la pancarte : "Nous sommes tous contre la législation religieuse" en hébreu et en arabe. (Autorisation)
    Shoham Smith protestant contre la séparation des sexes lors de la prière de Yom Kippour à Tel Aviv, le 25 septembre 2023. Sur son t-shirt, on peut lire : "Il n'y a pas de démocratie dans un État halakhique" et sur la pancarte : "Nous sommes tous contre la législation religieuse" en hébreu et en arabe. (Autorisation)

Trois ans durant, les organisateurs des prières collectives de Yom Kippour sur le Kikar Dizengoff de Tel Aviv ont présenté ces offices comme un moment où laïcs et religieux pouvaient s’unir autour du jour le plus sacré du judaïsme.

Cette année, cette thèse a été battue en brèche, car la récente tradition – qui avait débuté en 2020 lorsque la pandémie de coronavirus avait contraint les prières à être déplacées en extérieur – s’est transformée en un échange de cris et de bousculades en raison de l’insistance des organisateurs à placer une sorte de cloison ou de barrière utilisée pendant les prières pour séparer les hommes des femmes, conformément à la halakha – la loi juive orthodoxe, et du refus de la municipalité et des manifestants laïcs d’accepter ce qu’ils considèrent comme une discrimination fondée sur le sexe, de quelque manière que ce soit, sur la place publique.

Ces scènes sont sans précédent et sont déjà considérées comme un tournant dans les relations tendues entre les Juifs laïcs et les religieux en Israël, car elles redessinent les frontières d’un comportement acceptable des deux côtés de la ligne de démarcation.

L’intense controverse suscitée par les prières interrompues avait conduit le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, à annoncer mardi son intention d’organiser jeudi une prière avec séparation des sexes sur le Kikar Dizengoff pour protester contre ce qui s’était passé le jour de Yom Kippour. Mais Ben Gvir avait annulé l’événement sous la pression de ses collègues de droite qui craignaient qu’il ne devienne une source d’inflammation dans une situation d’ores et déjà incendiaire. Plusieurs groupes libéraux avaient déclaré qu’ils organiseraient leur propre prière, sans séparation, sur la place en même temps que l’événement prévu par Ben Gvir, mais ils avaient finalement déplacé leur office de prière sur la place Habima, évitant ainsi le risque d’une nouvelle conflagration sur le Kikar Dizengoff.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir visitant le sud de Tel Aviv, le 3 septembre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

La perspective de voir des centaines de personnes appartenant à des camps passionnément, voire violemment opposés, tenir des offices de prière rivaux sur le Kikar Dizengoff avait fait craindre à certains observateurs que cela ne déclenche une bagarre de masse.

« Je ressens une intense douleur. Je suis terrifiée par l’avenir proche », a écrit mardi sur Facebook Faran Raz, une entrepreneuse et inventrice de 24 ans. « Je veux que nous mettions de côté les disputes. Nous sommes à fleur de peau. Nous souffrons tous. Je crains vraiment qu’une guerre civile n’éclate jeudi. Nous sommes au bord d’un précipice. »

Même sans violence de masse, ce qui s’est passé sur le Kikar Dizengoff à Yom Kippour a été dramatique et, pour beaucoup, traumatisant.

Au cours de Kol Nidre, la prière d’ouverture de Yom Kippour, sur le Kikar Dizengoff dimanche soir, des manifestants laïcs ont démoli un cadre en bambou que les organisateurs avaient érigé – en guise de cloison – en accrochant des drapeaux israéliens à sa partie supérieure. Lundi, alors que le jour du Grand Pardon touchait à sa fin, les laïcs ont de nouveau perturbé un office de prière qui ne comportait pas de mehitzah – ou cloison notable – que la municipalité avait interdite cette année, après l’avoir autorisée les années précédentes. La Cour suprême avait confirmé le droit de la municipalité d’interdire une cloison de séparation entre les hommes et les femmes, mais Rosh Yehudi, l’association à but non lucratif qui organise les prières de masse, a depuis soutenu qu’elle n’avait pas enfreint les ordres de la ville.

Des activistes de l’organisation Rosh Yehudi installant une mehitzah, une cloison séparant hommes et femmes, avant une prière sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, à Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)

C’est la première fois que l’événement de Rosh Yehudi, qui attire chaque année quelque 2 000 fidèles, est confronté à des manifestants.

Micha Gafni, chef de la police du centre de Tel Aviv, et un porte-parole de la police ont tous deux estimé que le cadre était acceptable parce qu’il était praticable. Le maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, avait, quant à lui, déclaré qu’il s’agissait d’une violation.

Le débat talmudique sur ce qui est ou n’est pas une mehitzah est rapidement devenu obsolète lorsque les centaines de laïcs, qui avaient attendu sur la place avant la prière de Kol Nidre de Yom Kippour, ont arraché le cadre et expulsé les fidèles de la place à coups de huées.

Un spectacle terriblement triste

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à une cérémonie marquant le cinquantenaire de la Guerre de Yom Kippour, au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem, le 26 septembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/FLASH90)

Une fois Kippour passé, les hommes politiques ont pris part à la querelle, qui, selon eux, s’inscrit dans le droit fil des clivages politiques existants.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a condamné les « extrémistes de gauche qui se sont déchaînés contre les Juifs pendant qu’ils priaient », tandis que le chef de l’opposition Yaïr Lapid a d’abord accusé le judaïsme « messianique » des groupes nationalistes d’être à l’origine des heurts de Yom Kippour.

Plus tard, Lapid a semblé prendre ses distances avec les manifestants, déclarant que « les événements que nous avons vus sur le Kikar Dizengoff ne doivent pas se répéter », tandis que d’autres ont appelé les deux parties à se réconcilier.

« Je comprends la douleur des manifestants, mais ce n’est pas une excuse pour saccager une prière de Yom Kippour. Cela m’a rendue si triste », a écrit sur Facebook Raz, l’inventrice de 24 ans d’une trousse de premiers secours pour les victimes d’accidents de voiture.

Raz, une laïque issue d’un foyer religieux qui est venue prier sur le Kikar Dizengoff le jour de Yom Kippour, a qualifié ce qui s’est passé de « spectacle terriblement triste, des gens qui crient, qui pleurent, qui ont mal des deux côtés ».

« J’ai vu des femmes d’âge moyen sortir pour crier ‘honte’ parce qu’elles pensaient que leur espace public avait été compromis et qu’elles menaient une bataille importante. J’ai vu des femmes de mon âge s’asseoir et pleurer en silence parce que pour elles, il s’agissait d’une guerre civile », a-t-elle écrit.

Un « seul moment positif »

Mais de nombreux manifestants considèrent ce qui s’est passé à Dizengoff comme « un moment décisif du réveil laïc », selon les termes de Shoham Smith, une écrivaine de Tel Aviv qui a participé à la manifestation contre la séparation des sexes lors des prières.

Shoham Smith protestant contre la séparation des sexes lors de la prière de Yom Kippour à Tel Aviv, le 25 septembre 2023. Sur son t-shirt, on peut lire : « Il n’y a pas de démocratie dans un État halakhique » et sur la pancarte : « Nous sommes tous contre la législation religieuse » en hébreu et en arabe. (Autorisation)

« Cela a été le seul moment positif dans cette triste affaire », a-t-elle déclaré au Times of Israel. « Cela a été un bon moment pour le judaïsme, un moment qui bien pourrait lui donner l’élan nécessaire pour s’adapter à la réalité, parce que cette oppression mise en évidence par les cloisons fonctionne contre les personnes au sein de ces communautés, et surtout contre les femmes qui s’y trouvent [cantonnées]. »

Pour ses détracteurs, la cloison de séparation des sexes dans les lieux de culte est emblématique d’une vision du monde qui assujettit les femmes à une structure de pouvoir patriarcale, bien que de nombreuses femmes religieuses contestent être opprimées par l’existence d’une mehitzah.

« Cette vision libérale est paternaliste et oppressive pour les femmes. La prière séparée par sexe ne l’est pas », a déclaré Moriya Litvak, directrice de Yehudit, une organisation conservatrice de défense des droits des femmes, au Times of Israel.

Sami Peretz, un éminent journaliste, a également parlé d’un réveil laïc fatidique sur le Kikar Dizengoff, qu’il a attribué à un sentiment d’oppression sous le gouvernement de droite de Netanyahu.

« Le camp libéral s’est senti humilié par ce gouvernement, il s’est donc levé et il a riposté », a écrit Peretz dans une tribune publiée mercredi dans Haaretz. « L’humiliation est en train de recréer le camp libéral. Cela ne fait que commencer. »

De nombreux Israéliens laïcs partagent le point de vue de Peretz et de Smith, qui considèrent l’affaire Dizengoff comme une riposte exceptionnellement féroce mais justifiée contre les politiques et les lois conservatrices du gouvernement. Pour ses détracteurs, le gouvernement de Netanyahu semble donner la priorité aux intérêts religieux en avançant une refonte du système judiciaire largement controversée qui pourrait réduire l’arsenal juridique de ceux qui cherchent à garantir certaines libertés civiles, y compris la protection contre la coercition religieuse.

Pour Smith, Rosh Yehudi incarne la vision d’un Israël théocratique qu’elle redoute. « Les gens se sont soulevés contre l’office de Yom Kippour parce que, pour eux, se soulever est une extension de la protestation ‘Kaplan' », a-t-elle déclaré, faisant référence aux manifestations de masse contre le gouvernement Netanyahu et sa volonté de radicalement remanier le système judiciaire.

Cette refonte vise à affaiblir le pouvoir judiciaire en transférant certains de ses pouvoirs, ainsi que d’autres détenus par les bureaucrates, au pouvoir législatif et aux élus. Les opposants à cette refonte affirment qu’elle supprime les mécanismes de contrôle et d’équilibre du gouvernement qui font d’Israël une démocratie. Ses partisans estiment qu’elle renforce les principes démocratiques en restituant les pouvoirs repris par les tribunaux aux hommes politiques, qui sont davantage « responsables » devant le peuple.

Israel Zeïra, chef du groupe orthodoxe Rosh Yehudi s’adressant à la police alors que son groupe installe une cloison pour séparer les hommes et les femmes sur le Kikar Dizengoff, malgré un arrêt de la Haute Cour, pendant Yom Kippour, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash 90)

Les parties présentes sur le Kikar Dizengoff pendant les prières de Yom Kippour  » ont recoupé pour la plupart » le conflit plus large sur la refonte du système judiciaire, a noté Smith. « Il y avait des exceptions, des libéraux laïcs qui aimaient l’idée de prier sur le Kikar Dizengoff mais d’une manière générale, je pense que tout a été fonction du camp idéologique auquel les uns et les autres appartenaient », a-t-elle déclaré.

Israël Zeïra, le fondateur de Rosh Yehudi, est en partie d’accord. « Ce sont les mêmes personnes. Les manifestants que nous avons vus là-bas étaient le groupe de protestataires ‘Kaplan' », a-t-il déclaré. « Mais les fidèles étaient diversifiés », a-t-il ajouté. « Je ne prétends pas savoir comment ils votent. »

Rosh Yehudi : « religionification » ou coercition ?

À la suite de ces affrontements, les médias israéliens ont accordé une attention considérable à Rosh Yehudi, qui était relativement peu connu du grand public avant cet été.

Des Israéliens laïcs et religieux lors d’un office de prière controversé sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 24 septembre 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Groupe fondé en 2002 par Zeïra – un homme d’affaires sioniste religieux spécialisé dans l’immobilier – Rosh Yehudi a pour mission d’encourager les Israéliens juifs à adhérer davantage au judaïsme orthodoxe, explique Zeïra.

Il avoue fièrement être un agent de la hadatah – un mot en hébreu signifiant plus ou moins « religionification ». Mais il dit s’opposer à la coercition religieuse. « Je veux que tous les Juifs laïcs deviennent religieux. C’est pour ça que j’ai créé Rosh Yehudi. Il n’y a pas de programme secret. Nous sommes très ouverts à ce sujet. Mais on ne peut pas forcer les gens à croire. Et là, je ne veux pas seulement dire que ce ne serait pas bien de le faire, de forcer les gens. Je veux dire que c’est littéralement impossible. Et je ne voudrais même pas essayer », dit Zeïra au Times of Israel.

« J’envisage un avenir, pas dans 25 ans mais demain, dans lequel le Messie arrive et le jour suivant, le Grand Temple commence à être reconstruit et tout le peuple d’Israël devient religieux. S’agit-il de messianisme ? La réponse est oui. Mais cela menace-t-il les laïcs en Israël ? La réponse est non » – Israël Zeïra de Rosh Yehudi

Zeïra ne voit aucun inconvénient à être qualifié de messianiste à la recherche d’un État religieux, et va même jusqu’à affirmer que cela est vrai.

Environ 2 000 fidèles assistant à la prière de Neilah de Yom Kippour sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, en Israël, le 5 octobre 2022. (Crédit : Municipalité de Tel Aviv)

« J’envisage un avenir, pas dans 25 ans mais demain, dans lequel le Messie arrive et le jour suivant, le Grand Temple commence à être reconstruit et tout le peuple d’Israël devient religieux. S’agit-il de messianisme ? La réponse est oui. Je suis une personne messianique. Mais cela menace-t-il les laïcs en Israël ? La réponse est non », a expliqué Zeïra au Times of Israel.

Smith, l’écrivaine laïque, décrit une vision radicalement différente d’Israël. « Israël ne pourra pas être un État exclusivement juif. Ce sera un pays de tous ses citoyens. Israël-Palestine. Une entité multiculturelle où toutes les confessions pourront exercer leur religion de manière égale sans empiéter sur les droits des uns et des autres », déclare Smith, qui est mère de trois enfants.

Rosh Yehudi organise des événements pour le grand public – principalement des Juifs laïcs – à l’occasion des fêtes juives, ainsi que des conférences et des activités pour les jeunes. L’organisation possède une synagogue, Gvurat Israel, près du Kikar Dizengoff, qui mentionne la « communauté LGBTQ » comme l’une de ses cibles démographiques. Elle héberge aussi des conférences sur la religion pour les jeunes femmes et propose un projet d’aide à l’acclimatation des immigrés juifs.

Interrogé sur les droits des homosexuels, Zeïra estime que le fait d’être homosexuel n’est pas conforme à la halakha, et n’empêche pas de rechercher un lien plus profond avec le judaïsme. « Nous avons de nombreux membres homosexuels dans la communauté des partisans de Rosh Yehudi », indique-t-il.

Le rabbin Yigal Levinstein donnant une leçon pendant que des activistes protestent contre lui, à la synagogue Rosh Yehudi, à Tel Aviv, le 19 septembre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Au début du mois, des manifestants se sont rassemblés devant une synagogue où Rosh Yehudi accueillait une conférence sur le postmodernisme donnée le rabbin Yigal Levinstein, figure connue de l’académie prémilitaire de Bnei David, qui est aussi connu pour avoir qualifié les membres de la communauté LGBTQ de « déviants » et les femmes servant au sein de Tsahal de « folles ».

Rosh Yehudi n’approuve ni ne condamne ce point de vue, a souligné Zeïra.

L’organisation est souvent présentée comme l’un des nombreux groupes cherchant à établir des enclaves sionistes religieuses au sein de bastions laïcs ou, dans certains cas, de communautés arabes. Les efforts idéologiques sont fortement orientés vers la droite et les critiques accusent Rosh Yehudi et d’autres groupes similaires de tenter d’importer une mentalité d’implantation de Cisjordanie dans les communautés libérales.

« Tout est lié. L’occupation aussi. Les personnes qui dirigent cette prière séparée ont choisi un bastion emblématique de la laïcité, Tel Aviv, pour y mener un programme pilote de coercition et de ségrégation religieuses. L’apartheid », a déclaré Smith. « Nous voyons à l’œuvre le même mécanisme qui traite les gens en fonction de leurs catégories, examiné à travers le prisme de la suprématie juive. C’est à cela que nous nous opposons. Il ne s’agit pas d’un innocent rassemblement de prière, comme certains le prétendent de manière fallacieuse. »

Des femmes manifestant devant le rabbinat à Rehovot, le 1er juillet 2023. (Crédit : Nevet Kahana)

Selon Zeïra, Rosh Yehudi a aidé plusieurs familles désireuses de créer des communautés religieuses à s’installer à Tel Aviv. L’argent provient de dons et de subventions gouvernementales, mais les familles qui construisent des communautés pour Rosh Yehudi doivent avoir des sources de revenus supplémentaires, dit-il.

« Elles fournissent un travail pour l’organisation et nous payons pour ce travail, et peut-être pouvons-nous les aider à trouver un autre emploi. Mais nos moyens sont limités », ajoute-t-il.

Son organisation, qui dispose d’un budget annuel d’environ 2,5 millions de shekels, emploie une dizaine de personnes. Selon Guidestar, le registre du ministère de la Justice pour les entreprises et pour les organisations à but non lucratif, l’employé le mieux rémunéré de Rosh Yehudi gagne environ 100 000 shekels par an. L’association a reçu des subventions gouvernementales allant de 67 000 shekels à 150 000 shekels ces dernières années, notamment pour des projets de charité et d’intégration des immigrants, fait remarquer Zeïra.

« La plupart des fonds proviennent de dons, de petits dons, de personnes dont la vie a été touchée par nos activités », précise-t-il.

Des manifestantes contre la refonte judiciaire du gouvernement, habillées en « servantes écarlates », sur le Kikar Dizengoff, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Zohar Tal)

Ce mois-ci, Rosh Yehudi a rencontré pour la première fois une opposition sérieuse, a déclaré Zeïra, d’abord lors de la manifestation devant la synagogue qui a accueilli Levinstein, puis lors de la prière de Yom Kippour.

« Ce fut un choc total », s’exclame Zeïra en évoquant la prière de Kippour. « Toutes les lignes rouges ont été franchies. Nous ne l’avions pas prévu. Nous n’aurions jamais pensé que des Juifs de Tel Aviv perturberaient une prière à Yom Kippour », poursuit-il.

La nécessité d’un dialogue

Jeudi, la municipalité de Tel Aviv a retiré les permis qu’elle avait accordés au groupe pour l’installation d’une souccah publique pendant la fête de Souccot et pour une célébration traditionnelle après Simhat Torah ; Rosh Yehudi débat maintenant de l’avenir des prières de Yom Kippour à Tel Aviv, déplore Zeïra.

Ce type de réévaluation est potentiellement une évolution positive, selon le rabbin Yuval Cherlow, un défenseur de longue date du dialogue religieux-laïc qui dirige une yeshiva à Tel Aviv.

« Il est parfois plus sage d’éviter une controverse que d’y plonger la tête la première » – Rabbi Yuval Cherlow

« Peut-être que quelque chose de positif sortira de la résistance que nous avons vue », dit Cherlow au Times of Israel. Il ajoute qu’il condamne les actions des manifestants qui ont perturbé la prière de Yom Kippour, que Cherlow soutient en principe. Il est favorable à l’autorisation de la prière orthodoxe en public. Mais, précise-t-il, « il est parfois plus sage d’éviter une controverse que d’y plonger la tête la première ».

Le rabbin Yuval Cherlow (Crédit : Aryeh Katz)

« Les circonstances sont regrettables, mais il est clair qu’un dialogue sera nécessaire pour rétablir la prière de Kippour, qui est chère à de nombreuses personnes », a déclaré Cherlow, l’un des fondateurs du groupe Tzohar, composé de rabbins orthodoxes modérés.

« Ce dialogue est exactement ce qui doit se produire au niveau local. Ce serait un pas dans la bonne direction. »

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