Israël en guerre - Jour 526

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Les propos de Trump sur Gaza éloignent la perspective d’une normalisation israélo-saoudienne – analystes

l'Arabie saoudite devra trouver un équilibre délicat entre sa relation avec les Etats-Unis et son propre intérêt régional, explique un chercheur à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour

Des passants devant un panneau d'affichage électronique qui montre le président américain Donald Trump, à gauche, serrant la main du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avec un texte qui dit : « Nous sommes prêts », à Tel Aviv, le 3 février 2025. (Crédit : Ariel Schalit/AP)
Des passants devant un panneau d'affichage électronique qui montre le président américain Donald Trump, à gauche, serrant la main du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avec un texte qui dit : « Nous sommes prêts », à Tel Aviv, le 3 février 2025. (Crédit : Ariel Schalit/AP)

Les annonces de Donald Trump sur Gaza éloignent la perspective d’une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, qui devra ménager Washington tout en veillant à préserver ses intérêts dans la région, soulignent des experts.

M. Trump a affirmé mardi que « les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza » et répété que ses plus de deux millions d’habitants pouvaient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie voisines, qui ont catégoriquement rejeté cette option.

« S’il en fait sa politique, il ferme la porte à une reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite », affirme à l’AFP James Dorsey, chercheur à l’Institut du Moyen-Orient de l’Université nationale de Singapour.

Le président américain s’est exprimé après une rencontre à Washington avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a avancé lui qu’un accord allait « se faire » avec l’Arabie saoudite.

Netanyahu, partisan de longue date de la normalisation saoudienne, a applaudi la proposition de Trump en tant que solution pour Gaza au lendemain de la guerre qui y a été déclenchée lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué quelque 1 200 personnes et pris 251 personnes en otage.

Mais pour Anna Jacobs, de l’International Crisis Group, l’approche de M. Trump « ne fait que rendre la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël encore plus difficile ».

Le président américain Donald Trump, à droite, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 4 février 2025, à Washington. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds / AFP)

La diplomatie saoudienne a en effet vivement réagi, en disant écarter toute normalisation sans la création d’un Etat palestinien, et qualifiant sa position d' »inébranlable ».

Elle a également réaffirmé « son rejet catégorique » de tout « déplacement forcé des Palestiniens », dans un communiqué publié très peu de temps après les déclarations mardi de M. Trump.

« Une rapidité inhabituelle pour l’Arabie saoudite qui souligne la gravité avec laquelle ils prennent cette question », estime M. Dorsey.

Les annonces du président américain ont déclenché un tollé dans la communauté internationale, l’ONU mettant en garde contre un « nettoyage ethnique » dans le territoire palestinien.

L’administration Trump s’est efforcée ensuite de nuancer en assurant que tout transfert des Palestiniens de Gaza serait temporaire.

« Dernier levier »

Si M. Trump mettait ses plans à exécution, il risquerait de « déstabiliser la région et alimenter le sentiment anti-américain, en particulier en Arabie saoudite », où la population est largement solidaire de la cause palestinienne, décrypte Anna Jacobs.

Le royaume avait entamé en 2020 des négociations en vue d’un rapprochement avec Israël en échange notamment d’un pacte de défense avec Washington et d’une assistance américaine pour un programme nucléaire civil.

La première économie du monde arabe avait toutefois suspendu les pourparlers après le début de la guerre contre Hamas.

La puissante monarchie du Golfe « n’est pas un Etat vassal des Etats-Unis », affirme Andreas Krieg du King’s College de Londres. « Les Saoudiens ne se contenteront pas de suivre les diktats de Trump, ils resteront fermes sur leurs positions, prêts à négocier sur certains points, mais avec des lignes rouges ».

« Personne en Arabie saoudite n’a intérêt à brader la cause de l’Etat palestinien. C’est le dernier et le plus important levier dont disposent les Saoudiens en termes d’autorité et de légitimité dans le monde arabe et musulman. C’est un atout essentiel qu’ils ne peuvent pas simplement abandonner », estime-t-il.

Des Palestiniens marchent dans les destructions causées par l’offensive militaire d’Israël contre le Hamas à Jabaliya, dans la bande de Gaza, le 6 février 2025. (Crédit : Abdel Kareem Hana/AP)

« Risques majeurs »

Toutefois, tempère M. Dorsey, l’Arabie saoudite devra trouver un équilibre délicat entre sa relation avec les Etats-Unis et son propre intérêt régional : « en matière de sécurité, l’Arabie saoudite n’a personne qu’elle peut solliciter sauf Washington », notamment pour l’achat d’armes. La Chine « n’est ni disposée ni capable (de l’aider) et après l’Ukraine, peut-on compter sur la Russie ? », ajoute-t-il.

Mais la stabilité régionale est aussi essentielle pour l’ambitieux projet de transformation économique « Vision 2030 » du prince héritier et dirigeant de facto d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Le président américain Donald Trump montre un tableau mettant en évidence les ventes d’armes à l’Arabie saoudite lors d’une réunion avec le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 20 mars 2018. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Si les habitants de Gaza sont déplacés en Egypte et en Jordanie, cela « fragilisera deux pays essentiels à la stabilité régionale et particulièrement à la sécurité de l’Arabie saoudite », risquant d’éloigner de potentiels investisseurs et touristes du pays, affirme le chercheur saoudien Aziz Alghashian.

« Le plan de Trump, associé à l’approche de Netanyahu, représente des risques majeurs pour l’Arabie saoudite. Cela souligne qu’ils ne sont pas de véritables partenaires pour la paix aux yeux de Ryad, surtout Netanyahu, qui semble vouloir tous les avantages sans faire de concessions ».

Autant de facteurs qui poussent Ryad, premier exportateur de brut mondial, à une approche prudente : « l’Arabie saoudite ne devrait pas prendre de mesures majeures pour l’instant. Bien qu’elle dispose d’un levier important sur les Etats-Unis, notamment dans le secteur de l’énergie, elle ne semble pas prête à l’utiliser à ce stade », affirme M. Krieg.

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