Les Démocrates US renoncent à conditionner l’aide à Israël à l’annexion
Par un vote de 117 voix contre 44, le Comité national démocrate repousse également la demande des progressistes de mentionner "l'occupation" dans le programme politique 2020
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON — Le comité en charge de l’élaboration du programme du parti démocrate américain a voté, lundi, en défaveur d’une motion qui réclamait l’inclusion d’un langage plus critique des politiques mises en oeuvre par Israël en direction des Palestiniens dans le programme 2020 de la formation.
Le panel a rejeté un amendement – avec 117 voix contre 34 – qui aurait mentionné « l’occupation israélienne » et appelé les Etats-Unis à conditionner l’aide apportée à l’Etat juif si le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait aller de l’avant dans son plan d’annexion de certains pans de la Cisjordanie.
Cet amendement – qui avait été proposé par Clem Balanoff, directeur dans l’Illinois de l’organisation à but non-lucratif inspirée par Bernie Sanders Our Revolution – aurait également compris des critiques des activités d’implantation et pas seulement de leur « expansion », comme c’est le cas dans le programme actuel.
Cette initiative avait suivi une demande formulée par des groupes libéraux dont les activités se concentrent sur le Moyen-Orient, comme J-Street, d’inclure dans le document final une mention de « l’occupation ». Ils avaient salué, par ailleurs, l’ébauche du programme pour son opposition à l’annexion et son soutien apporté aux droits des Palestiniens.
Deux anciens responsables de l’administration Obama se sont prononcés contre l’amendement au cours d’une réunion virtuelle du comité chargé d’esquisser le programme qui a eu lieu mardi, expliquant leur point de vue.
« Notre assistance à Israël est un investissement mutuellement bénéfique – une assistance qui protège Israël face à des menaces très réelles et qui aide à promouvoir la sécurité et la stabilité dans la région – une région dont nous connaissons trop bien le prix à payer en cas d’insécurité et d’instabilité », a dit Wendy Sherman, ex-secrétaire d’Etat adjointe qui avait été la négociatrice en chef de l’accord sur le nucléaire iranien.
Pour sa part, l’ambassadeur américain en Israël, Daniel Shapiro, a reconnu que les inquiétudes portant sur le langage « n’ont pas été apaisées à la satisfaction pleine et entière des deux parties ».
Pourtant, a-t-il noté, le programme a fait « des progrès tardifs mais significatifs tout en maintenant l’unité au sein de notre parti ».
« La plateforme traduit très clairement notre opposition à toute initiative unilatérale de la part d’une partie ou de l’autre qui serait susceptible de saper les perspectives de paix », a-t-il ajouté.
« Pour la première fois, nous faisons clairement part… de notre opposition à l’expansion des implantations israéliennes. Pour la première fois, nous faisons clairement et nommément part de notre opposition à l’annexion par Israël de territoires en Cisjordanie. Nous disons clairement que nous continuerons à nous dresser contre les incitations à la violence et le terrorisme et, pour la première fois, nous reconnaissons le droit des Palestiniens à vivre dans leur propre Etat », a-t-il continué.
Le programme entier, qui sert de schéma directeur pour les priorités politiques du parti au cours des quatre prochaines années, a été approuvé à l’unanimité mardi.
Il sera ratifié par le parti lors de la convention démocrate, le mois prochain, où il sera présenté au public.
Le comité national démocrate avait révélé le contenu du projet de campagne du parti, la semaine dernière – une ébauche de programme qui, contrairement à 2016, s’opposait à l’annexion et soutenait les Palestiniens mais qui avait entraîné la déception des progressistes dans la mesure où elle ne mentionnait pas la présence militaire israélienne en Cisjordanie.