Les cyberattaques par l’Iran et le Hezbollah auraient triplé pendant la guerre
Des hackers iraniens mènent des cyberattaques contre Israël depuis une société informatique à Téhéran, a affirmé le chef de la Direction de la cybersécurité israélienne
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Le chef de la cyberdéfense israélienne, Gaby Portnoy, a indiqué mardi que l’intensité des cyberattaques contre Israël avait triplé depuis le début de la guerre, le 7 octobre, alors que l’Iran et ses mandataires, Hezbollah en tête, se livraient à davantage d’actes de piratage.
« Lorsque [le commandant de l’aile militaire du Hamas, Mohammed] Deif et [le chef du Hamas à Gaza, Yahya] Sinwar ont surpris Israël le 7 octobre, ils ont réussi à saper la sécurité physique des gens en Israël. Et dans le même temps, sur le plan numérique, sur ordre du guide suprême iranien Ali Khamenei, les cyberattaques de l’Iran et du Hezbollah sur Israël et ailleurs ont commencé, 24 heures sur 24 », a déclaré Portnoy, chef de la Direction nationale de la cybersécurité d’Israël, lors de la 10e conférence mondiale sur les cybertechnologies à Tel Aviv.
« L’intensité des attaques est plus élevée que jamais, les groupes iraniens et le Hezbollah agissent de conserve pour attaquer Israël dans tous les secteurs », a-t-il ajouté.
Portnoy a révélé que le ministère du Renseignement de la République islamique avait des mandataires civils chargés de mener des cyberattaques contre des cibles israéliennes sous couvert d’entreprises technologiques, travaillant à partir d’un immeuble de bureaux au cœur de Téhéran. L’escouade civile de piratage informatique affiliée au ministère iranien du Renseignement et au groupe lié au Hezbollah, Lebanese Cedar, est à l’origine de la cyberattaque contre le centre hospitalier Ziv de Safed, dans le nord d’Israël, en novembre dernier.
La cyberattaque n’a pas perturbé le travail de l’hôpital, mais les pirates sont parvenus à s’emparer d’informations médicales sensibles.
Selon le rapport annuel de la Direction nationale de la cybersécurité pour 2023, dans les trois premiers mois qui ont suivi le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, le nombre de cyberattaques subies par Israël a été 2,5 fois plus élevé que les années précédentes, avec un total de 3 380 incidents. Au cours de cette période, 800 de ces cyberattaques ont eu « un sérieux potentiel délétère », indique le rapport.
Portnoy a également évoqué les récentes tentatives de piratage en Israël, notamment contre les universités, les secteurs du tourisme, des médias, de la finance, des transports, de la santé, du gouvernement et de la haute-technologie. Malgré l’augmentation des cyberattaques pendant la guerre, ils ne sont pas parvenus à infliger des dommages économiques substantiels, a-t-il précisé.
« Je recommande vivement à tous les hackers, en particulier à ceux qui travaillent pour l’Iran, de réfléchir aux conséquences du cyberterrorisme contre Israël ou ses alliés – même si vous le faites depuis un bureau civil au cœur de Téhéran : nous savons qui vous êtes », a indiqué Portnoy.
Ce mois-ci déjà, le ministère de la Justice avait déclaré enquêter sur un « cyberincident », des pirates informatiques activistes opposés à la guerre à Gaza ayant revendiqué une attaque contre ses serveurs qui leur aurait permis de mettre la main sur des centaines de gigaoctets de données.
Devant un parterre d’experts en cybersécurité et de représentants d’entreprises et de gouvernements d’une soixantaine de pays, Portnoy a rappelé que le cyberespace n’avait pas de frontières.
« L’Iran tente de porter atteinte à la continuité des affaires », a averti Portnoy. « Une simple pression sur un bouton et c’est Israël, et demain ce sera ailleurs. Il nous faut donc lutter ensemble contre le cyberterrorisme. »
« En matière de cybersécurité, il nous faut un langage commun », a-t-il insisté.
Gil Shwed, fondateur et président exécutif du géant de la cybersécurité Check Point Software Technologies Ltd., a également pris la parole lors de la conférence en affirmant que le nombre de cyberattaques soutenues par l’Iran et le Hezbollah avait plus que doublé depuis le début de la guerre.
« Nos ennemis sont de plus en plus forts, et leurs attaques toujours plus sophistiquées, car Internet est un marché ouvert », a noté Shwed. « Beaucoup d’innovations dans le cyberespace viennent d’Israël, mais le marché ne peut pas absorber autant de technologies. »
« Nous devons consolider les technologies et les plates-formes et travailler ensemble dans le cyberespace pour bloquer les attaques et prévenir les dégâts », a-t-il conclu.