Israël en guerre - Jour 405

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Les manifestants demandent au gouvernement d’exploiter la mort de Sinwar pour conclure un accord

"Après l'élimination du Hamas et de ses dirigeants, que reste-t-il à faire à Gaza ?", s'interroge la mère de l'otage Matan Zangauker à Tel Aviv

Des Israéliens participant à un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 19 octobre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Des Israéliens participant à un rassemblement appelant à la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 19 octobre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Des proches d’otages et des milliers de manifestants, dans tout le pays, ont appelé samedi soir le gouvernement à tirer parti de l’assassinat de Yahyia Sinwar, le chef du Hamas qui avait été l’instigateur du 7 octobre, en début de semaine dernière, pour parvenir à finaliser un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages encore détenus à Gaza.

Des parents, des frères et sœurs et autres proches des familles d’otages étaient présents à divers rassemblements. Ils ont exhorté le Premier ministre Benjamin Netanyahu à saisir l’opportunité offerte par la mort de Sinwar dans le but de garantir le retour des captifs – tant qu’ils sont encore en vie.

« Vous vous êtes vengés ! Maintenant, apportez-nous du réconfort », était-il écrit sur une grande banderole brandie par plusieurs protestataires qui battaient le pavé à Tel Aviv.

Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker – et l’une des critiques les plus virulentes du gouvernement parmi les proches des otages – a demandé ce qui pouvait encore être accompli à Gaza après la mort de Sinwar. Pour sa part, Simona Steinbrecher, la mère de l’otage Doron Steinbrecher, a insisté sur le fait que « la photo de la victoire » qui a été présentée avec la mort de de Sinwar signifiait qu’il y avait « une opportunité historique » de ramener sa fille et les autres otages en vie sur le sol israélien.

Sur la Place des otages, des dizaines de femmes ont défilé sur la plage en hommage à Naama Levy, une observatrice de Tsahal qui avait été kidnappée le 7 octobre.

Les femmes, qui étaient pieds nus pour la plupart, portaient des pantalons de survêtement gris et des tee-shirts noirs, arborant les vêtements que portait la jeune femme de 20 ans lorsque le Hamas l’avait enlevée en compagnie de quatre autres soldates de la base militaire de Nahal Oz, le 7 octobre 2023, les emmenant à Gaza.

La marche a commencé près d’une installation faite de cinq écrans semblables à ceux que Levy et les autres soldats de surveillance enlevées avaient utilisés dans le cadre de leur travail, une installation qui a été dressée sur la place ces derniers jours.

Les mains des femmes étaient peintes en rouge et attachées à l’aide de zips, en référence à des images de Levy qui avait été filmées le 7 octobre et qui montraient l’observatrice traînée hors d’une jeep à Gaza, menottée et ensanglantée, par un terroriste du Hamas.

Des milliers de manifestants ont également pris d’assaut la rue Begin à Tel Aviv pour exiger un accord de libération des otages et la fin de la guerre.

Simona Steinbrecher (au centre), la mère de Doron, l’un des otages retenus par le Hamas à Gaza, s’adresse aux manifestants sur la place des otages de Tel Aviv, demandant au gouvernement d’accepter un accord de libération des captifs qui permettrait à sa fille et aux autres otages d’être rapatriés, le 19 octobre 2024. (Crédit : Paulina Patimer)

Ces rassemblements à Tel Aviv ont été les premiers à être organisés dans la ville depuis la fin du mois de septembre. Ils avaient été annulés pendant quelques semaines en raison des restrictions imposées par l’armée israélienne sur le front intérieur, dans un contexte d’escalade du conflit avec le Hezbollah au Liban.

Des manifestations ont également eu lieu ailleurs dans le pays – notamment devant le domicile du président Isaac Herzog à Tel Aviv et devant la résidence de Netanyahu à Césarée, où les protestataires ont aussi exigé le rapatriement des otages dans le cadre d’un accord.

« L’objectif de la guerre, qui était de créer les conditions nécessaires pour le retour des otages, a été atteint », a déclaré Einav Zangauker, des propos confiés aux journalistes devant le quartier-général de l’armée israélienne à Tel Aviv dans l’après-midi de samedi.

« Seul un accord permettra de ramener les nôtres. Après l’élimination du Hamas et de ses dirigeants, que reste-t-il à faire à Gaza ? », a-t-elle interrogé.

Elle s’est également adressée à Netanyahu en lui disant : « Le temps des excuses est terminé ».

« Le temps est venu de cesser de craindre [Itamar] Ben Gvir et [Bezalel] Smotrich », a ajouté Zangauker, faisant référence aux ministres du gouvernement d’extrême-droite qui s’opposent ouvertement aux propositions ouvrant la porte au retour des captifs – qui nécessiteraient l’arrêt de la campagne militaire à Gaza.

La chaîne d’information N12 a signalé samedi que Ben Gvir et Smotrich ont tous deux exigé, depuis la mort de Sinwar, que Netanyahu maintienne les pressions militaires exercées sur le Hamas, sans parvenir à un accord sur les otages. Sans citer de sources, la chaîne a affirmé que Netanyahu lui-même avait prévu de tirer parti de la mort de Sinwar pour parvenir à un accord.

Eli Shtivi, le père de l’otage tué Idan Shtivi, a déclaré à la foule présente sur la Place des otages dans le cadre de la manifestation organisée par le Forum des familles d’otages et de portés-disparus que « à droite comme à gauche, il y a quelque chose qui unit tout le monde : tout le monde veut que les otages puissent rentrer chez eux ».

« Et à vous, Sinwar, le voyou, je n’ai qu’un seul message à transmettre », a-t-il poursuivi. « Vous pensiez pouvoir semer la désunion parmi nous [et] nous désintégrer : vous avez échoué ».

De son côté, dans sa prise de parole Simona Steinbrecher, la mère de Doron, a également remercié les soldats sur le terrain à Gaza et elle a salué l’assassinat de Sinwar. S’adressant aux médias internationaux en anglais, elle a demandé aux gouvernements du monde entier de « pousser fortement le Hamas » à libérer les otages et à « apporter plus de paix ».

Meirav Tal, qui a passé 53 jours en captivité et qui a été libérée lors de l’accord de cessez-le-feu qui avait été conclu au mois de novembre – son compagnon, Yair (Yaya) Yaakov, avait été tué lors du pogrom du 7 octobre et sa dépouille est actuellement à Gaza – a indiqué être restée largement silencieuse jusqu’à présent, ajoutant qu’elle se sentait dorénavant dans l’obligation de s’opposer à « la normalisation de cette réalité détruite dans laquelle nous vivons ».

En captivité, a-t-elle raconté, « les terroristes m’ont tout pris – le contrôle de mon corps, le contrôle de ma volonté ».

« J’ai entendu vos cris sur la place des Otages, et cela a été une bouffée d’air frais pour moi », a-t-elle continué.

« Maintenant que les troupes de l’armée israélienne ont tué Sinwar, ce psychopathe, il y a une petite lumière », a-t-elle poursuivi. « C’est le moment d’agir avec toute la force nécessaire pour ramener les otages à la maison ».

Yaela David, la sœur de l’otage Eviatar David, et Shelly Shem-Tov, la mère de l’otage Omer Shem-Tov, ont également pris la parole, déplorant que plus de douze mois se soient écoulés depuis l’enlèvement de leurs proches.

Lors de la manifestation organisée devant la résidence privée de Herzog à Tel Aviv, Yehuda Cohen, le père de l’otage Nimrod Cohen, a demandé au président de faire pression sur Netanyahu en faveur de la conclusion d’un accord.

« C’est un appel désespéré. C’est un appel désespéré, monsieur Herzog », a-t-il dit. « Après l’assassinat de Sinwar, nous savons qu’au Hamas, c’est chacun pour soi et que des cellules de terroristes détenant des otages pourraient les assassiner et s’enfuir ».

« C’est urgent, le temps presse et chaque minute est précieuse. S’il vous plaît, président Herzog, allez voir Netanyahu et exigez de lui un accord sur les otages, un cessez-le-feu et un retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza afin que mon fils Nimrod, après plus d’un an passé dans les tunnels, puisse revenir à la maison, qu’il puisse être libéré, qu’il puisse vivre enfin sa vie en toute sécurité », a-t-il poursuivi.

Des manifestantes déguisées en Naama Levy, observatrice de l’armée israélienne enlevée, une des otages retenus par le Hamas à Gaza, lors d’un rassemblement appelant à un accord de libération des captifs sur la place des Otages de Tel Aviv, le 19 octobre 2024. (Crédit : Paulina Patimer)

Montrant six faux cercueils qui avaient été apportés à la manifestation, Cohen a déclaré qu’il ne voulait pas que le sort de son fils et des autres otages vivants soit le même que celui des six otages qui avaient été assassinés par leurs geôliers à la fin du mois d’août, alors que les forces de l’armée israélienne se rapprochaient de l’endroit où ils se trouvaient.

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