Israël en guerre - Jour 363

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Les négociateurs et Washington pessimistes quant à la conclusion d’un accord

L'accord serait "proche de zéro", Netanyahu et Sinwar ayant durci leur position ; Washington retarde la présentation d'un nouveau cadre, ne voulant pas récompenser le Hamas après les exécutions d'otages

Des manifestants réclamant un accord pour la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, rue Begin, à proximité des quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 8 septembre 2024. (Crédit : Danor Aharon/Mouvement pour la démocratie)
Des manifestants réclamant un accord pour la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, rue Begin, à proximité des quartiers généraux de l'armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 8 septembre 2024. (Crédit : Danor Aharon/Mouvement pour la démocratie)

Les chances de parvenir à un accord de libération des otages et de cessez-le-feu sur la base de la proposition israélienne de mai sont « proches de zéro » et il y a un « très large pessimisme » parmi les négociateurs israéliens, a rapporté dimanche la Douzième chaîne, citant des sources anonymes au sein de l’establishment de la sécurité israélienne.

Les États-Unis, qui avaient indiqué qu’ils prévoyaient de présenter une nouvelle proposition dans les deux ou trois prochains jours, sont désormais considérés comme peu susceptibles de le faire, a ajouté la chaîne.

Le reportage fait état d’une immense frustration parmi les négociateurs israéliens qui, selon lui, ont cru jusqu’à récemment qu’il était possible de parvenir au moins à un accord entre Israël et les médiateurs qui serait ensuite transmis au groupe terroriste palestinien du Hamas.

Mais la conférence de presse israélienne du Premier ministre Benjamin Netanyahu lundi dernier, au cours de laquelle il a insisté à maintes reprises sur le maintien du contrôle du couloir stratégique dit de « Philadelphi », qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza, – une position qui n’était pas spécifiée dans la proposition de mai approuvée par Netanyahu – a « enterré » les chances d’un tel accord. Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, aurait, en conséquence, durci ses positions, selon le reportage.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se tenant devant une carte de la bande de Gaza alors qu’il s’exprime lors d’une conférence de presse, au bureau de presse du gouvernement, à Jérusalem, le 4 septembre 2024. (Crédit : Abir Sultan/POOL/AP)

Les perspectives de progrès se sont encore un peu plus éloignées lorsque le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré dans une interview samedi soir que Philadelphi n’était pas sa seule « ligne rouge » et qu’il s’opposait également à un retrait de l’armée israélienne du corridor de Netzarim et à la libération des prisonniers palestiniens de sécurité condamnés à des peines d’emprisonnement pour meurtre. En substance, selon le reportage, la position définie par Smotrich, chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, qui est un élément crucial de la coalition Netanyahu, a « anéanti » la proposition israélienne de mai.

La Douzième chaîne a cité une source au fait des négociations disant : « Il semble que la proposition actuelle n’aboutira pas pour le moment. Il n’y a pas de perspective d’un accord progressif. »

Selon la chaîne, un négociateur israélien de haut rang a déclaré aux familles d’otages que « même la première phase » de l’accord – un cessez-le-feu de six semaines au cours duquel une trentaine de femmes, d’enfants, de personnes âgées et d’otages malades seraient libérés – n’était pas susceptible de se concrétiser pour l’instant.

« La seule façon d’avancer est de mettre fin à la guerre », aurait déclaré le négociateur, ajoutant qu’il faut « continuer à agir pour que l’opinion publique soutienne la fin de la guerre ».

Le reportage télévisé cite des sources de l’establishment de la défense qui qualifient la situation actuelle de « fatidique », également en ce qui concerne le nord, dans la mesure où l’absence d’un accord pourrait également signifier une escalade des hostilités avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, dont certains ont estimé qu’il pourrait accepter de cesser ses attaques si un accord entre Israël et le Hamas était conclu.

La Douzième chaîne a ajouté que les familles des otages ayant la double nationalité israélo-américaine ont également entendu dire que l’administration du président Joe Biden était moins optimiste qu’elle ne l’était il y a une semaine, lorsqu’on leur avait dit qu’elle travaillait dur et rapidement sur un nouveau cadre.

Ces efforts se poursuivent, mais les médiateurs américains ne veulent pas présenter de nouvelle proposition tant qu’ils ne voient pas de signes de progrès potentiels. Pour l’instant, ils exhortent les autres médiateurs, le Qatar et l’Égypte, à voir « quelles sont les limites du Hamas », précise le reportage.

Citant des responsables de la Maison Blanche, Axios a rapporté que le président américain souhaite présenter une nouvelle proposition, mais que ses principaux collaborateurs pensent qu’elle n’aboutira à rien, en raison de l’insistance de Netanyahu pour qu’Israël contrôle le corridor Philadelphi, et de l’augmentation du nombre de terroristes palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël que Sinwar exige en échange des otages.

Une infographie intitulée « Israël revendique le contrôle opérationnel sur le couloir Philadelphi, à la frontière entre Gaza et l’Égypte » créée à Ankara, en Turquie, le 30 mai 2024. (Crédit : Elmurod Usubaliev/Anadolu via Reuters)

Biden ne veut pas non plus faire de concessions qui sembleraient récompenser la récente exécution de six otages par le Hamas, ont déclaré les responsables.

Des fonctionnaires américains cités par Axios ont déclaré qu’il y avait un « pessimisme important » à la Maison Blanche après que le Hamas a exigé qu’Israël libère 100 terroristes condamnés pour meurtre à la perpétuité de plus que ce qui avait été convenu.

Un responsable a déclaré à Axios que « les gens à la Maison Blanche sont tristes, contrariés et frustrés » par l’état des négociations.

« Nous continuons à travailler, mais nous ne sommes pas sur le point de présenter quoi que ce soit dans l’immédiat », a déclaré le fonctionnaire.

« Nous sommes dans une situation difficile. »

Les otages exécutés ont lutté avec leurs assassins

Ces informations pessimistes ont été relayées alors que les médias israéliens décrivaient les conditions difficiles dans lesquelles les six otages assassinés étaient détenus et la lutte qu’ils ont menée contre leurs ravisseurs qui s’apprêtaient à les exécuter.

Selon la Douzième chaîne, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal, a informé certaines des familles des otages des derniers jours et moments vécus par leurs proches.

Les six otages ont été retenus dans un petit tunnel très étroit, de la largeur de deux personnes à peine et trop bas pour qu’ils puissent se tenir debout, a indiqué le reportage, ajoutant que l’absence de bouches d’aération rendait la respiration des otages difficile.

Cette combinaison de six photos non datées des otages, en haut à gauche, Hersh Goldberg-Polin, Ori Danino, Eden Yerushalmi ; en bas à gauche, Almog Sarusi, Alexander Lubnov, et Carmel Gat. (Crédit : Forum des familles des otages et disparus via AP)

Il n’y avait pas de toilettes ni de douches dans le tunnel, et les otages se lavaient avec les bouteilles d’eau qu’ils buvaient.

Des barres protéinées ont été trouvées dans le tunnel, mais les otages avaient très peu de nourriture et ont perdu du poids, à tel point qu’Eden ne pesait plus que 36 kg avant d’être assassinée.

Il y avait un générateur et une petite torche qui ne fonctionnait pas toujours, un jeu d’échecs, des stylos et des blocs-notes. Tsahal a remis les blocs-notes aux familles concernées, selon le reportage de la Douzième chaîne.

L’armée pense qu’ils ont été assassinés il y a une dizaine de jours – soit un jour ou deux avant que les soldats n’atteignent le tunnel, selon le reportage.

« On estime que plusieurs des six victimes se sont défendues et se sont débattues avec ceux qui leur ont tiré dessus », ajoute le reportage. (Un reportage de la Treizième chaîne a cité des résultats « médico-légaux » qui montrent que « Hersh, Ori, Alex et Almog ont défendu Eden et Carmel »).

Les otages « ont tout fait pour survivre dans des circonstances impossibles », ont déclaré, sous couvert d’anonymat, les membres d’une famille à la Douzième chaîne. « Et, à la fin, le Hamas les a assassinés. »

« Leur seule demande était que le gouvernement les sauve, et le gouvernement a échoué dans sa mission », ont-ils déclaré.

Les manifestations quotidiennes se poursuivent

Ayelen et Ilan Mengistu, respectivement le père et le frère d’Avera Mengistu, marquant sa 10e année de captivité au Hamas, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 8 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Dimanche soir, les familles des otages et leurs sympathisants ont lancé leur deuxième semaine consécutive de manifestations quotidiennes rue Begin, à Tel Aviv, devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, alors que le cabinet de sécurité devait s’y réunir.

Non loin de là, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, des militants et des familles d’otages ont marqué les dix ans de captivité d’Avera Mengistu, un civil israélien.

Avera, 37 ans, un Israélien né en Éthiopie, était entré dans la bande de Gaza de son propre chef en 2014, alors qu’il souffrait de graves problèmes de santé mentale, et avait alors été capturé par le Hamas.

Lors du rassemblement, le père d’Avera, Agarnesh Mengistu, et son frère Ilan ont pris la parole. Shirley Nesher, la soldate de surveillance qui a repéré Avera traversant la frontière vers Gaza le 7 septembre 2014 et Yaël Adar, la mère de Tamir Adar, qui a été tué le 7 octobre et dont le corps a été enlevé à Gaza, se sont également exprimées.

« Il m’est difficile d’imaginer même comment on passe dix ans dans cette situation », a déclaré Ilan Mengistu.

Les proches d’Avera Mengistu commémorent les dix ans de son enlèvement par le Hamas à Gaza, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 8 septembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Ma mère s’assoit tous les soirs pendant le journal télévisé et le scrute espérant y trouver votre photo. Elle dit : ‘Je ne comprends pas la langue, mais si je vois sa photo, je saurai qu’ils parlent de lui, qu’ils ne l’ont pas oublié.’ »

L’annonce par Tsahal, dimanche dernier, du rapatriement des corps des six otages a donné lieu à des manifestations de masse plus tard dans la journée et – samedi devant les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, rue Begin, à Tel Aviv. Ces manifestations ont rassemblé des centaines de milliers de personnes, selon les organisateurs.

Les familles des otages et leurs sympathisants ont également commencé à organiser des manifestations quotidiennes plus restreintes au même endroit, qui ont attiré chacune quelque 2 000 personnes, et qui se sont poursuivies dimanche.

Parallèlement, à Washington, plusieurs Israéliens ont manifesté devant le domicile de Mike Herzog, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, pour lui demander d’exiger publiquement la conclusion d’un accord pour les otages.

Boaz Atzili, cousin d’Aviv Atzili, dont le Hamas détient le corps à Gaza après l’avoir assassiné au kibboutz Nir Oz le 7 octobre, a participé à la manifestation.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent Atzili racontant à quelques dizaines de manifestants un incident survenu mardi, au cours duquel Herzog aurait refusé de se présenter à une veillée pour les six otages exécutés à la synagogue Adas Israël de Washington parce qu’il n’allait pas être autorisé à prendre la parole.

En réponse, les manifestants ont scandé, en hébreu, « honte » – un slogan récurrent lors des rassemblements anti-gouvernement en Israël.

On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.

La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment.

Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 37 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par l’armée.

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