Israël en guerre - Jour 527

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Les remparts de la Vieille Ville à Jérusalem vous font voyager dans le temps

Récemment ouverts au public, ils livrent un panorama saisissant de l'histoire de la capitale, depuis ses conquérants romains et ottomans jusqu'à aujourd'hui

  • Un visiteur sur la nouvelle section de remparts ouverte au public dans la Vieille ville de Jérusalem (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Un visiteur sur la nouvelle section de remparts ouverte au public dans la Vieille ville de Jérusalem (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Suleiman Street et Saladin street à Jérusalem-Est depuis les murs de la Vieille Ville (Crédit :  Shmuel Bar-Am)
    Suleiman Street et Saladin street à Jérusalem-Est depuis les murs de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Le quartier de Musrara, à Jérusalem-Est, et la place devant la porte de Damas, dans la Vieille ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Le quartier de Musrara, à Jérusalem-Est, et la place devant la porte de Damas, dans la Vieille ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Une vue du quartier musulman dans la Vieille Ville avec le Dôme du rocher en arrière-fond (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Une vue du quartier musulman dans la Vieille Ville avec le Dôme du rocher en arrière-fond (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Jérusalem-Est devant la porte de Damas, depuis les remparts des murs de la Vieille ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Jérusalem-Est devant la porte de Damas, depuis les remparts des murs de la Vieille ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • L'entrée dans la Vieille Ville depuis la porte des Tribus - là où les parachutistes israéliens étaient entrés dans la Vieille Ville lors de la guerre des Six jours de 1967 (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    L'entrée dans la Vieille Ville depuis la porte des Tribus - là où les parachutistes israéliens étaient entrés dans la Vieille Ville lors de la guerre des Six jours de 1967 (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Une marque gravée par un tailleur de pierres dans les murs de la Vieille Ville (Crédit :  Shmuel Bar-Am)
    Une marque gravée par un tailleur de pierres dans les murs de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • La place romaine, construite au début du 2è siècle par l'emprereur romain Hadrien Augustus. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    La place romaine, construite au début du 2è siècle par l'emprereur romain Hadrien Augustus. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Une tour qui autrefois accueillait des soldats romains, construite avec des pierres datant de l'époque du roi Hérode (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Une tour qui autrefois accueillait des soldats romains, construite avec des pierres datant de l'époque du roi Hérode (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Un parc dans le quartier musulman de la Vieille Ville vu depuis les remparts de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Un parc dans le quartier musulman de la Vieille Ville vu depuis les remparts de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Le bâtiment de la Colonie américaine qui avait accueilli le général britannique Charles George Gordon en 1883. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Le bâtiment de la Colonie américaine qui avait accueilli le général britannique Charles George Gordon en 1883. (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Une guide touristique nous montre les décorations anciennes gravées dans les murs des remparts de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Une guide touristique nous montre les décorations anciennes gravées dans les murs des remparts de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)
  • Une porte de l'époque romaine construite par Hadrien Augustus au 2è siècle et située bien en-dessous du niveau de la rue, à gauche de la porte de Damas, qui date de l'ère ottomane (Crédit : Shmuel Bar-Am)
    Une porte de l'époque romaine construite par Hadrien Augustus au 2è siècle et située bien en-dessous du niveau de la rue, à gauche de la porte de Damas, qui date de l'ère ottomane (Crédit : Shmuel Bar-Am)

Le général Charles George Gordon était un pieux chrétien qui étudiait la Bible avec avidité. En 1883, quatre ans avant qu’il ne soit tué à Khartoum alors qu’il défendait le conclave égypto-britannique face aux rebelles soudanais, il s’était retiré à Jérusalem durant une longue période. Il avait logé à la Colonie américaine – une société chrétienne profondément religieuse venue de Chicago qui se consacrait aux bonnes œuvres. Ses membres étaient hébergés dans un bâtiment dont la partie supérieure dominait alors les murs de la Vieille Ville.

Un jour, alors qu’il se détendait sous le porche et regardait vers le nord, ses yeux se sont arrêtés sur un cimetière musulman, perché au sommet d’une falaise. Et directement en dessous, sur une butte rocailleuse, apparaissaient deux grottes. Sous la lumière de cette fin d’après-midi, la falaise et ses « yeux » béants avaient paru ressembler à un crâne humain, et Charles George Gordon avait alors eu la conviction de se trouver face au Golgotha (Calvaire), le site de la crucifixion de Jésus décrit dans les évangiles : « Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha » (Jean, 19:17).

La semaine dernière, nous avons fait une promenade extraordinaire sur les remparts du nord et de l’est – de vastes passerelles qui dominent les murs de la Vieille Ville. Quelque part entre la porte de Damas et la porte de Hérode (Fleur) – une partie des remparts que les visiteurs ne sont pas souvent amenés à traverser – nous nous sommes retrouvés face au bâtiment de la Colonie américaine, à partir duquel le général britannique avait fait sa découverte historique. Et de l’autre côté de la rue Suleiman — une douve qui avait été creusée il y a plus de mille ans – nous avons discerné, nous aussi, ce que lui avait vu : la noirceur béante des grottes, qui donne l’impression d’un crâne.

Gura Berger, porte-parole de la Compagnie de développement de Jérusalem-Est (PAMI), nous a accompagnés. Elle nous a amenés à la porte des Fleurs et à celle des Lions qui sont restées fermées pendant des années au public, les marches et les balustrades ne répondant pas aux critères de sécurité. Récemment renforcés et réparés, ces itinéraires viennent tout juste d’être ouverts aux visiteurs et offrent toutes sortes de points de vue surprenants.

Nous avons commencé notre balade sur la Place romaine, sous la porte de Damas – un site lui aussi de nouveau accessible au public grâce à la PAMI et au ministère de Jérusalem et du patrimoine.

Le site de Jérusalem que le général Charles George Gordon avait identifié comme étant le Golgotha, où Jésus avait été crucifié (Crédit : Shmuel Bar-Am)

La porte de Damas, comme nous le savons aujourd’hui, a été construite par le sultan turc Soliman le Magnifique lorsqu’il a restauré les murs de Jérusalem, au 16e siècle. Les ouvriers de Soliman avaient érigé la porte au-dessus d’une entrée antérieure qui permettait d’accéder à la ville, arche triomphale et magnifique construite au début du second siècle par l’empereur romain Hadrien.

Conçu pour faire l’étalage de la victoire de son armée face aux rebelles juifs pendant la révolte de Bar Kochba, qui avait duré trois ans, ce porche du vainqueur consistait en une fabuleuse arche centrale de plus de 40 mètres de large et de 20 mètres de haut. Elle avait été flanquée de deux ouvertures ornementales et de deux tours massives.

A l’époque romaine, les portes menaient à une place appelée Place romaine, d’une envergure impressionnante et dont la caractéristique centrale était une colonne de presque 22 mètres de haut utilisée comme point zéro pour mesurer les distances séparant les autres villes de Jérusalem. Une statue de Hadrien couronnait l’ouvrage pour rappeler à tous que c’était bien lui qui avait triomphé lors de la révolte des Juifs. C’est cette colonne qui avait donné à la porte son nom arabe : Bab el Amud, soit la porte du Pilier.

La place romaine a été construite au début du 2e siècle par l’empereur romain Hadrien. (Crédit : Shmuel Bar-Am)

Heureusement, l’une des portes latérales de Hadrien – plus modeste – a été remarquablement bien préservée, située bien en deçà du niveau de la rue, à la gauche de la porte de Damas de Soliman.

Alors que Gura Berger nous a fait franchir la porte, nous amenant à la place située en dessous, elle nous a montré des pierres de l’époque de Hérode (l’ère du Second temple) qui avaient été réutilisées pour les constructions de Hadrien. Ce sont de larges blocs rectangulaires, présentant des portions centrales saillantes, aux bords étroits et ciselés uniformément. Ces pierres sont à découvrir sur la porte, sur les murs de la tour adjacente et sur les remparts, aux côtés d’autres décorations qui, autrefois, ornaient avec grâce les constructions antiques.

Statue de bronze de l’empereur Hadrien du British Museum, prêtée lors d’une exposition du musée d’Israël, le 22 décembre 2015 (Crédit :Moti Tufeld)

Le sol de la Place romaine est constitué des roches romaines originales, dans lesquelles des rainures ont été creusées pour éviter aux chariots et aux charrettes de glisser. Gravé à un endroit, sur le sol, un jeu de plateau original, vieux de 2 000 ans, qui était probablement utilisé par les soldats romains stationnés dans la tour pour échapper à l’ennui.

Pour arriver à notre section des remparts, nous avons gravi les mêmes marches que devaient emprunter les soldats, aboutissant à une extension de la tour probablement ajoutée par les Turcs.

Depuis ce poste d’observation, la vue est époustouflante – s’étendant des toits rouges de Musrara aux centres commerciaux de Jérusalem-Est. Contrastant parmi les magasins construits par les Arabes, les somptueux bâtiments européens qui avaient été construits au 19e siècle – comme la chambre d’hôtes catholique Schmidt, qui accueille aujourd’hui l’Association allemande pour la terre sainte.

Des visiteurs sur les remparts de la Vieille Ville (Crédit : Shmuel Bar-Am)

Là où d’autres segments des remparts bordent les quartiers juif, arménien et chrétien, cette section ne suit que le quartier musulman, extraordinairement encombré. Et nul besoin de se demander quelle est la raison de cette congestion : la superficie de la ville entière qui se trouve entre les murs ne fait qu’un kilomètre-carré, le quartier musulman représentant un tiers de la zone et accueillant 30 000 habitants – soit les trois quarts de la population totale.

Passé les fils électriques, les antennes et les chauffe-eaux solaires, nous sommes néanmoins récompensés par un panorama unique qui embrasse les trois confessions monothéistes. On peut ainsi voir à distance le Dôme du rocher musulman sur le mont du Temple, la Synagogue Hurva, haute, restaurée, et deux larges dômes de l’église du Saint-Sépulcre.

Les paysages changent rapidement. En contrebas, des écoles, un hôtel qui n’accueille que des pèlerins musulmans venus d’Inde et de larges espaces ouverts avec des terrains de sport verdoyants, de beaux parcs et des aires de jeu modernes.

Seul le sommet du bâtiment où le général Gordon avait logé peut être aperçu depuis le trottoir. Mais en le regardant de près, deux caractéristiques de la façade sautent aux yeux : des crochets d’une largeur extrême et un élément architectural commun au Moyen-Orient et connu sous le nom de « kizan ». Les « kizan » sont des tuyaux creux en argile, ancrés dans du ciment ou dans du béton sur la balustrade supérieure d’un bâtiment. Dans l’idéal, ils offrent aux résidents de l’air frais et le souffle du vent.

Les crochets, sur les murs extérieurs, auront été probablement rajoutés pour renforcer la structure après le tremblement de terre qui avait touché Jérusalem en 1834. Même s’il n’avait duré que quelques secondes, le séisme avait été intense : une partie des murs de la ville, aux abords du Dôme du rocher, s’étaient écroulés, ainsi que plusieurs minarets de Jérusalem. De vastes demeures avaient également été endommagées par le tremblement de terre qui avait aussi été à l’origine de fissures sur l’un des dômes de l’église du Saint-Sépulcre.

Une fois la porte de Hérode franchie, nous avons marché sur la section des remparts récemment ouverte. De là, nous avons eu le plaisir de découvrir une vue panoramique débutant dans la rue Saladin et révélant, au loin, la Colline française, l’Université hébraïque sur le mont Scopus, l’éblouissant musée Rockfeller, la tentaculaire université Brigham Young Mormon, et le complexe Augusta Victoria, situé sur le mont des Oliviers.

Une vue de Jérusalem aux abords des murs de la Vieille Ville, depuis les remparts (Crédit : Shmuel Bar-Am)

Avant de nous diriger vers la porte des Lions, nous nous sommes arrêtés un moment à la tour des Cigognes, située à l’angle nord-est du mur. Personne ne sait exactement quelle est l’origine de ce nom mais Gura Berger nous a fourni une explication plutôt inhabituelle. Il semblerait que, pour une raison obscure, les Turcs ottomans aient souhaité rendre hommage à Godefroy de Bouillon, premier gouvernant du royaume croisé de Jérusalem.

Selon la légende médiévale, un ancêtre du gouverneur avait réquisitionné une embarcation tirée par un cygne pour sauver une jeune femme en détresse. Godefroy de Bouillon avait alors été associé aux cygnes – mais ces derniers ne constituent pas une espèce endémique en Israël. Toutefois, dans la mesure où les cygnes ressemblent vaguement aux cigognes qui survolent Jérusalem en horde pendant leurs migrations, les Turcs avaient appelé choisi le nom de tour des Cigognes – soit, en arabe, Burj al Laklaq.

Un gribouillage excessivement inhabituel a été gravé dans le mur du rempart. C’est la marque d’un tailleur de pierres – le seul en son genre que notre guide n’a jamais vu sur les remparts.

La porte des Tribus, qui mène au mont du Temple, se trouve juste à l’intérieur et à gauche de la porte des Lions – c’est là que nous avons quitté les remparts. C’est à travers la porte des Tribus que les parachutistes étaient entrés pendant la guerre des Six Jours de 1967, étaient montés au mont du Temple et avaient déployé le drapeau israélien au-dessus du mur Occidental.

A noter : la plus grande partie des remparts sont assez faciles à traverser. Cette promenade particulière exige toutefois de monter et de descendre des dizaines de marches et est difficile pour les genoux fragiles.

Les tickets pour accéder à la Place romaine coûtent 10 shekels. Le forfait de deux jours pour la Place et tous les remparts coûte 20 shekels.

Aviva Bar-Am est l’autrice de sept guides anglophones sur Israël.

Shmuel Bar-Am est un guide touristique agréé, qui organise des visites privées et personnalisées, qu’elles soient individuelles, familiales ou réunissant de petits groupes.

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