Les médecins juifs québécois face à une « avalanche » d’antisémitisme depuis le 7 octobre
De nombreux médecins songent à quitter la province, preuve que l'antisémitisme « est un problème canadien » selon la chargée de la lutte contre l'antisémitisme de Toronto

Un nombre record de médecins juifs québécois envisageraient de quitter la province face à l’explosion des actes antisémites dont ils sont victimes. C’est cette inquiétante statistique qu’a révélé Le Journal de Québec, citant l’Association des médecins juifs du Québec (AMJQ), le 7 février dernier.
Selon un sondage réalisé par l’association, qui compte 550 membres, 45 % des médecins interrogés indiquent avoir subi des incidents antisémites dans le milieu hospitalier depuis le 7 octobre, contre seulement 34 % auparavant.
Par ailleurs, 30 % déclarent être victimes de remarques antisémites de façon hebdomadaire.
Le Dr. Lior Bibas, cardiologue de métier et président de l’AMJQ, a déclaré que l’on « fait face à une avalanche de cas. Il faut une prise de conscience, dans la société, qu’il y a un problème au Québec ».
« Toute forme de discrimination, c’est un enjeu de santé publique. Ça prend des gens en bonne santé mentale et physique pour bien s’occuper des patients. », a-t-il averti.
L’envoyée spéciale du Canada pour la préservation de la mémoire de la Shoah et la lutte contre l’antisémitisme Deborah Lyons, a mis en garde contre une dégradation du système de santé comme dommage collatéral de l’antisémitisme.
Sur les réseaux sociaux, Lyons a prévenu que « l’antisémitisme n’est pas seulement un problème juif. C’est un problème canadien. Nous ne devrions pas perdre des médecins à cause de la haine ».
L'association des médecins juifs du Québec rapporte que 45 % de ses membres interrogés ont été victimes d'antisémitisme et que certains d'entre eux envisagent de réduire leurs heures d'enseignement et de quitter la province. L'antisémitisme n'est pas seulement un problème juif.…
— Deborah Lyons (@DeborahLyonsSE) February 7, 2025
Le rapport de l’AMJQ a intégré plusieurs témoignages de médecins juifs de la province. Dans l’un des témoignages les plus graves, un soignant aurait été qualifié de « tueur de bébés » et de « soutien au génocide » par des collègues.
Le fléau antisémite touche également les étudiants juifs en faculté de médecine. Le quotidien La Presse a révélé que le rapport de l’AMJQ indique que 27 % des répondants issus du milieu universitaire font état de comportements antisémites graves ou intenses. L’université McGill, théâtre d’une importante mobilisation anti-Israël et pro-palestinienne depuis le 7 octobre 2023, serait surreprésentée avec 15 % des étudiants juifs interrogés affirmant avoir été victimes d’incidents antisémites, contre 9 % pour les autres universités.
De plus, 18 % des médecins interrogés auraient confié envisager de réduire la part accordée à l’enseignement dans leurs pratiques.

Le Dr. Bibas a expliqué que l’on « s’attendait à ce que plusieurs de nos membres, de nos médecins, étudiants ou résidents, aient ressenti un climat qui a complètement changé, basculé, avec le 7 octobre, avec un climat parfois discriminatoire et certains incidents francs d’antisémitisme en recrudescence ».
« Mais pour plusieurs, qui ont vécu comme moi-même toute leur vie ici, c’est un peu nouveau dans le sens où l’on n’a pas vécu dans le passé ce que l’on vit présentement. C’est vraiment du jamais vu », a-t-il toutefois nuancé.
« Nous appelons les autorités universitaires et hospitalières à agir rapidement pour instaurer un environnement de travail inclusif et exempt de haine, permettant à chaque professionnel de la santé d’exercer sa vocation dans la dignité et le respect », a-t-il appelé.