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Les enfants apprennent de leurs frères et sœurs victimes de handicap mental

Des chercheurs ont constaté qu'un enfant atteint de handicap avait un effet positif sur sa famille : plus d'empathie et de proximité, moins de conflits et de rivalités

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Illustration : Un enfant ayant des besoins spécifiques participe à un programme géré par l'organisation israélienne Shalva. (Nati Shohat/Flash90)
Illustration : Un enfant ayant des besoins spécifiques participe à un programme géré par l'organisation israélienne Shalva. (Nati Shohat/Flash90)

Selon une nouvelle étude israélienne, les frères et sœurs d’enfants souffrant de handicap mental ont plus d’empathie, sont plus doués pour la pédagogie et ont de meilleures relations avec leurs frères et sœurs.

Des chercheurs des universités de Tel Aviv et Haïfa ont interrogé des mères et leurs enfants sur leurs relations avec les frères et sœurs en utilisant des dessins et des questionnaires. Ils ont étudié les relations des enfants « normalement développés » avec leurs frères et sœurs handicapés et non handicapés.

« Avoir un enfant avec un handicap dans une famille impose des exigences spécifiques à tous les membres de la famille, y compris aux enfants sans handicap », a indiqué Anat Zaidman-Zait, professeur de l’université de Tel Aviv, dans un communiqué. « Même s’il y a des difficultés, elles sont souvent accompagnées d’aspects positifs à court et long-terme ».

« Nous avons constaté que les enfants ayant des frères et sœurs souffrant d’un handicap mental obtenaient de meilleurs résultats en termes d’empathie, d’instruction et de proximité et avaient de plus faibles résultats en matière de conflit et de rivalité que ceux ayant des frères et sœurs au développement normal », a ajouté la chercheuse.

L’étude, intitulée “The quality of the relationship between typically developing children and their siblings with and without intellectual disability : Insights from children’s drawings », [La qualité de la relation entre les enfants au développement normal et leurs frères et sœurs avec et sans handicap mental : enseignements tirés des dessins d’enfants], a été publiée ce mois-ci dans la revue médicale Research in Developmental Disabilities.

Les recherches précédentes sur le sujet manquaient de cohérence, selon les auteurs. Certaines partaient du principe que les enfants handicapés représentaient un risque pour leurs frères et sœurs et tendaient à constater un faible risque de problèmes d’adaptation chez les frères et sœurs normalement développés.

D’autres recherches ont abouti à un résultat positif et constaté que les enfants dont les frères et sœurs sont handicapés assument une plus grande responsabilité familiale, sans aucun préjudice.

Les auteurs de la nouvelle étude estiment que leur recherche est la première du genre, combinant des informations non verbales, telles que des dessins d’enfants, et des témoignages de parents et d’enfants pour examiner ce type de relation fraternelle.

D’autres études portent souvent sur les rapports des parents, qui ont tendance à considérer les relations entre frères et sœurs comme moins positives que les enfants eux-mêmes, ont indiqué les auteurs.

Les chercheurs se sont intéressés à 61 enfants âgés de 8 à 13 ans, dont environ la moitié avait des frères et sœurs normalement développés, et l’autre moitié avait des frères et sœurs souffrant d’un handicap mental. À ce stade de la « moyenne enfance », les enfants ont plus de contacts avec leurs frères et sœurs handicapés et une compréhension plus mature de leurs handicaps, ont expliqué les chercheurs.

Parmi les enfants de l’étude ayant des frères et sœurs handicapés, la moitié étaient des filles, et 60,7 % des frères et sœurs handicapés étaient des garçons dont l’âge moyen était de 11,4 ans.

Les auteurs n’ont pas voulu préciser de quels handicaps mentaux souffraient les enfants concernés.

Un groupe témoin présentant des caractéristiques similaires, mais sans enfants handicapés dans la famille, a été soumis au même protocole de recherche. La seule différence significative entre les deux groupes était que les mères d’enfants handicapés avaient en moyenne un niveau d’études universitaires inférieur, ce qui a été pris en compte dans l’analyse.

Les chercheurs ont demandé aux enfants de se dessiner aux côtés de leurs frères et sœurs avec des crayons de couleur, puis ont demandé à des art-thérapeutes agréés de noter les illustrations en fonction de plusieurs critères, notamment : la distance sur le papier entre les deux personnages ; l’emplacement des personnages sur la page ; les preuves de soutien ou d’aide entre ces derniers ; leur taille ; la présence ou l’absence d’un parent sur le dessin et la quantité de détails affublé à chaque personnage.

Exemple illustratif du type de dessin utilisé dans la recherche, fourni par les auteurs de l’étude, qui n’ont pas souhaité partager des dessins issus spécifiquement de l’étude. (Autorisation)

Une distance plus grande entre les personnages est supposée signifier plus de conflit et d’évitement, et les différences de taille indiquent une rivalité et une différence de pouvoir. Les signes de soutien dans les dessins ont été associés à une plus grande proximité, à de l’empathie et à moins de conflits.

Trois examinateurs, tous des art-thérapeutes expérimentés dans l’analyse des dessins, se sont ainsi penchés sur les illustrations sans savoir si les enfants appartenaient au groupe témoin ou au groupe d’enfants ayant des frères et sœurs handicapés.

Les auteurs estiment que les questionnaires sont moins révélateurs que les dessins, car les enfants peuvent vouloir répondre aux questions d’une manière socialement acceptable et peuvent ne pas être conscients de certains aspects de leur monde intérieur, qui peuvent ressortir par la communication non verbale.

« La création artistique permet d’exprimer visuellement ce qui se trouve à l’intérieur », ont écrit les auteurs.

Les enfants ont ensuite répondu à un questionnaire visant à évaluer leurs sentiments de proximité, de domination, de conflit et de rivalité envers leurs frères et sœurs.

Les mères ont répondu à des questions sur les relations des enfants avec leurs frères et sœurs et leur adaptation socio-émotionnelle, avec des thèmes tels que la sympathie, la jalousie, la colère, l’évitement, l’enseignement et la camaraderie.

Exemple du type de dessin utilisé pour la recherche, fourni par les auteurs de l’étude, qui n’ont pas pu partager les dessins spécifiques de l’étude. (Crédit)

En se basant sur les dessins et les questionnaires auxquels ont répondu enfants et mères, les chercheurs ont déterminé que les enfants ayant un frère ou une sœur atteint de handicap cognitif obtiennent de meilleurs résultats en matière d’empathie, d’enseignement et de proximité dans leurs relations, et de moins bons résultats en matière de conflit et de rivalité. Les résultats suggèrent des niveaux plus élevés d’obligation de soutenir leurs frères et sœurs handicapés et de dévouement à la relation, soulignant les exigences accrues de la famille en matière de soins, ont commenté les chercheurs.

« Dans les familles d’enfants handicapés, il se peut que l’on mette davantage l’accent sur le « familisme », une orientation familiale caractérisée par l’interdépendance et une priorité élevée accordée aux besoins de toute la famille », ont écrit les auteurs. « Cela peut, à son tour, influencer l’acceptation par les frères et sœurs [typiquement développés] de leurs responsabilités de soins ».

« Dans l’ensemble, les recherches suggèrent que les enfants dont les frères et sœurs ont un handicap intellectuel connaissent une croissance personnelle et acquièrent une force émotionnelle, qui se traduit par des traits de caractère tels que la persévérance, la motivation, le sens des responsabilités, la maturité et le développement de compétences sociales ».

La présence d’un enfant handicapé peut également rendre le reste de la famille plus attentif aux besoins de chacun.

Les dessins indiquent une implication accrue des parents dans les familles avec un enfant handicapé. Des recherches antérieures ont montré que les besoins de ces parents en matière de soins étaient plus importants, ce qui peut inclure une plus grande implication des parents dans les relations entre frères et sœurs, et peut être lié au fait que les parents anticipent les besoins en matière de soins lorsqu’ils ne sont plus en mesure de s’occuper de leurs enfants handicapés.

Les auteurs ont appelé à ce que les études futures incluent une utilisation plus importante des dessins pour glaner des connaissances sur les mondes intérieurs des enfants, plutôt que de s’appuyer sur des questions verbales.

Aucune différence significative n’a été constatée entre les deux groupes en ce qui concerne l’adaptation socio-affective individuelle des enfants, ce qui indique que le fait d’avoir un frère ou une sœur handicapé n’a pas d’impact négatif.

Dans l’ensemble, les résultats suggèrent qu’avoir un enfant handicapé peut être bénéfique pour les relations entre frères et sœurs, renforcer les liens familiaux et diminuer l’hostilité entre frères et sœurs, et que les besoins des enfants handicapés ont probablement un effet positif sur leurs frères et sœurs.

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