Les voisins djihadistes d’Israël ne sont pas une menace sérieuse
Les affiliés de l'Etat islamique du côté de la frontière syrienne ont un leadership agressif, qui n'a plus peur de se battre en dehors de son territoire
En dépit du fait que deux groupes affiliés à l’Etat islamique se soient alliés à la frontière nord d’Israël, et ce faisant aient montré de l’audace par cette nouvelle alliance, la menace qu’ils représentent pour l’Etat juif reste minime, ont estimé les experts sur les groupes djihadistes en Syrie pour le Times of Israel.
Alors que la guerre civile syrienne qui fait rage est dans sa cinquième année – certaines estimations considèrent que le nombre de morts s’élève à près d’un demi-million de personnes – des groupes de petites ou moyennes taille continuent à manœuvrer pour gagner du pouvoir, en changeant d’allégeance et en échangeant le contrôle de territoire.
Cette situation volatile s’étend jusqu’aux portes d’Israël.
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Les deux groupes sunnites les plus puissants qui contrôlent désormais le territoire à la frontière nord d’Israël sont le Front al-Nosra, un groupe affilié à Al-Qaeda, dont le nombre de combattants est estimé à plusieurs milliers de combattants, et la Brigade des Martyrs de Yarmouk (MBY), affiliée à l’EI, qui selon la plupart estimations, compterait environ 1 000 membres.
Un officier de Tsahal avait indiqué au Times of Israel en mars que l’armée israélienne gardait un œil sur les deux groupes, de peur qu’ils puissent mener une attaque – voiture piégée, roquette, ou enlèvement – afin de marquer des points dans la propagande auprès de leurs bienfaiteurs. Aussi bien l’Etat islamique et Al-Qaïda ont menacé Israël dans le passé.
L’évaluation globale est toutefois que ces groupes djihadistes sont trop occupés à se battre entre eux et à renforcer leur emprise sur leurs territoires respectifs pour ouvrir un champ de bataille supplémentaire avec la plus puissante armée du Moyen-Orient.
Parmi les deux groupes, l’officier de Tsahal a suggéré que même si le groupe al-Nosra était le plus puissant, le groupe était considéré comme une menace moins importante que le MBY. Al-Nosra a acquis la réputation d’être un acteur quelque peu ‘rationnel’ en Syrie, surtout lorsqu’on le compare au groupe Etat islamique, dont l’idéologie insolente fait du groupe qui leur est affilié à la frontière nord d’Israël un rouage lâche.
Depuis que le Times of Israel a parlé avec l’armée israélienne en mars, il y a eu deux changements importants sur le champ de bataille dans le sud de la Syrie.
Tout d’abord, le MBY a mené une offensive inattendue contre l’armée syrienne libre dans la province méridionale de Daraa à la fin du mois de mars et au début du mois d’avril.
Le groupe lié à l’EI a réussi à prendre les villes de Tasil et Sahm al-Jawlan et a presque divisé de moitié le territoire de l’armée syrienne libre. Cela aurait pu être un désastre pour les combattants modérés, car cela aurait pu les couper de leurs forces du nord du soutien logistique qu’ils reçoivent de la Jordanie.
Deuxièmement, au cours de cette offensive de Daraa, MBY a uni ses forces avec un autre groupe, un plus petit groupe lié à l’EI appelé le Mouvement islamique Muthanna (MIM).
Depuis le lancement de l’offensive de Daraa, les experts disent que l’armée syrienne libre a repris tout le territoire qu’il avait perdu aux groupes liés à l’EI. La force djihadiste qui pose la menace la plus importante pour Israël se bat maintenant, dos au mur, dans son propre territoire.
Dans un communiqué publié mardi, le porte-parole de l’armée israélienne a suggéré que l’estimation sur l’évaluation de la menace posée par ces groupes n’avait pas changé depuis mars.
« L’armée israélienne est prête pour [faire face à] toute escalade potentielle à la frontière syrienne. Actuellement, les éléments du côté syrien de la frontière se concentrent sur la lutte entre les différents groupes et non pas avec Israël », a indiqué le communiqué.
Dans un article publié dimanche, Aymenn Jawad Al-Tamimi, un expert sur les groupes djihadistes en Syrie et en Irak, a examiné le danger posé par les groupes syriens à la frontière nord d’Israël. Dans l’article, il a abordé la nouvelle alliance entre les groupes liés à l’EI et leur attaque effrontée à Daraa.
La cause immédiate de la modification de la dynamique au sein de la MBY, a écrit Tamimi, était la nomination d’un nouveau chef pour le groupe en mars. Le chef remplaçant a probablement été envoyé par la direction centrale de l’Etat islamique et n’est pas originaire de la vallée de Yarmouk, mais un Saoudien connu sous le nom d’Abu Abdallah al-Madani.
Cette nouvelle nomination a cimenté la transition du groupe qui est passé d’un groupe modéré et affiliée à l’armée syrienne libre à un groupe affilié à l’EI et a préparé le terrain pour l’offensive audacieuse qui a envoyé la milice locale combattre sur son territoire.
Malgré la nouvelle direction du MBY et son alliance militaire avec le MIM, l’évaluation globale de Tamimi sur la menace djihadiste en Israël reflète celle de l’armée israélienne.
« Le risque posé à Israël par les différents groupes djihadistes sunnites dans le sud de la Syrie est faible », car ces groupes ont des « priorités beaucoup plus importantes que de concentrer leurs énergies sur Israël », a-t-il écrit.
Dans son article, Tamimi a fait valoir que la priorité d’Israël sur le champ de bataille au sud de la Syrie devrait être de veiller à ce que la MBY ne s’étende pas assez loin pour rejoindre le territoire formel de l’Etat islamique, ce qui pourrait être une grande aubaine pour cette milice.
Quand on lui a demandé à quel point il était probable que la MBY atteigne le territoire de l’EI, le territoire le plus proche étant à environ 100 kilomètres près de Damas et bloqué par les forces du régime et de l’armée syrienne libre, Tamimi a écrit que c’était une « perspective très éloignée », d’autant plus que la MBY est maintenant sur la défensive dans son propre territoire.
Lorsqu’on lui a demandé si l’un de ces groupes djihadistes sunnites comme Al-Qaïda ou l’Etat islamique avait vraiment envisagé de frapper Israël ou si leur rhétorique était des menaces vides, Tamimi a répondu : « ils n’attaqueront que s’ils se sentent assez forts pour le faire et pour soutenir un combat avec Israël. Cela n’est pas dans l’esprit de tout le monde, au moins dans un avenir proche ».
Michael Horowitz, un expert sur la guerre syrienne pour Levantine Group, un cabinet spécialisé en analyse géopolitique sur les risques, basé au Moyen-Orient, a déclaré qu’il était d’accord avec l’évaluation sur la MBY, qu’en dépit de sa nouvelle agressivité, le groupe n’est pas intéressé par l’ouverture d’un second front avec Israël.
Horowitz a expliqué que si le MBY et le MIM étaient autrefois des rivaux, il était probable que leur rapprochement conjoint à l’Etat islamique les avait rapprochés.
Horowitz a également exprimé ses doutes sur les récents rapports qui ont circulé dans les médias israéliens qui affirment que la MBY possède des armes chimiques, en notant que de telles armes ne pouvaient venir que des bases du régime, qui sont rares dans la vallée du Yarmouk.
« Les Brigades des Martyrs de Yarmouk sont dans une situation assez désastreuse. Donc, s’ils avaient des armes chimiques, ils les auraient utilisées maintenant », a ajouté Horowitz.
Que la situation soit catastrophique ou non, a conclu Horowitz, la « [MBY] n’a jamais montré le désir de frapper Israël ».
Judah Ari Gross a contribué à cet article.
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