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L’Irak dénonce les raids américains contre des factions pro-Iran sur son sol

Selon le Pentagone, les raids qui ont coûté la vie à près de 10 combattants, ont été menés en représailles aux attaques ayant visé ces derniers mois les intérêts américains en Irak

Illustration : Des combattants paramilitaires de Hashed al-Chaabi montent la garde lors d'une procession funéraire dans la capitale irakienne de Bagdad, le 26 octobre 2019. (Crédit : Ahmad Al-Rubaye/AFP)
Illustration : Des combattants paramilitaires de Hashed al-Chaabi montent la garde lors d'une procession funéraire dans la capitale irakienne de Bagdad, le 26 octobre 2019. (Crédit : Ahmad Al-Rubaye/AFP)

L’Irak a dénoncé avec force lundi les frappes américaines meurtrières menées avant l’aube contre des positions de milices pro-Iran sur son territoire et en Syrie voisine, la puissante coalition paramilitaire irakienne du Hachd al-Chaabi menaçant de venger ses combattants tués.

Selon le Pentagone, les raids qui ont coûté la vie à près de 10 combattants, ont été menés en représailles aux attaques ayant visé ces derniers mois les intérêts américains en Irak et imputées par les États-Unis aux factions irakiennes fidèles à l’Iran, ennemi de Washington.

Ils sont intervenus alors que des efforts sont en cours pour un retour des États-Unis à l’accord sur le nucléaire iranien, qui offre à Téhéran un allègement des sanctions en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique, et d’une réduction drastique de son programme nucléaire.

À Bagdad, le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a dénoncé dans un communiqué une « violation flagrante de la souveraineté » de son pays, tout en appelant « à éviter l’escalade ». Il a réitéré son refus de voir l’Irak utilisé « comme un terrain de règlement de comptes ».

Depuis des années, Bagdad met en garde contre la possibilité que ses deux grands alliés, le grand voisin iranien et les États-Unis, ne se servent de son sol comme d’un champ de bataille où régler leurs comptes, dans un contexte toujours tendu autour du dossier nucléaire.

Dans la nuit et sur ordre du président américain Joe Biden, l’armée de l’air a ciblé des centres opérationnels et des dépôts d’armes dans deux endroits en Syrie et un endroit en Irak, des installations utilisées par des milices soutenues par l’Iran, a annoncé le Pentagone.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les raids ont détruit un entrepôt et une position de milices irakiennes membres du Hachd al-Chaabi près de Boukamal (est de la Syrie), près de la frontière irakienne.

Au moins sept combattants irakiens ont été tués, a affirmé l’ONG disposant d’un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre, où plusieurs milices armées étrangères ont combattu au côté du régime syrien contre les rebelles et les jihadistes.

Moustafa al-Kazimi. (Crédit : CC BY 2.5)

« Vengeance »

Le Hachd al-Chaabi, fer de lance de l’anti-américanisme en Irak, a confirmé la mort dans des frappes de quatre de ses membres dans la région d’Al-Qaïm, dans l’ouest de l’Irak, près de la frontière syrienne.

Les combattants « remplissaient leur mission habituelle visant à empêcher l’infiltration » de jihadistes venus de Syrie, a indiqué le Hachd al-Chaabi dans un communiqué, assurant qu’ils « n’étaient impliqués dans aucune activité hostile à la présence étrangère en Irak ».

« Les positions bombardées n’abritaient aucun dépôt, contrairement aux allégations américaines », a-t-il affirmé.

Selon le Pentagone, les cibles visées sont des « installations » utilisées par les milices « impliquées dans des attaques à l’aide de véhicules aériens non-habités (UAV) contre des personnels et des installations américaines en Irak ».

Il n’était pas possible de déterminer dans l’immédiat si les quatre morts annoncés par le Hachd étaient inclus ou non dans le bilan de l’OSDH.

Des combattants irakiens du groupe Hachd al-Chaabi à la frontière syro-irakienne, le 12 novembre 2018. (Crédit : AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Le Hachd al-Chaabi dément agir hors d’Irak, mais certaines de ses factions implantées dans l’est syrien combattent – en leur nom propre – au côté du régime Assad.

« Nous vengerons le sang de nos martyrs (…) Nous avons déjà dit que nous ne resterions pas silencieux face à la présence des forces d’occupation (…) », a menacé le Hachd.

Casse-tête

Intégré il y a quelques années aux troupes régulières, le Hachd a aujourd’hui selon des experts la haute main en Irak, où l’Iran jouit d’une grande influence et où les États-Unis maintiennent encore quelque 2 500 soldats.

L’Iran a lui accusé, après les raids, les États-Unis de « perturber la sécurité régionale ».

De con côté, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a réaffirmé « le soutien de la France à la stabilité et à la souveraineté de l’Irak », condamnant les « attaques inacceptables (…) contre les intérêts de la coalition », a rapporté un porte-parole adjoint du Quai d’Orsay.

L’opération américaine est la deuxième du genre contre des milices pro-Iran en Syrie depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden en janvier. Une vingtaine de combattants ont péri dans la première frappe en février.

Depuis début 2021, plus de 40 attaques aux roquettes ou drones ont visé les intérêts américains en Irak. Washington accuse les factions pro-Iran.

Le Hachd salue les attaques anti-américaines, mais n’en revendique pas la responsabilité.

L’utilisation des drones est un casse-tête pour les États-Unis car ces engins peuvent échapper aux batteries de défense C-RAM, installées pour faire face aux tirs de roquettes. Washington a offert jusqu’à trois millions de dollars pour des informations sur ces attaques.

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