Les familles d’otages, qui ont marché de Tel Aviv à Jérusalem, exigent des réponses
Durant la marche, qui a duré toute la semaine, les familles ont puisé force et courage les unes des autres en attendant le retour de leurs proches
L’objectif de Yuval Haran était clair lorsqu’il a eu l’idée de marcher à travers Israël aux côtés de membres de familles dont les proches ont été enlevés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre : libérer les otages. Et le 14 novembre, alors qu’ils se mettent en marche depuis Tel Aviv, il espérait encore que la marche de plusieurs jours jusqu’au bureau du Premier ministre à Jérusalem influencerait les décideurs à ramener leurs proches à la maison.
Jeudi soir, à la fin du troisième jour, Haran a reconnu que la marche très médiatisée, soigneusement organisée par le Forum des familles d’otages et de disparus, n’avait pas encore atteint son objectif. Mais, debout sur une colline de Latrun, dans le centre d’Israël, où les familles et leurs sympathisants campaient pour la nuit, Haran a souligné que quelque chose d’autre s’était produit.
« Nous avons puisé une force énorme dans les personnes qui nous ont rejoints dans notre marche ainsi que dans celles qui nous ont encouragés », a déclaré Haran, en faisant référence aux grandes foules brandissant des drapeaux venues à la rencontre des familles sur leur itinéraire sinueux à travers les villes de Beer Yaakov, Ramle, Lod, Beit Hashmonaï, Modiin et le kibboutz Shaalvim.
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Certains des marcheurs sont des amis des familles, et d’autres, comme Racheli Gabriel, qui travaille dans l’industrie des appareils médicaux, se sentent obligés de participer.
« Mon travail m’a amenée à New York où j’ai participé à une manifestation devant la résidence du secrétaire général des Nations unies. Maintenant que je suis de retour, je voulais participer à l’effort ici », a déclaré Gabriel au Times of Israel.
L’amélioration du moral des familles était évidente jeudi soir, alors qu’elles se mêlaient aux habitants des communautés voisines qui avaient installé des stands de nourriture à leur intention.
« Cela nous a donné beaucoup d’énergie de faire quelque chose de concret », a déclaré Daria Gonen, 18 ans, dont la sœur Romi a été enlevée lors du Festival Supernova, au kibboutz Reim.
Elle a remarqué qu’au lieu de rester debout sur la place du musée de Tel Aviv, désormais connue sous le nom de « Place des otages », où elle et de nombreux autres membres de la famille se sont rassemblés pour les manifestations quotidiennes, il y avait quelque chose de revigorant dans le défi de marcher jusqu’à 25 kilomètres par jour – la distance qu’ils ont parcourue le premier jour en marchant de Tel Aviv à un camping improvisé sur un terrain de football dans la ville de Beer Yaakov.
« Il faisait une chaleur torride lorsque nous avons quitté Tel Aviv, et donc la plupart d’entre nous n’étaient pas préparés à la pluie qui s’est soudainement abattue sur nous quelques heures après », se souvient Gonen.
« Nous étions trempés, mais cela nous a remonté le moral. Beaucoup de gens riaient, sans doute pour la première fois depuis longtemps. »
Gonen a noté qu’elle essayait d’être en première ligne lorsque les médias prenaient des photos du cortège.
« Si, d’une manière ou d’une autre, Romi parvient à voir les photos, je veux qu’elle sache que nous faisons tout ce que nous pouvons pour elle », a-t-elle expliqué.
En marchant, Gonen s’est liée d’amitié avec Yaela David, 18 ans, dont le frère Evyatar a lui aussi été enlevé lors de la fête en plein air. David estime elle aussi que la marche leur avait redonné des forces.
« Même lorsqu’il y a eu une sirène d’avertissement [d’attaque à la roquette] alors que nous étions dans un champ [ouvert] et que nous devions plonger au sol, nous ne nous sommes pas découragés. Nous allons continuer jusqu’à ce que nos voix fassent trembler le monde entier », a affirmé David.
Après le dîner, les familles se sont rassemblées autour d’une scène où plusieurs musiciens ont interprété des chansons, improvisant des paroles qui incluaient le chant du mantra des familles : « Ahshav, ahshav, [maintenant, maintenant], ramenez-les à la maison maintenant. »
Alors que plusieurs se sont adressés à l’assemblée, la bonne humeur de la journée a cédé la place à la colère et à la frustration.
« Nous perdons patience », a déclaré Mirit Regev, mère de deux enfants kidnappés. « Partout où des membres de la famille ont voyagé dans le monde, à Washington, Bruxelles et Paris, les chefs de gouvernement nous ont accueillis et nous ont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour nous. Mais nous n’avons aucune idée de ce que font nos dirigeants. Ils doivent nous regarder dans les yeux et nous dire ce qu’ils font. »
Après les discours, les familles se sont rassemblées sur le devant de la scène. Après 40 jours de protestation, elles ont pris l’habitude de brandir les photos de leurs proches pour les photographes de presse, tandis que le reste de la foule allume les lumières des téléphones en signe de soutien.
Haran est ensuite resté dehors à boire un café tandis que des membres de la marche venaient le saluer. Plusieurs d’entre eux l’ont félicité d’avoir lancé un projet qui a permis à leur cause d’obtenir l’attention qu’elle méritait. Haran, 36 ans, était responsable des opérations informatiques au kibboutz Beeri jusqu’au 7 octobre, date à laquelle son père, sa tante et son oncle ont été assassinés par des terroristes du Hamas, qui ont également enlevé sept membres de sa famille.
Shoshan Haran, la mère de Yuval, âgée de 67 ans, a fondé une ONG humanitaire qui lutte contre la faim en Afrique en permettant aux agriculteurs de planter des semences à haut rendement.
Pour ses pairs menacés, Yuval Haran a planté sa propre graine, celle de l’espoir.
Alors que la foule de sympathisants s’éloignait, il s’est arrêté un instant et, levant les yeux au ciel, a calmement dit : « J’aimerais juste que ma mère soit enfin de retour. »
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