Les Etats-Unis bloquent 65 millions de dollars en faveur de l’UNRWA
60 millions de dollars ont été versés pour maintenir les opérations de l'agence onusienne ; Trump veut "revoir en profondeur la manière dont l'UNRWA fonctionne et son financement"
WASHINGTON (Etats-Unis) – Les Etats-Unis ont décidé mardi de « geler » plus de la moitié de leurs versements prévus à l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, nouveau message de défiance à l’égard de l’ONU qui est également un nouveau coup dur pour les Palestiniens.
Ils ont donc versé 60 millions de dollars afin de maintenir les opérations de l’agence de secours des Nations unies pour les Palestiniens (UNRWA), pour payer notamment les salaires dans les écoles et le système de santé en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a annoncé le département d’Etat américain.
Mais les 65 millions restants « vont être retenus » jusqu’à nouvel ordre. « Ils sont gelés à ce stade, ils n’ont pas été annulés », a assuré la porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert.
La diplomatie américaine, qui ne cesse de critiquer l’ONU depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump il y a un an, réclame de « revoir en profondeur la manière dont l’UNRWA fonctionne et son financement ». Elle demande à d’autres pays de contribuer davantage, car les Etats-Unis ne veulent plus fournir à eux seuls 30% des fonds de cette agence.
Pour débloquer la seconde tranche, il faudra donc que « des réformes soient engagées » afin « de faire en sorte que l’argent soit mieux dépensé », a prévenu Heather Nauert.
« Sans les fonds que nous apportons aujourd’hui, l’UNRWA risquerait de manquer de financements et de fermer. »
« Les fonds fournis par les Etats-Unis empêcheront cela de survenir dans un avenir immédiat. »
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait fait part mardi, avant l’annonce de la décision américaine concernant l’UNRWA, de sa « grande inquiétude », estimant que la fin des financements américains provoquerait « un problème très très important ».
« L’UNRWA n’est pas une institution palestinienne » mais « une institution de l’ONU » qui « fournit des services vitaux » aux réfugiés, a-t-il insisté, exhortant Washington à confirmer sa contribution.
Mais l’annonce américaine arrive aussi au moment où les Palestiniens se sentent lâchés par les Etats-Unis.
Après avoir reconnu en décembre Jérusalem comme capitale d’Israël, Donald Trump avait menacé début janvier de couper l’aide financière américaine à ces derniers s’ils refusaient de discuter avec Washington d’une solution pacifique au conflit, affirmant sur Twitter que Washington ne recevait « aucune appréciation ou respect » de la part des Palestiniens.
« Nous offrons aux Palestiniens CENT MILLIONS DE DOLLARS par an et n’obtenons aucune appréciation ou respect », a tweeté Trump le 3 janvier.
It's not only Pakistan that we pay billions of dollars to for nothing, but also many other countries, and others. As an example, we pay the Palestinians HUNDRED OF MILLIONS OF DOLLARS a year and get no appreciation or respect. They don’t even want to negotiate a long overdue…
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 2, 2018
« Puisque les Palestiniens ne veulent plus parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser dans le futur ces énormes sommes ? »
Bien que Trump évoquait la totalité de l’aide américaine en faveur des Palestiniens, la contribution à l’agence pour les réfugiés serait la première à être affectée.
Israël a souvent critiqué l’UNRWA, l’accusant d’abriter des terroristes et de permettre aux Palestiniens de garder le statut de réfugiés même après s’être installés dans une nouvelle ville ou dans un nouveau pays depuis de nombreuses générations, compliquant ainsi une éventuelle solution au conflit israélo-palestinien.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU Danny Danon a applaudi la décision américaine, estimant que l’UNRWA « fait un mauvais usage de l’aide humanitaire de la communauté internationale afin de soutenir la propagande anti-israélienne » et « encourager la haine ». « Il est temps de mettre fin à cette absurdité », a-t-il plaidé.
« Rien que l’année dernière, des responsables de l’UNRWA ont été élus à la direction du Hamas dans la bande de Gaza, des écoles de l’UNRWA ont nié l’existence d’Israël et des tunnels terroristes ont été creusés au sein de locaux de l’UNRWA. Il est temps que cette absurdité cesse et que les fonds humanitaires soient dirigés vers leur but premier : le bien-être des réfugiés », a-t-il ajouté.
Lundi, les Nations unies ont déclaré que le travail de l’agence était « crucial » et que, si les Etats-Unis ou tout autre donateur coupait ses contributions, « nous devrions trouver d’autres sources [de financement] ».
Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch, a qualifié lundi la décision américaine de « vindicative » et de « tactique d’intimidation », exhortant les autres gouvernements à intervenir et à combler la différence si les Etats-Unis décidaient de couper définitivement leurs financements.
« Il est vindicatif de la part du gouvernement américain de faire chanter l’Autorité palestinienne afin qu’elle rejoigne les négociations de paix menées par l’administration Trump en privant l’ONU de financements qui permettent de nourrir et d’éduquer les enfants palestiniens », a déclaré Roth dans un communiqué.