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Netanyahu: Israël ravi des changements apportés à la loi polonaise sur la Shoah

La motion a été adoptée par 388 voix pour - majorité et opposition - 25 contre et cinq abstentions

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki donne une conférence de presse avec le Chancelier allemand le 16 février 2018 à la Chancellerie de Berlin. (AFP Photo/John MacDougall)
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki donne une conférence de presse avec le Chancelier allemand le 16 février 2018 à la Chancellerie de Berlin. (AFP Photo/John MacDougall)

Le gouvernement de l’Etat hébreu et la diaspora juive ont reproché à Varsovie de vouloir nier la participation de certains Polonais au génocide des juifs, voire d’empêcher des rescapés juifs de raconter leur expérience ou la mort de leurs proches.

Le Parlement polonais a amendé mercredi une loi censée défendre l’image des Polonais du temps de la 2e guerre mondiale, mais qui avait été violemment dénoncée par Israël et critiquée par les Etats-Unis.

La modification consiste en premier lieu à supprimer totalement le passage de cette loi votée en janvier qui prévoyait jusqu’à trois ans de prison pour ceux qui attribueraient « la responsabilité ou la co-responsabilité de la nation ou de l’Etat polonais pour les crimes commis par le Troisième Reich allemand », a déclaré au Parlement le vice-ministre de la Culture Jaroslaw Selin.

Elle a été adoptée par 388 voix pour – majorité et opposition – 25 contre et cinq abstentions. Le président du Sénat Stanislaw Karczewski a annoncé que la chambre haute l’examinerait le jour même.

L’examen de l’amendement a été ajouté d’urgence au programme des travaux parlementaires de mercredi à la demande du Premier ministre Mateusz Morawiecki.

Ce dernier a reconnu devant les députés que si l’objectif de la loi était de « lutter pour la vérité », ses passages sur les sanctions pénales avaient « paradoxalement » fait naître « tant de controverses qu’ils sont devenus contre-productifs ».

A LIRE : Texte intégral de la loi polonaise controversée sur la Shoah

M. Morawiecki a souligné qu’en cas de publications calomniant la Pologne avec des expressions telles que « la SS polonaise, la Gestapo polonaise ou les camps de concentration polonais », la possibilité restait ouverte de porter plainte au civil, faisant peser sur un éditeur « aux Etats-Unis ou quelque part en Allemagne (…) la menace de devoir payer cent millions d’euro ou cent millions de dollars ».

Censée défendre l’image de la Pologne et des Polonais pendant la 2e guerre mondiale contre de fausses accusations, la loi avait provoqué de vives tensions avec le gouvernement israélien.

Le gouvernement de l’Etat hébreu et la diaspora juive ont reproché à Varsovie de vouloir nier la participation de certains Polonais au génocide des juifs, voire d’empêcher des rescapés juifs de raconter leur expérience ou la mort de leurs proches.

Pour le gouvernement polonais de Droit et Justice (PiS), le principal objectif de la loi était de combattre l’expression « camps de concentration polonais », injuste parce que concernant les camps nazis allemands établis en Pologne occupée.

« Nous nous sommes heurtés à de l’incompréhension, à des opinions blessantes, nous ne voulons pas que cela pèse sur notre politique », a dit le chef du groupe parlementaire PiS Ryszard Terlecki.

Le mémorial de la Shoah à Jérusalem Yad Vashem a ensuite déclaré que l’amendement à la loi polonaise sur la Shoah constituait une « étape positive dans le bonne direction ».

« Nous pensons que la meilleure façon de combattre les mauvaises représentations de l’Histoire, c’est de les renforcer par des recherches libres et ouvertes et des activités éducatives », a déclaré un porte-parole.

« Yad Vashem réaffirme son soutien pour garantir que les éducateurs et les chercheurs ne se heurtent pas à des difficultés en ce qui concerne la complexe vérité sur les relations entre les Juifs et la Pologne, avant, pendant et après la Shoah. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu Netanyahu s’est exprimé dans la soirée sur la modification de la loi polonaise.

Il a déclaré qu' »Israël se félicite de la décision prise par le gouvernement polonais ».

« Il est évident que la Shoah a été un crime sans précédent commis par l’Allemagne nazie contre la nation juive, incluant tous les Polonais d’origine juive », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que les deux pays comprennent l’importance de pouvoir mener des « recherches libres » sur la Shoah.

« Nous avons toujours été d’accord pour dire que l’expression ‘camps de la mort polonais’ est manifestement erronée et diminue la responsabilité de l’Allemagne dans l’établissement de ces camps », a-t-il indiqué, abordant ainsi l’essentiel de la question.

Il a déclaré qu’il rejetait « les actions visant à blâmer la Pologne ou la nation polonaise dans son ensemble » pour les crimes de la Shoah et reconnaît seulement que « certaines personnes, quelles que soient leur origine, leur religion ou leur vision du monde, ont révélé leur côté le plus sombre à cette époque ».

Il a ajouté que les chercheurs entre autres doivent être en mesure d’exercer leur liberté d’expression et leur liberté universitaire concernant la Shoah « sans crainte d’entraves juridiques ».

« Aucune loi ne peut et ne pourra changer cela », a-t-il conclu.

Alors que les discours en anglais de Netanyahu ont été rédigés avec la contribution de la Pologne et sont presque obséquieux à l’égard de Varsovie, ses propos en hébreu prononcés auparavant étaient plus virulents dans la critique de la loi avant qu’elle ne soit modifiée.

« Je suis heureux que le gouvernement, le Parlement et le Sénat polonais aient décidé aujourd’hui d’annuler totalement les clauses juridiques qui ont provoqué un tollé et de la colère en Israël, ainsi que dans la communauté internationale », a-t-il déclaré en anglais.

« Nous nous sommes dressés pour défendre la vérité et avons accompli notre devoir primordial : Garantir la vérité historique concernant la Shoah. C’est ainsi que nous continuerons à agir », a-t-il conclu en anglais et pour de bon cette fois.

Plusieurs groupes juifs ont salué cette démarche mais Yair Lapid, président du parti Yesh Atid, l’a qualifié de « mauvaise blague » et a appelé à l’abrogation entière de la loi.

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