Les Israéliens collectent 100 000 $ en 2 jours pour les enfants syriens
Motivés par le souvenir de l’Holocauste, la campagne permet d’acheter des produits de base qui seront livrés au pays ennemi mais voisin
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Une campagne populaire israélienne ayant pour objectif d’approvisionner en fournitures d’urgence les Syriens assiégés a récolté environ 410 000 NIS (105 000 dollars) en seulement deux jours.
L’initiative intitulée “juste au-delà de la frontière”, lancée dans la soirée de jeudi sur le site de financement en ligne Mimoona, a permis l’achat de matériels comme des couvertures, des manteaux, des médicaments et des produits alimentaires par des milliers d’Israéliens qui seront livrés directement aux Syriens de l’autre côté de la frontière.
L’aide a été particulièrement dirigée envers les enfants syriens.
Les produits donnés seront amenés aux Syriens par l’organisation israélienne Israeli Flying Aid (IFA), qui, selon son site Internet, « est spécialisée dans la livraison d’aides qui viennent sauver des vies au sein des communautés affectées par les catastrophes naturelles et les conflits humains, en particulier là où les régimes locaux empêchent l’entrée des organisations humanitaires internationales formelles ».
L’IFA oeuvrera aux côtés des “autorités concernées” pour acheminer les biens vers la Syrie, ont expliqué les organisateurs de la campagne.
L’appel israélien à venir en aide aux Syriens survient dans le contexte d’une bataille brutale dans la ville d’Alep, ravagée par ce qui pourrait s’avérer être les plus grands bombardements essuyés pendant la guerre civile en Syrie qui dure maintenant depuis presque six ans et qui a causé la mort de plus de 310 000 personnes.
Au cours de la semaine dernière, les forces syriennes, appuyées par la Russie, ont attaqué les dernières enclaves tenues par les rebelles à l’occasion d’une violente offensive qui aurait fait des centaines de morts.
La campagne d’aide a été organisée par des Israéliens de tout le pays.
L’objectif initial de la campagne était de lever la somme de 600 000 NIS (150 000 dollars). Mais la campagne devrait dépasser ce chiffre initial, a annoncé Yoav Yeivin, l’un des principaux organisateurs de la campagne, des propos confiés au Times of Israel.
Yeivin, qui est également membre du conseil municipal (pour le movement Hitorerut/Wake-Up Jerusalem), a expliqué que l’argent supplémentaire serait utilisé pour acheter davantage de produits en direction des enfants syriens.
“En tant qu’enfant en Israël, j’ai grandi en me demandant où était le monde lorsqu’on avait le plus besoin de lui. En tant que Juif, j’ai toujours su qu’il fallait que je sois là où on souffre, pour aider et tendre la main. Il n’y a aucune nation qui sache mieux que nous ce que peut être l’apathie mortelle”, a ajouté Yeivin, se référant à l’Holocauste.
“Nous avons lancé ce projet pour ouvrir une voie à l’action pour tous les citoyens désireux d’apporter de l’aide. Je pense que la population d’Israël est attentionnée et compatissante, et qu’elle donnera pour offrir de l’aide aux enfants et aux familles qui se trouvent juste au-delà de cette frontière, avec nulle part où s’enfuir. Le monde observe, réfléchit aux possibilités, mais en tant qu’Israélien, en tant que Juif, en tant que voisin, je ne peux pas ne rien faire », a-t-il ajouté.
Shivi Froman, autre dirigeante de la campagne, a noté que la situation en Syrie est compliquée pour les Israéliens mais a souligné que « l’inaction n’est pas une option ».
“La décision que nous avons prise a été de sortir les enfants de l’équation parce que les enfants sont des enfants. Ils méritent une assistance indépendamment de la complexité de la réalité des choses”, a-t-elle ajouté dans une déclaration.
Yotvat Weil, autre chef de la campagne, a également fait allusion aux souvenirs de l’Holocauste.
“Nous ne pouvions pas rester à ne rien faire. La mémoire de l’impuissance et du silence du monde autour de nous est profondément ancrée en nous ».
« Nous savions qu’il y avait beaucoup de personnes comme nous dont le cœur était brisé par la situation de l’autre côté de la frontière. Il importe peu de savoir qui a raison et qui a tort, qui est bon et qui est mauvais, cela n’importe pas. Ce qui importe, c’est de tendre la main et de venir en aide aux innocents », a dit Weil.