Les Juifs boycottent la commémoration à « l’Auschwitz croate »
Des centaines de milliers de Roms, de Serbes, de Juifs et des Croates anti-fascistes ont été exterminés par ce régime, dont environ 75 % des quelque 40 000 Juifs de Croatie

Les Juifs de Croatie vont boycotter pour la deuxième année consécutive une commémoration au camp de Jasenovac, l' »Auschwitz croate », déplorant la passivité des autorités face à un regain de l’idéologie oustachie pro-nazie dans le pays.
« Nous n’assisterons pas » à la commémoration officielle organisée par l’Etat le 22 avril, a déclaré vendredi Ognjen Kraus, président de la Coordination des municipalités juives de Croatie, à la télévision N1.
« Rien n’a été fait depuis un an. La relativisation (des crimes) des Oustachis et de leurs symboles se poursuit », a-t-il expliqué.
Les Juifs de Croatie représentent moins de 1 % des 4,2 millions d’habitants du pays. L’an passé, la minorité serbe s’était associée à ce boycott.
« Nous ne pouvons pas et nous n’allons pas admettre une telle politique et une telle relativisation (des crimes) de l’Etat indépendant croate (NDH) », a déclaré M. Kraus.
Mis en place par les nazis, cet « Etat » dirigé par Ante Pavelic, a gouverné le pays durant la Deuxième guerre mondiale. Des centaines de milliers de Roms, de Serbes, de Juifs et des Croates anti-fascistes ont été exterminés par ce régime, dont environ 75 % des quelque 40 000 Juifs de Croatie.
En novembre, à Jasenovac, une plaque commémorative frappée d’un slogan du régime oustachi (« Za Dom Spremni », « Prêts pour la patrie »), avait été dévoilée par des vétérans d’une formation paramilitaire (HOS) à la mémoire de onze des leurs tués pendant le conflit d’indépendance de la Croatie (1991-95). Une initiative vécue comme une provocation par les associations de victimes.
Les représentants de la communauté serbe de Croatie ont pour leur part dit qu’ils allaient assister à la commémoration de Jasenovac seulement si ce slogan était effacé.
Au pouvoir depuis octobre, le Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic s’est engagé à instaurer une « atmosphère de tolérance ».
Mais fin février, des dizaines de militants d’un parti d’extrême droite ont défilé dans le centre de Zagreb, entonnant le « Za dom spremni ».
En janvier, le directeur d’un lycée croate à Sibenik (sud) a refusé d’accueillir dans son établissement une exposition sur Anne Frank au motif qu’elle présentait les Oustachis comme des « criminels ».