Les familles d’otages rencontrent Antonio Guterres et dénoncent son inaction
Le chef de l'ONU dit avoir souhaité se rendre en Israël après le 7 octobre mais n'avoir reçu aucune réponse de l’État ; il a exprimé son plein soutien aux efforts visant à ramener les otages
Les représentants des familles des Israéliens retenus en otage à Gaza ont rencontré le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, à New York dans la nuit de jeudi à vendredi, et ont accusé l’ONU de ne pas en faire suffisamment d’efforts pour faire libérer leurs proches.
Les médias israéliens ont décrit la réunion comme tendue, des proches des otages, principalement des adolescents et des jeunes adultes, faisant pression sur le chef de l’ONU pour qu’il fasse bien plus pour assurer le retour des personnes enlevées, et le critiquant pour ses commentaires considérés comme justifiant les attaques du Hamas du 7 octobre et pour le fait qu’il ne se soit pas rendu en Israël depuis le début de la guerre.
Selon la Douzième chaîne, Yeela David, dont le frère Eviatar est détenu à Gaza, a déclaré à Guterres : « Si vous voulez la paix, c’est bien, mais vous ne pouvez pas dire quelque chose qui justifie le massacre… Regardez-moi dans les yeux. Vous devez venir dans les kibboutzim et sur le lieu de la fête [Supernova], visiter Israël et voir ce que nos proches ont enduré. C’est ce que fait un vrai leader. »
D’autres partageaient des sentiments similaires.
Hadar Cohen, 19 ans, dont le frère jumeau Nimrod est retenu en captivité à Gaza, a présenté au secrétaire général une assiette de riz et une pita, pour illustrer les maigres portions de nourriture que les otages libérés ont dit avoir reçues.
« Cela vous semble-t-il normal qu’ils mangent cela ? » a-t-elle demandé, selon la Douzième chaîne. « Ce n’est pas assez pour un enfant, et certainement pas pour un adulte. Il s’agit de droits humains fondamentaux. »
« Mon frère jumeau est en captivité depuis 70 jours », a poursuivi Cohen. « Savez-vous ce que c’est que de ne pas savoir s’il mange ou s’il dort, s’il est frappé ? S’il est frappé ? »
Lors de sa visite, Guterres a affirmé qu’il avait fait des démarches pour visiter Israël, mais qu’il n’avait pas reçu de réponse du gouvernement israélien. Il a déclaré qu’il mettait néanmoins tout en œuvre, avec ses moyens, pour obtenir leur libération, et que cela devait se faire le plus rapidement possible.
Guterres a déclaré aux familles qu’il exprimait sa « pleine solidarité » avec elles, qualifiant leur enlèvement de « crime terrible », mais a déclaré qu’il n’avait malheureusement pas le pouvoir de rendre leurs proches.
« J’aimerais en avoir le pouvoir », a-t-il déclaré dans des commentaires traduits en hébreu qui ont fait l’objet de fuites. « Si j’avais ce pouvoir, je vous assure que la première chose que je ferais serait de les ramener à la maison parce que c’est un crime terrible qui a un impact durable ».
« Je ne dis pas que c’est mieux quand quelqu’un meurt, mais quand un membre de la famille meurt, on peut faire son deuil et continuer à vivre », a-t-il poursuivi. » En revanche, quand une personne est kidnappée et que nous ne savons pas ce qui lui arrive, je comprends parfaitement ce que cela implique et pourquoi c’est si important, et je vous soutiens pleinement « .
Guterres a indiqué aux représentants qu’il s’était entretenu avec le Président égyptien Abdel Fattah El-Sisi et le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani pour tenter d’accélérer la libération des otages.
Il resterait 132 otages à Gaza – pas tous en vie – après que 105 civils ont été libérés de la captivité du Hamas au cours d’une trêve qui a duré une semaine à la fin du mois de novembre. Quatre otages avaient été libérées avant cela, et une autre avait été secourue par l’armée.
Les corps de huit otages ont également été retrouvés. L’armée israélienne a confirmé la mort de 20 des otages encore détenus par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et de nouvelles informations obtenus par les troupes opérant à Gaza.
Israël a déclaré la guerre au Hamas après que le groupe terroriste a déferlé sur le sud d’Israël, envahissant des communautés et massacrant plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, le 7 octobre. Le groupe a pris au moins 240 otages, dont l’âge varie d’un bébé de 9 mois à un homme de 86 ans.
En début de semaine, le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a accusé Guterres de soutenir le Hamas, a appelé à sa démission et a déclaré que son mandat à la tête de l’ONU était « un danger pour la paix mondiale », dans une réaction furieuse à une lettre que Guterres a écrite pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu immédiat dans la guerre entre Israël et le Hamas et à son invocation d’une clause rare de la charte de l’ONU pour demander l’intervention du Conseil de sécurité.
Cohen a déclaré que l’appel de Guterres à un cessez-le-feu dans la guerre de deux mois à Gaza « constitue un soutien apporté à l’organisation terroriste du Hamas et une approbation du massacre de personnes âgées, de l’enlèvement de bébés et du viol ».
Guterres a appelé à plusieurs reprises à un cessez-le-feu dans la guerre en cours, conduisant l’ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU à le critiquer et à appeler à sa démission.
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le 24 octobre, Guterres a déclaré qu’il était « important de reconnaître que les attaques du Hamas ne se produisaient pas dans le vide ».
Erdan avait alors qualifié les propos de Guterres de « choquants » et l’avait appelé à « démissionner immédiatement ». Cohen avait annulé une réunion avec Guterres en réponse, et le ministre du cabinet de la guerre, Benny Gantz, avait traité le chef de l’ONU « d’apologiste du terrorisme ».