Les avocats des victimes de Berland dénoncent un présumé accord de plaidoyer
Les avocats condamnent un accord "absurde", qui prévoit une peine de prison de 14 mois pour une escroquerie massive où il échangeait miracles contre argent
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Les avocats représentant les victimes présumées d’un rabbin délinquant sexuel qui a été accusé d’avoir escroqué – à hauteur de plusieurs millions de shekels – ses fidèles malades et âgés, ont protesté mercredi contre sa nouvelle négociation de plaidoyer avec les procureurs.
Dans une lettre adressée au procureur général Avichai Mandelblit et aux procureurs de Jérusalem, les avocats ont jugé l’accord « absurde » et « insultant » pour les personnes escroquées par Eliezer Berland, chef de la secte extrémiste Shuvu Bonim, qui aurait extorqué d’importantes sommes d’argent en échange de promesses de guérisons miracles.
Les détails des négociations de l’accord de plaidoyer, qui sont encore en cours, n’ont pas été confirmés par les autorités. Les avocats des victimes présumées ont déclaré qu’à leur connaissance, il est question de 14 mois d’emprisonnement, une indemnisation de 5 000 à 10 000 shekels par victime et une amende à verser à l’État.
Berland a été arrêté pour fraude en février après que des centaines de personnes se sont plaintes à la police, l’accusant d’avoir vendu des prières et des « médicaments magiques » à des membres de sa communauté malades ou handicapés – et notamment en promettant à des familles de personnes paralysées que l’être cher serait bientôt en mesure de marcher et aux familles de détenus condamnés que ces derniers seraient libérés de prison.
Lors du raid qui avait suivi l’arrestation, des dizaines de boîtes de poudres et des pilules avaient été retrouvées au domicile du rabbin. Elles étaient délivrées aux malades comme étant des « médicaments magiques ». Des tests initiaux réalisés en laboratoire avaient révélé qu’ils étaient constitués de médicaments anti-douleur en vente libre et de bonbons, notamment de Mentos, avaient fait savoir les officiels. Il a été émis en examen en mars.
Berland avait nié les accusations lancées à son encontre lors de l’audience de dimanche dernier, clamant qu’il n’avait offert que des bénédictions et des services de guérison lorsque cela lui avait été demandé et ce, pour des sommes bien inférieures à celles avancées par la police.
En mai, Berland a été mis en examen pour blanchiment d’argent, évasion fiscale et autres crimes financiers.
« Nous nous tournons vers vous au nom des victimes du crime, qui s’opposent à un accord de plaidoirie aussi léger avec un homme qui a détruit leurs vies et assassiné leurs âmes, car cet accord ne fait qu’ajouter l’insulte à l’injure », ont écrit les avocats.
Ils ont imploré le procureur général et les procureurs de ne pas tenir compte de l’âge avancé (82 ans) et de la mauvaise santé de Berland dans la formulation de l’accord, notant que les autorités avaient libéré Berland de prison prématurément en raison de ses problèmes de santé il y a plusieurs années, alors qu’il purgeait une peine pour des délits sexuels. Pourtant, Berland a continué à commettre d’autres crimes, ont-ils déclaré.
Les avocats ont en outre fait valoir qu’une peine légère pour Berland éroderait la confiance du public dans le système juridique. Ils ont également contesté l’indemnisation prévue pour les victimes, affirmant qu’un tribunal devrait en fixer le montant.
Berland fait l’objet d’un véritable culte parmi les milliers de membres de son groupe – une branche de la secte hassidique de Breslev. Il avait fui Israël en 2013, accusé d’agressions sexuelles à l’encontre de plusieurs femmes parmi ses disciples.
Après avoir échappé aux forces de l’ordre pendant trois ans et parcouru différents pays, Berland avait été condamné, au mois de novembre 2016, à 18 mois de prison pour deux chefs d’inculpation d’attentat à la pudeur et pour un chef d’inculpation d’agression sexuelle dans le cadre d’un arrangement judiciaire qui comprenait alors sept mois de prison ferme.
Il avait été libéré pour raison de santé cinq mois plus tard.