Bezalel Smotrich : Le corridor Philadelphi n’est pas ma seule ligne rouge
Selon le ministre, l’anéantissement du Hamas et le retour des otages "ne sont pas des objectifs contradictoires" ; il juge les conditions proposées par Netanyahu dangereuses pour Israël
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré dans une interview télévisée samedi qu’il s’opposait à l’accord de « trêve contre libération d’otages » même s’il prévoyait le maintien d’une présence israélienne le long du couloir stratégique dit de « Philadelphi », qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza.
Il a également affirmé que même les conditions approuvées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu contrecarreraient les objectifs de guerre déclarés d’Israël, à savoir la destruction du groupe terroriste palestinien du Hamas et le retour de tous les otages.
Dans l’interview accordée à la Douzième chaîne, Smotrich, chef du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, n’a pas affirmé de manière catégorique qu’il quitterait la coalition si un tel accord était conclu, mais il a fait remarquer que Netanyahu « connaît très bien ma position ».
Il a déclaré avoir tenu de multiples réunions avec les familles des otages, y compris avec les parents de Hersh Goldberg-Polin, l’un des six otages brutalement assassinés par leurs ravisseurs du Hamas le 31 août, et a fermement rejeté l’idée selon laquelle la pression militaire de Tsahal est contre-productive pour parvenir à la libération des otages.
La destruction du Hamas et le retour des otages « ne sont pas des objectifs contradictoires », a-t-il déclaré.
Smotrich a rappelé qu’il demandait depuis janvier qu’Israël prenne en charge l’aide humanitaire à Gaza, et a déclaré qu’il pensait que Netanyahu « parvenait à imposer » cette demande à l’armée. Ce processus, qui prive le Hamas de ses capacités de gouvernance civile, « créera une alternative au Hamas » et augmentera les chances d’un « accord acceptable pour Israël », a-t-il estimé.
Il a précisé qu’il recherchait « un accord de reddition », mais « pas un accord où nous capitulons » en quittant Gaza et en libérant « des centaines d’assassins qui retourneront tuer des Juifs ».
Il souhaite plutôt un « accord de reddition dans lequel le Hamas rendrait ses armes [et] serait expulsé de Gaza… ». Cela permettrait, selon lui, de réhabiliter une bande de Gaza démilitarisée.
Smotrich a déjà clairement indiqué qu’il était favorable à un retour à un contrôle total de la bande de Gaza par Israël et au rétablissement d’implantations juives dans cette région.
Interrogé sur le fait qu’il s’opposait aux conditions posées par Netanyahu pour un accord, Smotrich a indiqué qu’il s’opposait à toute négociation avec le Hamas et que la seule façon de traiter avec le groupe terroriste palestinien était d’exercer une pression militaire.
« Si, dès le premier jour, Israël avait refusé toute négociation, nous aurions gagné et récupéré les otages », a-t-il déclaré.
« Je veux vraiment récupérer les otages, mais je ne veux pas de suicide collectif […] Le retour des otages ne doit en aucun cas mettre en péril l’existence d’Israël », a-t-il affirmé.
Pressé de dire si la proposition actualisée de Netanyahu est dangereuse, Smotrich a exclu un accord impliquant le retrait total de Tsahal de Gaza, a déclaré que le maintien de Tsahal le long du corridor Philadelphi est « un minimum » et a affirmé que l’histoire montre que la libération de centaines d’assassins – des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël – est dangereuse.
De nouveau interrogé sur les conditions proposées par Netanyahu, il a déclaré : « Cet accord n’est pas bon pour Israël. Il ne sera pas bon pour la sécurité et ne permettra pas le retour des otages ».
« Si certains otages reviennent, les autres sont condamnés à mort. »
Smotrich a déclaré que la guerre « doit se terminer par la destruction absolue du Hamas », et que cela a des implications vitales pour le nord et pour l’Iran.
Reconnaissant que ses positions ne sont pas toujours acceptées par le gouvernement, il a déclaré : « Mes lignes rouges ne concernent pas seulement Philadelphi » et que le retrait du corridor de Netzarim, qui traverse le centre de Gaza, « serait également terrible » parce que le Hamas serait en mesure de se réarmer et de se reconstituer dans le nord de la bande de Gaza. Il a ajouté que Tsahal avait laissé de grandes quantités d’armes dans le nord de la bande de Gaza, qui pourraient être utilisées contre les soldats s’ils devaient y revenir.
Smotrich a déclaré qu’une guerre est essentielle dans le nord « parce que nous devons vaincre le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah et ramener les résidents du nord dans leurs maisons. »
Il n’y a « aucune chance » de parvenir à un arrangement diplomatique satisfaisant.
Tsahal devrait rester à Gaza mais recentrer l’essentiel de ses efforts sur le nord, selon Smotrich, et veiller à ce que le Hezbollah et ses infrastructures soient repoussés au nord du fleuve Litani.
En ce qui concerne l’opposition déclarée du ministre de la Défense Yoav Gallant à certains aspects essentiels de la politique de guerre de la coalition, il a déclaré que les opinions multiples lors des discussions au sein du cabinet sont importantes et tout à fait légitimes, mais que lorsqu’une décision est prise, il doit y avoir une responsabilité collective.