Ryad : l’accord avec l’Iran provoquera une course à l’armement nucléaire
Un haut responsable déclare que les négociations risquent d' « ouvrir une porte » à l'enrichissement d'uranium à travers la région

Un membre de la famille royale saoudienne a averti lundi qu’un accord qui laisserait l’Iran avec la capacité d’enrichir l’uranium pourrait déclencher une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient, une perspective qui, selon les analystes, déstabilisera davantage cette région déjà bien instable.
Dans une interview à la BBC, le prince Turki bin Faisal al-Saud, un ancien directeur du renseignement saoudien et ancien ambassadeur aux États-Unis, a également averti que le comportement agressif de Téhéran doit être bridé – nonobstant le résultat des négociations en cours – parce qu’il menace la paix au Moyen-Orient.
Turki a déclaré que le résultat des négociations avec les puissances mondiales qui se déroule actuellement sera que Ryad et d’autres capitales de la région chercheront à disposer des mêmes droits que l’Iran à enrichir de l’uranium.
« J’ai toujours affirmé que tout ce qui ressort de ces entretiens, nous voulons la même chose. Donc, si l’Iran a la capacité d’enrichir l’uranium à n’importe quel niveau, il n’y a pas que l’Arabie saoudite qui va le demander », souligne Turki.
« Le monde entier s’engouffrera dans cette voie sans aucune retenue, et c’est ma principale objection à ce processus des P5 + 1 », a-t-il conclu.
Les principaux responsables saoudiens et israéliens ont averti à plusieurs reprises que l’Iran développe des armes nucléaires pour affirmer son hégémonie sur la région – une affirmation démentie par Téhéran qui prétend que son programme nucléaire est destiné uniquement à des fins pacifiques.
L’Iran et les P5 + 1 – les Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – sont actuellement engagés dans des négociations vers un assouplissement des sanctions économiques vis-à-vis de la République islamique en échange d’un compromis sur son programme nucléaire controversé.
Les diplomates espèrent arriver à un accord avec Téhéran avant le 31 mars, et peaufiner les détails d’ici le 1er juillet.
Alors que le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, devrait reprendre lundi en Suisse les discussions avec ses homologues des six puissances, des diplomates de haut-rang ont indiqué qu’un accord pourrait être conclu dans quelques jours.
Selon certaines sources, l’accord émergent forcerait l’Iran à geler sa course vers l’arme nucléaire pendant au moins 10 ans en échange de l’allègement des sanctions, après quoi les restrictions seraient entièrement levées.
Les responsables saoudiens avertissent que l’accord dans sa forme supposée actuelle n’est pas assez efficace – parce qu’il se concentre uniquement sur le programme nucléaire de l’Iran, et non pas sur ce que les dirigeants qualifient de comportement belliqueux qui menace actuellement la sécurité des autres États du Moyen-Orient.
« L’Iran est déjà un acteur perturbateur sur différentes scènes dans le monde arabe, que ce soit au Yémen, en Syrie, en Irak, en Palestine, ou à Bahreïn », a déclaré le prince Turki.
« La fin de la crainte du développement d’armes de destruction massive ne va pas être la fin des problèmes que nous avons avec l’Iran. Il semble que l’Iran achève actuellement son occupation de l’Irak, ce qui est inacceptable », selon lui.
Selon des informations non confirmées, dans le cas où un « mauvais accord » laisserait la République islamique avec la capacité de produire des armes atomiques, l’Arabie saoudite « permettrait aux avions de chasse israéliens d’utiliser son espace aérien pour attaquer l’Iran » – une mesure préventive dans laquelle les analystes voient le signal de relations réticentes, mais en voie de réchauffement entre Ryad et l’Etat juif à l’ombre de la menace nucléaire iranienne.
Le prince Turki a également rejeté l’idée que la lutte contre le groupe terroriste de l’Etat islamique devait entraîner la nécessité d’une alliance tacite entre les États-Unis et l’Iran.
Les deux pays ont indiqué qu’ils s’opposeront à la brutale organisation islamiste basée en Irak et en Syrie par des moyens militaires si nécessaire.
« Inévitablement je crois que combattre l’EI – ou Fahash comme je préfère l’appeler- revient à combattre Assad » a déclaré le prince Turki, utilisant un mot arabe signifiant obscène.
Selon lui, « c’est à cause de la façon dont Assad a traité son peuple que Fahash a profité de la situation … donc l’ennemi est à la fois Fahash et Bashar el-Assad ».