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Libye : intense ballet diplomatique et appel à un cessez-le feu

Mercredi, Ankara et Moscou qui se sont imposés ces derniers mois comme des acteurs clé en Libye, ont appelé à un cessez-le-feu le 12 janvier

On peut voir les dégâts et les vêtements au sol après une frappe aérienne qui eu lieu plus tôt dans la journée contre une collège militaire dans la région d'Al-Hadaba dans la capitale Tripoli, le 4 janvier 2020. (Photo par Mahmud TURKIA / AFP)
On peut voir les dégâts et les vêtements au sol après une frappe aérienne qui eu lieu plus tôt dans la journée contre une collège militaire dans la région d'Al-Hadaba dans la capitale Tripoli, le 4 janvier 2020. (Photo par Mahmud TURKIA / AFP)

Le risque d’une internationalisation du conflit en Libye suscite un chassé-croisé diplomatique inédit depuis le début en avril de l’offensive du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, siège du gouvernement d’union (GNA), alors qu’Ankara et Moscou ont appelé à un cessez-le-feu dimanche.

Le ballet diplomatique s’est accéléré après l’annonce par la Turquie d’envoi de troupes en soutien au GNA reconnu par l’ONU, suscitant des craintes d’une « nouvelle Syrie ».

Mercredi, Ankara et Moscou qui se sont imposés ces derniers mois comme des acteurs clé en Libye, ont appelé à un cessez-le-feu le 12 janvier à 00H00, en dépit des divergences d’intérêts des deux pays sur ce dossier.

Ankara affirme que 2 500 mercenaires russes combattent aux côtés de Haftar, ce que dément Moscou. L’homme fort de l’Est est également soutenu par les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et l’Egypte, des rivaux régionaux de la Turquie.

Mercredi soir, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a « salué » dans un communiqué l’appel au cessez-le-feu, sans toutefois donner de réponse claire.

Le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj, à Rome,le 26 octobre 2018. (Crédit . Filippo MONTEFORTE / AFP)

Dans l’autre camp, « il n’y a pas de commentaire jusqu’ici » du maréchal Haftar, selon son porte-parole Ahmad al-Mesmari.

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, s’est félicité de l’initiative russo-turque et a exhorté toutes les parties « à cesser immédiatement toutes les opérations militaires en Libye », selon un communiqué.

M. Salamé travaille sur l’organisation en janvier d’une conférence internationale sur la Libye à Berlin, dans le but de mettre fin aux interférences étrangères en Libye, tandis que plusieurs pays s’activent pour trouver une sortie à la crise.

L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, le 6 avril 2019. (Crédit : Mahmud TURKIA / AFP)

Après avoir accueilli lundi le chef du GNA et le ministre turc des Affaires étrangères, l’Algérie qui partage près de 1 000 km de frontières avec la Libye, reçoit jeudi les chefs de la diplomatie italienne et égyptienne.

Soucieuse de rester à « équidistance » des deux camps en guerre en Libye, Alger rejette « toute ingérence étrangère » et exhorte « toutes les composantes et parties libyennes (…) à un retour rapide au processus du dialogue national inclusif ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu lui, en Tunisie, un autre voisin de la Libye, où il a souligné que « le risque d’escalade en cours en Libye menace de déstabiliser l’ensemble de la région, du Maghreb au Sahel ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, donne une conférence de presse avec son homologue marocain à Rabat le 8 juin 2019. (Crédit : FADEL SENNA / AFP)

Le dossier libyen était aussi au centre d’une rencontre mercredi au Caire entre le ministre français et ses homologues italien, égyptien, chypriote et grec, mais cette réunion a illustré de nouveau les divisions de la communauté internationale sur le conflit en Libye.

Dans un communiqué que le chef de la diplomatie italienne Luigi Di Maiore n’a pas signé, Paris, Le Caire, Nicosie et Athènes ont jugé « nuls et non avenus » les accords controversés signés en novembre entre Ankara et Tripoli, dont un permettant à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale.

Le premier accord porte sur la coopération militaire entre le GNA et Ankara et qui permet à la Turquie d’envoyer des troupes en Libye.

L’Italie, liée historique à la Libye par une histoire commune de colonisation, tente elle aussi de reprendre la main sur le dossier libyen.

Selon des analyste, Rome qui était dans un contexte de lutte d’influence avec Paris, voit de mauvais oeil le rôle grandissants en Libye d’autres pays comme la Turquie ou la Russie.

Ainsi, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a reçu mercredi le maréchal Haftar à Rome et l’a appelé à cesser son offensive.

Le candidat au poste de Premier ministre en Italie Giuseppe Conte, au palais présidentiel à Rome, le 27 mai 2018,. (Crédit : AFP / Vincenzo PINTO)

Il l’a également mis en garde contre « les risques pour la stabilité de la région tout entière », selon un communiqué du gouvernement italien.

Selon la presse libyenne et italienne, M. Conté aurait tenté d’organiser une réunion entre Haftar et Sarraj.

Mais quand il avait appris que Haftar l’a précédé à Rome, M. Sarraj qui venait de Bruxelles, a changé de cap à mi-chemin pour rentrer à Tripoli, selon les mêmes sources.

A Bruxelles, l’Union européenne a promis mercredi à M. Sarraj d' »intensifier ses efforts » pour une solution pacifique en Libye.

« L’UE soutient pleinement le processus de Berlin et toutes les initiatives des Nations unies visant à trouver une solution politique globale à la crise en Libye », affirme un communiqué du Conseil européen.

Sur le terrain, les combats font toujours rage au sud de Tripoli où les pro-Haftar tentent toujours de rentrer dans la ville, auréolés par leur conquête-éclair lundi de Syrte, verrou stratégique entre l’est et l’ouest de la Libye.

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