Les États-Unis exhortent Israël à ne pas légaliser l’avant-poste de Homesh
Selon Ned Price, la position de l'administration concernant les mesures unilatérales inclut "certainement" les plans israéliens de légaliser l’avant-poste en Cisjordanie
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le porte-parole du Département d’Etat américain, Ned Price, a déclaré mercredi que les Etats-Unis étaient opposés aux efforts du nouveau gouvernement israélien concernant la légalisation d’un avant-poste sauvage dans le nord de la Cisjordanie.
« Notre appel à s’abstenir de toute mesure unilatérale inclut certainement toute décision visant à l’établissement de nouvelles implantations, à la légalisation d’avant-postes ou à l’autorisation de constructions quelles qu’elles soient au cœur de la Cisjordanie, à proximité de communautés palestiniennes ou sur des terres palestiniennes privées », a déclaré Price en réponse à une question sur l’avant-poste de Homesh lors d’un point de presse mercredi.
Les États-Unis critiquent depuis longtemps les mesures unilatérales prises par les autorités israéliennes ou palestiniennes, qu’ils jugent défavorables à la perspective d’une solution à deux États, même s’il est rare qu’ils se prononcent sur des exemples précis.
Le nouveau gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé en début de semaine son intention de légaliser Homesh, pour en faire une implantation reconnue.
Alors que la communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, Israël fait la différence entre les implantations construites et autorisées par le ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans les autorisations nécessaires, souvent sur des terres palestiniennes privées. Il arrive toutefois que des avant-postes soient érigés avec l’approbation tacite de l’État, et, en conséquence, les gouvernements successifs ont tous tenté de légaliser une partie de ces zones non reconnues.
« L’avant-poste de Homesh en Cisjordanie est illégal. Il est illégal même en vertu de la loi israélienne », a déclaré Price.
Homesh se compose essentiellement de plusieurs bâtiments de fortune qui ont été utilisés pour abriter une yeshiva établie sur les terrains de l’implantation du même nom qui avait été rasée en 2005 au moment du désengagement israélien de la bande de Gaza.

Une loi adoptée avant le « désengagement » interdisait la présence de civils israéliens à Homesh, ainsi que dans trois autres implantations du nord de la Cisjordanie, évacuées à l’époque. Cette loi a toutefois rarement été appliquée, permettant ainsi aux habitants ultra-nationalistes de se rendre chaque jour au sommet de la colline pour étudier à la yeshiva.
Bien que la Haute Cour de justice ait statué que la yeshiva se trouvait sur une propriété palestinienne privée, les agriculteurs du village voisin de Burqa se sont néanmoins vus interdire l’accès à leurs terres.
Homesh a refait la une des journaux en décembre 2021, lorsque des Palestiniens armés ont ouvert le feu sur des étudiants de la yeshiva qui descendaient du haut de la colline, faisant un mort. Les habitants des implantations ont demandé au gouvernement de légaliser l’avant-poste en réponse à cette attaque terroriste.
Le groupe de défense des droits Yesh Din a adressé une pétition à la Haute Cour de justice, demandant que la yeshiva illégale de Homesh soit supprimée et que les résidents palestiniens de Burqa puissent accéder à leurs terres privées sur lesquelles se trouve la yeshiva.
En mai dernier, sous le gouvernement Bennett-Lapid, l’État a reconnu, en réponse à la pétition de Yesh Din, que Homesh était illégale et a informé la Haute Cour qu’il évacuerait l’avant-poste. Sous la pression des membres de droite de la coalition, aucune date n’avait toutefois été fixée pour l’application de la loi.

En juin, la Cour a ordonné à l’État de rendre compte dans un délai de deux mois des mesures prises pour évacuer et démolir l’avant-poste, mais le gouvernement s’est effondré et la coalition religieuse de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu, idéologiquement engagée dans l’expansion des implantations, a pris le pouvoir.
Lundi, le gouvernement a informé la Haute Cour de sa décision de légaliser Homesh au lieu de l’évacuer, en abrogeant une partie de la Loi de désengagement de 2015.
Suite à cela, la Haute Cour a demandé au gouvernement d’expliquer pourquoi l’avant-poste illégal ne devrait pas être évacué. Elle a également demandé au gouvernement de lui expliquer pourquoi il ne prenait pas les mesures nécessaires pour accorder aux propriétaires palestiniens un accès régulier à leurs terres, accès qui leur est systématiquement refusé depuis des années en raison de la présence de l’avant-poste et des restrictions imposées par Tsahal.