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L’Iran a envoyé des armes en Syrie sous couvert d’aide humanitaire après le séisme – média

Des sources ont dit à Reuters que Téhéran avait vu "la main de Dieu" dans cette chance de faire entrer des armes, reconstituant les quantités perdues dans les frappes israéliennes

Des employés déchargent l'aide humanitaire envoyée par avion par l'Iran à l'aéroport d'Alep, dans le nord de la Syrie, après un séisme dévastateur, le 8 février 2023. (Crédit : AFP)
Des employés déchargent l'aide humanitaire envoyée par avion par l'Iran à l'aéroport d'Alep, dans le nord de la Syrie, après un séisme dévastateur, le 8 février 2023. (Crédit : AFP)

L’Iran a transporté des armes et des équipements militaires en Syrie en les embarquant dans les avions qui transportaient de l’aide humanitaire après le tremblement de terre meurtrier qui avait secoué la région au mois de février, a fait savoir Reuters, mercredi.

Neuf sources syriennes, iraniennes, israéliennes et occidentales ont confié à l’agence de presse que les armes visaient à « consolider la défense de l’Iran contre Israël sur le territoire syrien » ainsi qu’à renforcer le dictateur syrien Bashar al-Assad, un allié déterminant de Téhéran.

Selon Reuters, les équipements consistaient notamment en matériels de communication et en batteries radar, ainsi qu’en pièces détachées nécessaires pour moderniser le système de défense antiaérien fourni par la république islamique à la Syrie.

L’agence de presse a précisé que ses sources comprenaient des responsables occidentaux des renseignements, des sources proches du leadership iranien et israélien, un déserteur de l’armée syrienne et un officier syrien en service.

Ces sources ont déclaré que les officiels israéliens de la Défense avaient eu connaissance, peu après le tremblement de terre, du fait que l’Iran profitait de la situation pour faire entrer des armes.

« Sous couvert de livraisons d’aides humanitaires à la Syrie, Israël a constaté des mouvements significatifs d’équipements militaires en provenance d’Iran, qui étaient majoritairement transportés sous la forme de pièces détachées », a dit un responsable israélien de la Défense à Reuters.

Il a ajouté que la plus grande partie de ces équipements militaires avait été envoyée à l’aéroport d’Alep, ajoutant que ces envois avaient été été organisés par la division syrienne 18000 au sein des forces al-Quds des Gardiens de la révolution islamique, sous la direction de Hassan Mehdoui.

Capture d’écran de Twitter montrant un incendie à l’aéroport d’Alep à la suite d’une attaque aérienne israélienne présumée, le 7 mars 2023. (Crédit : Capture d’écran/Twitter ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Le responsable a noté que le transport terrestre des armes était ensuite assuré par l’unité 190 des forces al-Quds, avec à sa tête Bahanem Shahariri.

Des avions cargos avaient rapidement commencé à arriver à Alep depuis l’Iran. Les appareils étaient ensuite placés sous le contrôle d’Esmail Ghaani, qui dirige les forces expéditionnaires al-Quds au sein du Corps des gardiens de la révolution.

Dans les jours qui avaient suivi le tremblement de terre, le site d’information saoudien Elaph avait cité un officiel israélien qui avait déclaré que si la république islamique devait faire parvenir des armes à ses groupes mandataires régionaux sous couvert d’aides humanitaires suite au séisme majeur qui avait eu lieu dans le pays, l’armée israélienne n’hésiterait pas à attaquer.

Le mois dernier, l’aéroport international d’Alep avait été fermé pendant presque trois jours suite à des bombardements qui avaient endommagé sa piste, une attaque qui avait été attribuée à Israël.

Des sources ont confirmé à Reuters que la piste avait été prise pour cible peu après l’atterrissage de deux avions-cargos en provenance de l’Iran, qui transportaient des livraisons d’armes.

A l’époque, le ministère syrien des Affaires étrangères avait dénoncé « un double crime », disant que la frappe avait touché « un aéroport civil… et l’un des principaux canaux pour l’arrivée de l’aide humanitaire » à destination des victimes du séisme.

Plus de 6 000 personnes auraient trouvé la mort lors du tremblement de terre en Syrie, qui a fait 50 000 morts en Turquie.

Des agents de la défense civile et des habitants cherchent dans les décombres de bâtiments effondrés dans la ville de Harem, près de la frontière turque, dans la province d’Idlib, en Syrie, le 6 février 2023 (Crédit : AP Photo/Ghaith Alsayed).

« Les frappes israéliennes ont aussi visé une réunion entre commandants de milices iraniennes et des livraisons de puces électroniques qui devaient servir à moderniser les systèmes d’armement », a commenté auprès de Reuters le colonel Abduljabbar Akaidi, qui a déserté l’armée syrienne, sans donner de détail sur la rencontre entre ces responsables militaires.

Un officier de l’armée syrienne qui a témoigné sous couvert d’anonymat a indiqué que l’État hébreu renforçait ses frappes en Syrie « parce que des informations affirment que quelque chose se développe rapidement là-bas ».

« Ils doivent l’arrêter, le frapper pour le ralentir. Le séisme a entraîné de bonnes conditions. Le chaos qui a suivi a permis aux avions de chasse iraniens d’atterrir facilement », a ajouté cette source syrienne.

D’autres sources ont confirmé auprès de Reuters que, depuis le début du mois, Israël avait attaqué des entrepôts d’armes situés dans les montagnes du Jabal Manea Kiswa, au sud de Damas.

L’agence de presse a indiqué que le site était probablement le site militaire le plus fortifié à avoir été construit en Syrie par les soldats iraniens et par le groupe terroriste du Hezbollah.

Elle a ajouté qu’une station radar qui servait pour les drones avait été touchée lors d’un bombardement.

« Nous pensons que les milices iraniennes ont transféré d’énormes quantités de munitions – ils ont reconstitué les stocks qui avaient été perdus lors de précédentes frappes au drone israéliennes », a dit une source issue des renseignements occidentaux en faisant référence aux avions iraniens venus en Syrie au lendemain du séisme.

Des personnes en deuil assistant à la procession funéraire de deux membres de la garde révolutionnaire iranienne tués par Israël en Syrie, à Téhéran, le 4 avril 2023. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Une source régionale proche des dirigeants religieux iraniens a dit à Reuters que si le tremblement de terre avait été un désastre, il avait également offert une opportunité divine de transférer des armes.

« Le séisme a été une catastrophe mais en même temps, Dieu nous a tendu la main pour que nous puissions aider nos frères, en Syrie, à combattre leurs ennemis. Des livraisons d’armes ont été envoyées en Syrie immédiatement », a dit la source.

La mission iranienne aux Nations unies a démenti, auprès de Reuters, avoir utilisé des vols humanitaires pour transporter des armes en Syrie. Damas n’a pas répondu à une demande de commentaire sur le sujet qui avait été soumise par l’agence de presse.

Plusieurs frappes aériennes contre des livraisons d’armes iraniennes présumées, qui étaient camouflées en livraisons de produits apparemment inoffensifs, ont été attribuées à l’État hébreu récemment.

Israël aurait mené des centaines d’attaques contre des cibles situées dans les régions de la Syrie qui sont sous le contrôle du gouvernement, ces dernières années, s’en prenant notamment aux aéroports de Damas et d’Alep. Toutefois, le pays ne reconnaît et ne discute que rarement de ce genre d’opérations.

Israël a néanmoins admis avoir pris pour cible les bases de groupes alliés à l’Iran, comme le Hezbollah, au Liban, qui a envoyé des milliers de combattants pour soutenir les forces du président syrien Bashar al-Assad.

Israël considère l’expansion iranienne dans toute la Syrie comme une menace continue pour sa sécurité nationale, et l’armée de l’air a bombardé une large liste de cibles pour tenter d’empêcher l’Iran de s’ancrer dans la région.

Des fusées de défense aérienne syrienne visibles dans le ciel de Damas, le 4 avril 2023. (Crédit : STRINGER/AFP)

Israël considère l’Iran comme son plus grand ennemi, citant sa rhétorique hostile, son soutien apporté à des groupes terroristes comme le Hezbollah et son programme nucléaire présumé. L’Iran dément les accusations occidentales, qui affirment que Téhéran cherche à se doter d’une arme atomique.

Israël aurait mené un certain nombre d’attaques en Syrie au mois d’avril, tuant notamment deux membres des Gardiens de la révolution islamique dans un bombardement.

Six roquettes ont été lancées, samedi soir et dimanche matin, depuis le sud de la Syrie vers le plateau du Golan dans deux tirs de barrage distincts qui ont eu lieu à quelques heures d’intervalle. Trois sont retombées sur le territoire israélien, a fait savoir Tsahal.

Une attaque qui a eu lieu alors que les tensions se renforçaient dans toute la région, avec des tirs de roquettes en provenance du Liban, des tirs de roquettes de la bande de Gaza qui ont entraîné des attaques israéliennes ; des affrontements à la mosquée al-Aqsa, sur le mont du Temple de Jérusalem et des attentats terroristes meurtriers en Israël et en Cisjordanie. Un drone iranien présumé aurait été lancé depuis la Syrie, au début de la semaine.

Israël semble avoir multiplié ses activités en Syrie récemment et, au début du mois, le ministre de la Défense Yoav Gallant avait averti l’Iran et le groupe terroriste libanais du Hezbollah que l’État hébreu ne tolérerait aucune initiative prise pour porter atteinte au pays et à ses citoyens après un attentat à la bombe qui avait fait un blessé grave à Megiddo, une attaque dont la responsabilité avait été attribuée à l’organisation soutenue par l’Iran.

Emanuel Fabian a contribué à la rédaction de cet article.

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