Les prêtres du Temple qui ont fui les Romains ont-ils pratiqué les rituels saints en Galilée ?
Après sept ans de fouilles à Magdala, quatre bains rituels rares et une pierre sculptée unique soulignent l'importance de la ville de pêcheurs pour la classe sacerdotale
La ville natale de la pécheresse la plus connue du Nouveau Testament a peut-être été le siège d’une des familles sacerdotales qui a fui Jérusalem vers la Galilée après la chute du Second Temple qui est tombé entre les mains des Romains.
De nombreuses et récentes découvertes à Magdala – la ville de la disciple de Jésus, Marie-Madeleine (qui a récemment été célébrée par les Catholiques lors de sa fête le 22 juillet) et de l’historien juif Joseph Flavius - indiquent l’existence d’une culture sacerdotale bien établie qui font écho à la culture sacerdotale de la Jérusalem antique.
La question que les experts étudient maintenant est de savoir exactement dans quelle mesure les prêtres qui ont fui le Temple ont emmené leur pratique avec eux.
En 2009, l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI) a commencé à récupérer et à diriger les fouilles du site archéologique avant la construction d’un centre de recherche et d’un hôtel et a trouvé une synagogue antique, fait extrêmement rare.
Comme cela a été précisé dans un article datant de mai 2017 dans la Revue d’archéologie biblique (Bar), cette synagogue est « l’une des seules huit synagogues identifiées jusqu’alors en Israël datant du premier siècle de notre ère, elle nous a fourni une splendide découverte : la pierre de Magdala, une table de lecture de la Torah sculptée en pierre avec des reliefs représentant une menorah à sept ramifications et peut-être le temple de Jérusalem ».
La pierre, qui aurait été sculptée à partir de la description d’un témoin oculaire qui aurait vu le Temple et le Saint des Saints, est considérée comme l’une des découvertes archéologiques les plus impressionnantes du dernier demi-siècle en Israël.
En plus de la représentation de la menorah, la pierre sculptée de Magdala a également quatre protubérances en forme de corne qui rappellent les cornes des autels sacrificiels.
Selon les experts, c’est un autre lien entre le site et le « culte du temple » contemporain à Jérusalem. La pierre a récemment été exposée à Rome dans le cadre de l’exposition « Menorah : culte, histoire, et égende » mise en place en coopération entre le musée juif de la ville et le Vatican.
En sept ans de fouilles intensives sous la houlette de l’archéologue mexicaine Marcela Zapata-Meza, le site antique de Magdala a également révélé quatre bains rituels (mikva) « qui ont un contexte archéologique similaire à celui de la résidence sacerdotale découverte dans le quartier hérodien de Jérusalem », selon À Zapata-Meza.
Jusqu’à présent, en plus des bains rituels et de la synagogue antique, l’équipe de Zapata-Meza a découvert à Magdala un marché, des piscines, des mosaïques, quelque 2 400 pièces de monnaie, une zone domestique pour les personnes fortunées, un quai et un port.
D’autres découvertes démontrent la pratique de rites sacerdotaux ressemblant à celles du Temple et qui incluent des contenant en pierre de craie qui ont été utilisés pour conserver l’eau purifiée nécessaire à des fins rituelles, des lampes à huile comme celles utilisées par les prêtres à Jérusalem et une pelle qui est une copie exacte de celles utilisées pour ramasser les cendres d’encens de braise au Temple, a déclaré Zapata-Meza, chercheuse à l’université Anáhuac México.
« Les lampes à huile sont associées à l’élite et au Temple de Jérusalem – nous les voyons sculptés sur la pierre de Magdala aussi », a indiqué Zapata-Meza.
Alors que la vie juive à Jérusalem devenait de plus en plus intenable sous l’invasion romaine, on a supposé que les classes sacerdotales ont quitté la ville pour la Galilée.
« Dans ce contexte, nous pourrions imaginer que certains de ces groupes qui ont migré vers le nord, loin de l’occupation romaine dominante, ont cherché un lieu pour respecter leurs lois et leurs traditions, comme Magdala », a supposé Zapata-Meza.
Cette théorie des prêtres qui ont fui vers la Galilée a un soutien traditionnel et archéologique.
« Théoriquement, il est possible de relier les bains rituels ou les contenants en pierre trouvés dans divers sites en Galilée avec des prêtres qui résidaient dans ces lieux après les années 70 de notre ère », a écrit le professeur de l’université hébraïque Zeev Weiss dans un essai datant de 2012. Il existe des registres certifiant que certains prêtres sont des rabbins, et même aujourd’hui, il existe des rôles spéciaux pour les Cohanim (prêtres) dans les services à la synagogue.
Cependant, Weiss a contesté l’idée que les classes sacerdotales seraient les seules qui préservaient la pureté rituelle dans leurs nouvelles maisons en dehors de Jérusalem.
À la lumière de ses découvertes à Magdala, Zapata-Meza explore plus profondément les relations sociales et religieuses entre Magdala et Jérusalem pendant la période du Second Temple, en particulier la poursuite éventuelle des pratiques du Temple en dehors du mont du Temple. Elle et le conservateur du Santuaire du Livre, le docteur Adolfo Roitman, rédigent actuellement un livre qui devrait être publié en 2018.
Où le « pêcheur des hommes » a rencontré sa fidèle disciple
Appelé Taricheae dans les textes grecs anciens, il y a 2 000 ans Magdala était une ville prospère vivant de la pêche et du commerce le long des rives de la mer de Galilée. Pour Jésus et ses disciples, la pêche était une pierre angulaire pour les métaphores religieuses. Durant l’époque de Marie-Madeleine et avant sa destruction en 67 de notre ère, la population de Magdala était d’environ 30 000 habitants, selon Joseph Flavius, qui était à cette époque le gouverneur de la région.
Dans son livre « Guerre juive », Joseph Flavius parle de Titus « sautant sur son cheval » et au-dessus de l’eau pour conquérir la ville alors que les « rebelles » embarquaient dans les bateaux et s’enfuyaient. (Fait intéressant, le Talmud décrit la chute de Magdala en raison de la « dépravation morale » de ses habitants).
Magdala se trouve à plusieurs égards à la croisée des chemins entre l’histoire juive, romaine et chrétienne, il y a 2 000 ans. Bien que quelque 800 bains rituels anciens aient été découverts en Israël, les quatre découverts à Magdala sont les seuls trouvés dans les « villes non-juives », a écrit Zapata-Meza dans un article publié dans la revue BAR en 2017. En outre, elle a écrit que la plupart des résidents juifs dans les villes entourant la mer de Galilée auraient probablement utilisé le lac pour la purification rituelle.
Les bains rituels de Magdala étaient uniquement remplis d’eaux souterraines, d’eaux de pluie ou collectées par d’autres systèmes naturels. Selon Zapata-Meza, cette plomberie sophistiquée « est une preuve de plus que Magdala était à l’avant-garde du commerce régional et de la culture au premier siècle ».
Bref, une ville parfaite pour un prêtre.
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