Les noms de Noam Chomsky et Ehud Barak figurent sur l’agenda de Jeffrey Epstein
Woody Allen et Leon Botstein, ancien doyen du Bard College, ont également rencontré le financier en disgrâce, bien qu'il n'y ait aucune preuve d'un quelconque méfait de leur part
JTA – L’éminent linguiste et critique d’Israël Noam Chomsky, le président de longue date du Bard College Leon Botstein, le cinéaste Woody Allen et l’ancien Premier ministre Ehud Barak figurent parmi les noms des personnalités répertoriées dans l’agenda personnel du financier en disgrâce et agresseur sexuel d’enfants Jeffrey Epstein, découvert dernièrement.
Certains de ces noms avaient déjà été liés à Epstein, un donateur juif extrêmement influent qui a utilisé ses privilèges pour dissimuler ce que les enquêteurs ont découvert il y a plusieurs années : un réseau complexe de trafic sexuel de mineurs. Epstein a rencontré des milliers de personnes au cours de sa carrière et la présence de leurs noms ne constitue pas en soi une preuve de méfaits.
Mais les documents relatifs à l’emploi du temps révélés hier par le Wall Street Journal indiquent que certaines personnalités déjà connues pour être dans son entourage ont eu des réunions plus fréquentes avec lui que ce qui avait été initialement révélé dans le « livre noir » des contacts personnels d’Epstein, ou dans ses carnets de vol. Ils révèlent également que certaines personnalités dont on ignorait jusqu’à présent qu’elles avaient des liens avec Epstein le rencontraient en réalité régulièrement.
La mort d’Epstein en prison en 2019 a été considérée comme un suicide, mais elle s’est déroulée dans des circonstances mystérieuses qui ont conduit certains à remettre en question la thèse du suicide. À l’époque, il attendait son procès pour trafic sexuel à la suite d’une enquête du Miami Herald qui a mis au jour son réseau d’abus sexuels et ses relations très médiatisées.
Les rendez-vous révélés dans l’article du Wall Street Journal ont tous eu lieu des années après l’arrestation initiale d’Epstein pour crimes sexuels en 2008. Parmi les rendez-vous les plus notables : une réunion en 2015 avec Chomsky, un critique de longue date d’Israël, et Barak, dont la relation avec Epstein a fait l’objet d’un examen minutieux au fil des ans.
Epstein avait organisé la rencontre entre Chomsky et Barak pour discuter « des politiques d’Israël concernant les questions palestiniennes et l’arène internationale », a déclaré Chomsky au Wall Street Journal.
« Je le connaissais et nous nous sommes rencontrés occasionnellement », a également déclaré Chomsky à propos d’Epstein. Les deux hommes avaient prévu plusieurs rencontres entre 2015 et 2016, notamment un dîner entre eux, Woody Allen et sa belle-fille devenue sa femme, Soon-Yi Previn, ainsi qu’une autre rencontre avec un ancien doyen de l’université de Harvard.
L’agenda d’Epstein comporte d’autres réunions avec Barak, comme celle à laquelle participait également un cadre du cabinet de conseil de l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger.
Botstein, quant à lui, avait programmé des dizaines de réunions avec Epstein pour discuter du soutien apporté par le financier à divers programmes du Bard. Bien qu’Epstein ait parfois fait des dons au Bard College, Botstein a décrit leur relation au Wall Street Journal comme du « sadisme de sa part » parce qu’Epstein faisait souvent miroiter un soutien philanthropique qu’il ne s’engageait pas à fournir.
Les liens entre Chomsky et Epstein n’avaient pas été signalés auparavant. Botstein a parlé à la presse dans le passé des dons d’Epstein au Bard College, mais l’étendue des relations personnelles entre les deux hommes n’avait pas été révélée auparavant.
La relation d’Allen avec Epstein a également été révélée.
Chomsky et Botstein ont tous deux défendu leur décision de continuer à rencontrer Epstein après ses premières condamnations pour trafic sexuel, Chomsky affirmant que le temps passé en prison par Epstein indiquait une « ardoise propre » et Botstein invoquant le passif du Bard en matière de soutien aux programmes de réhabilitation des prisonniers.
Epstein a également eu plus d’une douzaine de réunions avec Ariane de Rothschild, directrice-générale du groupe Rothschild de banquiers juifs suisses, qui s’était mariée avec Benjamin de Rothschild – rejoignant ainsi la famille – et présidente de la société à l’époque. Mme de Rothschild elle-même n’est pas juive, mais la famille est depuis des dizaines d’années la cible privilégiée des théories du complot antisémites.