L’hôpital Shaare Zedek ouvre un centre d’oncologie doté d’une esthétique curative
Le Helmsley Cancer Center, conçu par l'architecte canadien Tye Farrow dans un souci de santé physique et émotionnelle, offre également des traitements ambulatoires
Le centre hospitalier Shaare Zedek de Jérusalem a inauguré son nouveau centre de cancérologie Helmsley cette semaine.
Le centre de cancérologie – qui regroupe tous les services médicaux, de radiothérapie, conseil, oncologie spirituelle et palliative de Shaare Zedek – est une oeuvre de l’architecte canadien plusieurs fois récompensé Tye Farrow.
Farrow est réputé dans le monde entier pour ses impressionnantes structures salutogènes – c’est-à-dire favorables à une bonne santé -, fruits de l’application des neurosciences à l’architecture. Le studio d’architecture de Farrow est par ailleurs en charge du projet directeur du développement de l’hôpital Shaare Zedek dans sa globalité.
Le président Isaac Herzog, ainsi que le maire de Jérusalem Moshe Lion, le ministre de la Santé Moshe Arbel et d’autres dignitaires, étaient présents jeudi pour l’ouverture.
« Aujourd’hui, fini de chuchoter. Le cancer n’est plus une honte. C’est même tout le contraire, car aujourd’hui, nous mettons le cancer et les moyens les plus modernes de le combattre au centre de la médecine et de la recherche », a déclaré Herzog devant une foule de responsables et donateurs.
Le centre de 12 000 mètres carrés, dirigé par le professeur Nir Peled, pneumologue-oncologue, se déploie sur six étages dotés des dernières technologies, dont des appareils de tomodensitométrie avancée et quatre accélérateurs linéaires pour la radiothérapie.
Construit pour quelque 100 millions de dollars, le bâtiment porte le nom du Helmsley Charitable Trust, qui a cofinancé l’acquisition de nombreux équipements clés. Keren Adar a par exemple financé l’institut de radiothérapie.
Les premiers travaux du centre ont eu lieu au printemps 2017 et il a officieusement ouvert ses portes et commencé à recevoir des patients en novembre 2022. A proximité, un nouveau parking souterrain de 800 places a ouvert ses portes en juin 2021.
Le Dr Benjamin Corn, président de la radio-oncologie du Shaare Zedek et professeur d’oncologie à l’Université hébraïque, explique au Times of Israel qu’il est logique de rassembler les patients et le personnel médical dans un seul bâtiment.
« Dans ce bâtiment, nous pouvons faire toutes les consultations oncologiques. Nous pouvons facilement faire livrer les médicaments à notre unité ambulatoire et pratiquer la quasi-totalité des soins de radiothérapie en ambulatoire », ajoute-t-il.
Auparavant, les patients du service d’oncologie de Shaare Zedek devaient se rendre dans un autre hôpital, à Jérusalem ou dans le centre du pays, pour leur radiothérapie. Le Centre Helmsley ne prodigue que des soins ambulatoires. La chirurgie oncologique est toujours pratiquée dans le bâtiment principal de Shaare Zedek.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Farrow a expliqué au Times of Israel que la forme du bâtiment évoquait celle du papillon, symbole de transformation, de beauté et de fragilité, au coeur d’une histoire également symbolique, celle d’une personne s’adressant à un sage, un papillon entre les mains.
« Le papillon est-il mort ou vivant ? » demande la personne.
Le sage répond que la réponse est entre ses mains.
« En d’autres termes, tout dépend de son état d’esprit », explique Farrow.
Farrow, auteur du livre à paraître, « Constructing Health », aux éditions de l’University of Toronto Press, dit vouloir aller au-delà du développement durable pour traiter de la santé, physique et émotionnelle. Influencé par la théorie de l’enrichissement environnemental et l’importance des relations entre les personnes et les lieux qu’ils habitent, il applique ses connaissances en neurosciences à oeuvre architecturale.
Il a utilisé beaucoup de bois incurvé et de lumière naturelle pour le Helmsley Cancer Center. Le bâtiment, serein et tout sauf imposant, ne ressemble en rien à un hôpital traditionnel.
« Grâce à leurs sens, les gens ressentent des émotions à travers leur corps lorsqu’ils pénètrent quelque part. Ici, nous avons fait en sorte qu’ils ressentent l’espoir et la générosité, et qu’ils se sentent entre de bonnes mains », explique Farrow.
Zvi Rubinstein et Shai Ofer, les architectes israéliens qui ont travaillé en étroite collaboration avec Farrow à la construction du centre de cancérologie, disent avoir beaucoup appris de la façon dont Farrow repousse les limites du design et pense de manière non conventionnelle.
« C’est ainsi que nous devrions concevoir et construire des bâtiments médicaux », confie Ofer.
Le spécialiste en radiothérapie Corn souligne à quel point il est inhabituel que la lumière du jour se fraie un chemin jusqu’à la zone de radiation, située au rez-de-chaussée. Le jardin autour duquel tout le bâtiment est organisé est également situé au rez-de-chaussée.
Comme l’explique Corn, les pièces renforcées dans lesquelles ont lieu les radiations sont la plupart du temps éclairées artificiellement et ressemblent à des « cellules de prison », car elles doivent être protégées des autres zones, à l’intérieur comme à l’extérieur du bâtiment, pour des raisons de sécurité.
Il ajoute que le centre diffusera de la musique et des vidéos et proposera des expériences tactiles en zone de radiothérapie de manière à rassurer les patients.
Le directeur général de Shaare Zedek, le professeur Ofer Merin, explique au Times of Israel que le nouveau centre a eu une incroyable influence sur toutes les personnes impliquées dans sa construction.
« C’est une manière totalement différente d’envisager nos patients. C’est une approche holistique qui apporte espoir et sérénité, ce qui est important pour les médecins, les infirmières et les patients », affirme-t-il.
Si personne ne veut avoir le cancer, Corn estime qu’une fois qu’il est là, il faut faire face. Le nouveau centre permet au personnel de mieux aider les patients à le faire, de manière plus globale et optimiste.
« Les patients connaissent des changements, ce qui peut avoir des effets positifs… Si nous nous occupons bien des patients et leur prodiguons les soins dont ils ont besoin, nous les aidons à faire de ce moment – avec un peu de résilience de leur part – une expérience porteuse de développement », conclut-il.