Liberman: Netanyahu veut limoger le futur chef d’État-major et la procureure générale
Le ministre des Finances a indiqué que le leader du Likud cherchait aussi à remettre à leur place Ben Gvir et Smotrich ainsi qu'à prendre le contrôle sur la nomination des juges
Le président du parti Yisrael Beytenu Avigdor Liberman, qui est aussi le ministre sortant des Finances, a affirmé, samedi, que Benjamin Netanyahu et sa possible coalition, composée de partis de droite, d’extrême-droite et religieux avaient l’intention de renvoyer le prochain chef d’État-major et de remplacer la procureure-générale actuelle.
Dans une série de tweets, Liberman a déclaré s’être entretenu avec plusieurs responsables du Likud et avec d’autres proches de Netanyahu, ajoutant que « l’image qui se profile est plus qu’alarmante ».
Liberman a émis une mise en garde concernant le projet du bloc de Netanyahu de faire adopter une loi qui permettrait de passer outre les jugements rendus par la Haute cour – un texte qui est une priorité pour Hatzionout HaDatit, pour le parti Yahadout HaTorah et pour de nombreuses personnalités du Likud. Cette législation profiterait aussi potentiellement à Netanyahu, qui pourrait ainsi s’extraire grâce à elle de son procès pour corruption actuellement en cours.
Nouvelle initiative pour garantir qu’il aura le contrôle du système judiciaire, Liberman a indiqué que Netanyahu avait l’intention d’installer une majorité à la commission chargée de la nomination des juges. Il a ajouté que cet objectif était « important et immédiat pour Netanyahu » et que quand il aurait besoin d’un représentant de l’opposition dans la commission, il nommerait alors le député Ahmed Tibi, de Hadash-Taal. La faction arabe Hadash-Taal n’est alignée ni sur le bloc de Netanyahu, ni sur le bloc de l’opposition dirigé par le chef de Yesh Atid, Yair Lapid.
Liberman a par ailleurs affirmé que Netanyahu allait chercher à remplacer « dans les meilleurs délais » la procureure générale Gali Baharav-Miara et qu’il n’allait pas donner suite à la nomination du futur chef d’État-major, Herzi Halevi, « parce que ce dernier ne coopère pas aux plans de Netanyahu concernant l’Iran ».
Dans tweets, le leader de Yisrael Beytenu a écrit que Netanyahu nommerait un proche au poste de ministre des Communications afin de prendre le contrôle de la chaîne publique Kan, largement indépendante.
Évoquant les alliés de Netanyahu, Liberman a indiqué que le leader du Likud avait un plan pour « déjouer » Itamar Ben Gvir et son parti Otzma Yehudit d’extrême-droite en le faisant passer à quatre ou cinq sièges à la Knesset. Otzma Yehudit s’était présenté sur une liste conjointe avec le parti Hatzionout HaDatit de Bezalel Smotrich et la faction anti-LGBT Noam. L’alliance avait remporté quatorze sièges, devenant le deuxième parti le plus important du bloc de Netanyahu.
Le parti Otzma Yehudit a annoncé vendredi qu’il allait se séparer de Hatzionout HaDatit et que la faction siègera à la Knesset en indépendante. Les trois formations ont mené des négociations de coalition distinctes avec Netanyahu.
Liberman a ajouté que Netanyahu prévoyait également de « déjouer les plans de Smotrich », affirmant que « le consensus à l’intérieur du Likud, c’est qu’il est nécessaire de se débarrasser de Smotrich au plus vite ».
Liberman a noté que ses affirmations se basaient sur une analyse personnelle de la situation – « mais une analyse avec de très bons fondements », a-t-il ajouté.
Yisrael Beytenu, le parti de Liberman, est une formation laïque de droite, fermement opposée à Netanyahu et à ses alliés ultra-orthodoxes.
De son côté, Smotrich a fait savoir, samedi, qu’il allait reporter un voyage aux États-Unis pour clore les négociations de coalition.
Les négociations sont dans l’impasse alors que le chef de Hatzionout HaDatit revendique le portefeuille de la Défense.
Netanyahu est réticent à l’idée de lui accorder ce poste et des sources du Likud ont laissé entendre, dans les médias, qu’une telle nomination risquait d’endommager les liens avec les États-Unis, qui sont soucieux de maintenir le calme en Cisjordanie et de conserver la possibilité de la mise en place d’une solution à deux États.
Les rumeurs d’une éventuelle désignation de Smotrich à la tête du ministère de la Défense ont aussi entraîné l’opposition intense de certains anciens responsables du secteur. Le député d’extrême-droite n’a fait qu’un service bref au sein de l’armée israélienne, son service ayant été écourté pour lui permettre d’étudier dans une yeshiva et de faire des études dans une faculté de droit.
Par ailleurs, samedi, le député du Likud David Bitan – qui était, dans le passé, un proche de Netanyahu mais qui a occupé la 17e place sur la liste du Likud lors du dernier scrutin – s’en est pris au leader du parti qui, selon lui, ne l’a pas soutenu pendant les primaires de la faction.
« Je suis en colère contre lui, il ne m’a pas soutenu aux primaires. Mais j’ai gardé le silence pour ne pas nuire à la campagne », a expliqué devant les caméras de la Douzième chaîne Bitan, ancien chef de la coalition.
« Bien sûr que j’ai été en colère, je le soutiens depuis 1992, je l’ai soutenu dans toutes sortes de situations. Et au moment où il pouvait m’apporter son soutien, il s’est dressé contre moi », a-t-il ajouté.
« C’était son droit de ne pas me soutenir mais c’est aujourd’hui le mien de ne plus le soutenir », a poursuivi Bitan.
Netanyahu a officiellement reçu le mandat lui permettant de former un gouvernement dimanche dernier et il a 28 jours pour rassembler une coalition majoritaire.
S’il ne parvient pas à mettre en place cette coalition dans le temps imparti, il est en droit de demander une prolongation de 14 jours au président Isaac Herzog.