Liban : Tsahal a trouvé des armes dans presque chaque maison d’un même village
Selon un réserviste, "ils étaient tout à fait prêts pour un nouveau 7 octobre" ; "nous avons également trouvé des drapeaux nazis et des statues d'Hitler"

LIBAN – « Nous avons passé plus de 200 jours en service de réserve », crie le soldat par-delà le grondement du vent, en se retournant sur le siège passager avant du humvee (M998 High mobility multipurpose wheeled vehicles) de l’armée israélienne. Le véhicule se déplace à travers les bosses d’une route délabrée qui mène du nord d’Israël au sud-ouest du Liban.
Alors que la poussière s’engouffre par les flancs ouverts, recouvrant les soldats et les journalistes à l’intérieur, le humvee franchit un rempart marquant la Ligne bleue séparant les deux pays, révélant des scènes de dévastation totale.
Les fosses d’incinération situées à proximité de la route dégagent une odeur âcre, au milieu de nombreux petits incendies qui se déclarent dans les collines.
« Nous en sommes à notre troisième mobilisation de l’année », ajoute le soldat alors qu’il effectue le court trajet vers le village du sud du Liban où son unité, la 6e Brigade Etzioni de Tsahal, participe à des opérations de ratissage et de nettoyage visant à localiser et à détruire les caches d’armes du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, entre autres infrastructures.
Le Hezbollah a commencé à attaquer le nord d’Israël un jour après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, affirmant qu’il le fait pour soutenir le groupe terroriste basé à Gaza.
Mais après avoir subi près d’un an d’attaques transfrontalières, Israël a riposté en septembre, avec une combinaison de frappes contre les commandants sur le terrain et les hauts responsables terroristes à Beyrouth, qui ont décimé ses dirigeants et paralysé une grande partie de ses capacités.

Mais au lieu de lancer une campagne destinée à démanteler le groupe terroriste chiite libanais pro-Iran, Israël a opté pour une opération terrestre limitée contre les infrastructures ennemies, et non contre les terroristes – dont 2 000 ont été tués jusqu’à présent, selon l’armée israélienne.
La 6e unité a été la première unité de réserve à être envoyée au Liban et le Times of Israel, ainsi que d’autres médias israéliens, a été invité par Tsahal à observer le déroulement de ces opérations lundi dernier.
Esquiver les drones
Le commandant de la Brigade Etzioni, le colonel Sarel Sebag, attend sur le bord de la route. Il conduit un contingent d’officiers et de soldats, dont beaucoup sont masqués dû à la poussière omniprésente, le long d’un talus escarpé jusqu’à une petite vallée parsemée de cratères de terre sombre fraîchement retournée.
Debout à côté d’un petit bosquet, Sebag commence à expliquer la mission que sa brigade mène lorsqu’un drone enflammé, dégageant une traînée de fumée, s’écrase à une centaine de mètres de là, sur la crête d’une colline voisine – vraisemblablement abattu par les défenses aériennes israéliennes.
Passant outre cet incident, Sebag explique que si ses troupes ont établi un contrôle opérationnel, « détruisant toutes les positions du Hezbollah, les installations de stockage et les tunnels » qu’elles peuvent trouver sur leur territoire, juste au-dessus de la frontière nord, elles devront encore rester sur leurs gardes.
« Bientôt, nous passerons à la phase de nettoyage », poursuit-il en désignant la zone environnante d’un geste du bras. « Bientôt, il n’y aura plus rien ici. Il n’y aura plus d’arbres. Il n’y aura plus de buissons dans toute cette zone pour qu’à l’avenir, le Hezbollah ne puisse plus s’approcher de la frontière. »
Bien que sa mission soit grandement facilitée par les renseignements, Tsahal continue d’étudier le terrain « mètre par mètre », découvrant « des sites de stockage d’armes et des positions de combat souterraines près de la frontière » afin d’assurer le retour en toute sécurité des dizaines de milliers d’Israéliens évacués par la guerre dans le nord, explique-t-il.

Défendre le nord
« Nous comprenons l’importance de ce que nous faisons. Nous protégeons les villes derrière nous depuis le 7 octobre », souligne Sebag, en faisant un geste derrière lui en direction de la frontière israélienne toute proche. « Et maintenant, nous opérons de ce côté et détruisons [le Hezbollah]. C’est la seule façon de rétablir la sécurité pour les habitants du nord. »
Interrogé sur le nombre de maisons dans lesquelles ses hommes ont trouvé des armes, Sebag répond que « dans ces villages, ce n’est pas seulement une ou deux maisons, c’est tout le village. Ce sont des villages qui sont fortement liés au Hezbollah. Dans presque chaque maison, il y a des armes et des signes du groupe terroriste ».
Ses hommes sont d’accord, l’un d’entre eux ayant déclaré au Times of Israel qu’ils avaient trouvé des fusils sur des tables dans de nombreuses maisons, prêts à être utilisés, et que des armes avaient même été retrouvées dans l’école et le dispensaire du village.

Passant devant un paysage dévasté rempli de béton brisé, un soldat nous signale les emplacements où se trouvaient auparavant des tunnels, des dépôts d’armes et d’autres installations du Hezbollah.
Les habitants du village, dont le Times of Israel n’est pas autorisé à publier le nom, ont fui après le début de la guerre, ce qui a permis à Tsahal de pilonner les positions du Hezbollah à distance avant d’y pénétrer à pied, note le soldat.
En montrant une structure isolée s’élevant comme une île dans une mer de décombres, le soldat explique qu’il s’agit du site de l’un des nombreux tunnels du Hezbollah découverts dans la région.
Le Hezbollah, l’Iran et Hitler

En descendant un escalier en béton dans une maison endommagée au milieu du village, nous retrouvons les officiers du 8103e bataillon de la brigade en pleine réunion d’état-major.
Assis sur des chaises et des canapés confortables entourant une table basse dans un sous-sol tapissé de tentures rouges et beiges, les officiers font leur rapport et discutent des dispositions de leurs unités tandis qu’un groupe de soldats se repose au fond de la pièce.
Sales et mal rasés, ils sourient et plaisantent en parlant au milieu des tirs répétés, dont l’un est suffisamment fort pour que le lieutenant-colonel Elishama Jacobs, commandant du bataillon, s’arrête au milieu d’une phrase.
L’un des hommes assis dans le sous-sol pendant le briefing est le sergent de première classe Natan, un immigrant américain âgé d’une vingtaine d’années.

« Nous sommes ici depuis une semaine et demie. Avant que nous n’entrions, il y avait naturellement une importante puissance aérienne et d’artillerie. Lorsque nous avons pris la zone, nous l’avons fait, bien sûr, avec l’aide des chars et du Corps du Génie Militaire et de nombreuses autres forces qui sont venues en renfort », se souvient-il.
« Depuis que nous avons investi le village, nous sommes allés de maison en maison à la recherche de munitions et d’armes. Cela n’a pas été difficile. Nous avons trouvé des armes ou d’autres équipements du Hezbollah dans presque toutes les maisons que nous avons ratissées. Cela allait des mortiers aux fusils, en passant par les missiles antichars, et tout ce qui existe entre les deux, [y compris] des éléments de renseignements, » décrit-il.
« Nous avons découvert qu’ils étaient prêts pour un autre 7 octobre. Et nous sommes très proches de la frontière, il n’est donc pas difficile d’imaginer qu’ils l’auraient fait. »
En plus des armes, les troupes ont trouvé des photos des mollahs iraniens et même « des drapeaux nazis et des statues d’Hitler » qui ont été transmis au Directorat des Renseignements militaires, précise Natan, une affirmation que le Times of Israel n’est pas en mesure de vérifier.
Claymores et mines antichars
Se frayant un chemin à travers des morceaux de béton et de maçonnerie brisés et des lignes électriques tombées et inactives en travers de la route, les troupes du 8103e bataillon arrivent à un bâtiment en ruine dont le mur d’entrée porte les mots « Merci, ma femme héroïque », griffonnés en hébreu.
Se frayant un chemin dans la structure sombre, ils se pressent dans un petit foyer rempli de caisses d’armes, au-delà duquel se trouve une autre pièce, pleine de verre brisé, où, en face d’une télévision à tube cathodique désuète, se trouvent des caisses en bois vertes contenant des mines antichars et des mines directionnelles antipersonnel de type « Claymore ».
« Ils ont eu tellement peur qu’ils ont laissé tout cela derrière eux », explique un soldat, lunettes de vision nocturne attachées à son casque.
Sous le feu de l’ennemi
Quittant la maison au son de tirs lointains, les soldats se dirigent vers la route principale du village lorsque quelqu’un crie de se mettre à l’abri et qu’ils se jettent au sol tout près d’un muret.
Ils commencent à peine à se relever que l’appel retentit à nouveau et qu’ils se laissent retomber au sol.
« Des roquettes tombent tout le temps », note un soldat avec désinvolture.
« La semaine dernière, une roquette est tombée tout près de nous, à 15 mètres peut-être. Nous nous sommes couchés et c’était très proche, mais comme nous étions au sol avec nos casques, il ne nous est rien arrivé. Il y avait des éclats d’obus dans l’air, mais tout allait bien. »
Arrivés à un autre poste de commandement sur une autre colline peu après l’incident, les soldats commencent à discuter, tout en buvant un café turc en attendant le spectacle de la soirée : la démolition d’un lotissement de maisons précédemment utilisées par les terroristes du Hezbollah sur une colline voisine.
Soudain, quelqu’un crie à tout le monde de sortir et un officier entame un compte à rebours, déclarant que « c’est pour le bien des habitants du nord, qui vont bientôt rentrer chez eux ».
Le flanc de la colline s’embrase, une lumière brûlante atteignant le poste de commandement juste avant le bruit d’une détonation massive et d’une vague de pression poussant le vent devant elle comme un petit ouragan.
Mais même si les soldats poussent des acclamations alors que la pénombre de la nuit réapparaît, aucun d’entre eux n’est en mesure de dire combien de temps ils devront continuer la guerre.
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