Les événements au Soudan depuis le début du conflit
Le conflit, dû à une lutte de pouvoir entre deux généraux rivaux, a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED, et plus de 1,3 million de déplacés et réfugiés, selon l'ONU
Rappel des événements au Soudan depuis le début des combats le 15 avril, après la suspension par l’armée mercredi des négociations avec les paramilitaires sur une trêve.
Le conflit, dû à une lutte de pouvoir entre deux généraux rivaux, a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l’ONG ACLED, et plus de 1,3 million de déplacés et réfugiés, selon l’ONU.
Il oppose le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, à son ancien second Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
En 2021, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir. Mais ils se sont ensuite divisés sur la question de l’intégration des paramilitaires dans l’armée.
Début des combats
Le 15 avril, quelques jours après un nouveau report de la signature d’un accord politique censé relancer la transition démocratique, des tirs et des explosions retentissent à Khartoum.
Les forces paramilitaires annoncent avoir pris l’aéroport international, ce que dément l’armée, ainsi que la résidence présidentielle et d’autres infrastructures clé. L’armée mène des frappes aériennes contre des bases de paramilitaires.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU annonce le 16 la suspension de son aide, après la mort de plusieurs humanitaires tués dans des combats au Darfour (ouest).
Les appels internationaux à mettre fin aux hostilités se multiplient, en vain.
Evacuations et trêves non respectées
Des milliers d’habitants de Khartoum fuient les combats. Des trêves annoncées les 18 et 19 avril ne sont pas respectées.
Le 23, les Etats-Unis évacuent leur personnel diplomatique à Khartoum.
Japon, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Turquie, Suède, Egypte et de nombreux autres pays organisent également l’évacuation de leurs ressortissants.
Un fragile cessez-le-feu de 72 heures dans tout le pays, conclu sous l’égide des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, entre en vigueur le 25 avril. Comme à chaque annonce de trêve, les FSR et l’armée s’accusent mutuellement de la violer.
Suspects en fuite
Un ancien responsable de la dictature, Ahmed Haroun, soupçonné de crimes contre l’humanité, annonce le 25 s’être enfui de prison en compagnie d’autres ex-collaborateurs de l’ancien régime. Omar el-Béchir est en revanche toujours « sous la garde de la police judiciaire », affirme le lendemain l’armée soudanaise.
La violence franchit un nouveau palier le 27, avec des destructions et pillages au Darfour, dans l’ouest du Soudan, et d’intenses bombardements à Khartoum.
Menace de sanctions américaines
Le cessez-le-feu est prolongé de 72 heures à partir du 28 avril mais les combats se poursuivent. Au Darfour, l’ONU fait état d’armes distribuées à des civils et prévient que le conflit ravive des affrontements ethniques.
L’armée et les paramilitaires annoncent le 30 prolonger à nouveau pour 72 heures la trêve, globalement non respectée mais qui a permis la poursuite des évacuations.
Une nouvelle trêve entre en vigueur le 4 mai, cette fois pour une semaine jusqu’au 11, mais les combats font toujours rage.
La « tragédie (…) doit cesser », plaide le président américain Joe Biden, agitant la menace de sanctions contre « les individus qui menacent la paix ».
Emissaire de l’ONU sur la sellette
Lors de discussions en Arabie saoudite, un accord prévoit de dégager des couloirs sécurisés pour laisser partir les civils et entrer l’aide humanitaire.
Mais une nouvelle trêve – initialement du 22 au 29 mai puis prolongée de cinq jours – censée permettre l’acheminement de cette aide n’est pas plus respectée que les précédentes.
Le 27 mai, le général Burhane réclame le limogeage de l’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, en lui faisant porter la responsabilité de la guerre.
L’armée se retire des négociations
Le 31 mai, l’armée suspend sa participation aux négociations en Arabie saoudite, accusant les « rebelles » de n’avoir pas respecté l’accord de trêve temporaire.