L’Iran rallierait des groupes terroristes en vue d’attaques contre Israël – média
Selon le Wall Street Journal, le commandant de la Force Al-Qods, Esmaïl Ghaani, était à Beyrouth pour des réunions avec le Hamas et le Hezbollah avant les tirs de roquettes sur Israël
L’Iran aurait rallié des groupes terroristes dans des pays et régions alliés pour qu’ils lancent des attaques contre Israël, et aurait coordonné les récents tirs de roquettes du groupe terroriste palestinien du Hamas depuis la Bande de Gaza et les zones contrôlées par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, mandataire de l’Iran, au début de ce mois.
Selon un article paru vendredi dans le quotidien Wall Street Journal, le général iranien Esmaïl Ghaani, chef de la Force Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), a tenu ces dernières semaines une série de réunions secrètes avec des groupes terroristes du Moyen-Orient, dont certains opérant en Syrie et en Irak, pour discuter d’attaques contre Israël sur de multiples fronts et avec une détermination renouvelée, avec le soutien de l’Iran. Le CGRI, qui comprend la Force Al-Qods, est une organisation terroriste désignée par les États-Unis.
Ghaani s’est rendu à Beyrouth, au debut du mois, pour rencontrer les principaux dirigeants des groupes terroristes palestiniens Hamas et Jihad islamique palestinien, ainsi que du Hezbollah, à l’ambassade d’Iran dans la capitale libanaise, a rapporté le quotidien, citant « des personnes familières avec ces réunions ».
Peu après, une salve de 34 roquettes a été tirée du sud du Liban vers le nord d’Israël, dont 25 ont été interceptées par le système de défense antiaérienne du Dôme de Fer. Au moins trois personnes ont été blessées et plusieurs bâtiments ont été endommagés. Il s’agit du plus important barrage de roquettes depuis la Seconde guerre du Liban, en 2006, au cours de laquelle des milliers de roquettes ont été lancées sur Israël.
Des salves de roquettes ont également été lancées depuis la Bande de Gaza le même jour.
Israël a répondu par des frappes aériennes à Gaza et des tirs d’artillerie au Liban, et a pointé du doigt le Hamas dans le sud du Liban, où le groupe terroriste est fortement implanté dans les camps de réfugiés palestiniens. En ciblant les « infrastructures terroristes appartenant au Hamas » au Liban, Israël espérait éviter une conflagration plus large avec le Hezbollah, qui avait signalé à Israël qu’il n’était pas impliqué. Les analystes de la sécurité s’accordent à dire qu’il est peu probable que le Hamas attaque sans l’approbation au moins tacite du groupe terroriste chiite libanais, soutenu par l’Iran.
Le Wall Street Journal a rapporté que les détails de ces attaques contre Israël ont été finalisés avec Ghaani lors de réunions à Beyrouth la semaine précédente avec le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, son adjoint Saleh al-Arouri, et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui s’est moqué vendredi des contre-attaques israéliennes dans le sud du Liban une semaine plus tôt.
S’exprimant lors d’une cérémonie organisée à Beyrouth à l’occasion de la « Journée de Jérusalem », ou Journée d’Al-Qods – une manifestation annuelle de soutien aux Palestiniens organisée le dernier vendredi du mois du ramadan – Nasrallah a qualifié de « mensonges éhontés » les déclarations israéliennes concernant les frappes de représailles et a assuré « qu’aucune infrastructure du Hezbollah ni du Hamas n’a été touchée ».
Des roquettes tirées depuis la Syrie sur le plateau du Golan ont suivi les missiles en provenance du Liban et de la Bande de Gaza le samedi matin de la semaine précédente. Israël a également riposté par une frappe aérienne sur un complexe militaire appartenant à la 4e division de l’armée syrienne, dirigée par Maher el-Assad, le frère du président syrien Bashar el-Assad, ainsi que sur un radar et des postes d’artillerie utilisés par l’armée. Israël a également lancé des frappes d’artillerie et de drones dans le sud de la Syrie, prenant pour cible les lanceurs qui ont servi à tirer les roquettes sur Israël.
Selon le quotidien, les efforts de Ghaani « pour unir les alliés de Téhéran constituent une escalade brutale » dans la guerre clandestine entre l’Iran et Israël, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de « faire le nécessaire pour empêcher l’Iran de se doter d’un arsenal nucléaire », même si cela doit être fait sans le consentement des États-Unis. Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu’Israël pourrait recourir à la force militaire pour atteindre cet objectif et s’est opposé avec véhémence à l’accord nucléaire de 2015 (JCPOA) et à toute tentative de le relancer.
À LIRE – Netanyahu : la paix avec les Saoudiens est la clef du conflit israélo-palestinien
Ces dernières années, Israël a également agi pour contrer le retranchement de l’Iran à ses frontières nord avec le Liban et la Syrie, et a mené de nombreuses frappes aériennes pour empêcher l’Iran de transférer des armes de pointe destinées au Hezbollah et à d’autres groupes via la Syrie.
Fin mars, des frappes attribuées à Israël en Syrie ont tué au moins deux conseillers militaires du CGRI.
En règle générale, l’armée israélienne ne fait pas de commentaires sur les frappes en Syrie, ce qui ne l’a pas empêché d’admettre avoir mené des centaines d’opérations contre des groupes soutenus par l’Iran qui tentaient de s’installer en Syrie, ces dix dernières années.
Par ailleurs, ces frappes aériennes attribuées à Israël ont à plusieurs reprises pris pour cible les systèmes de défense aérienne syriens.
Selon le Wall Street Journal, à la fin du mois dernier, Ghaani a tenu des réunions en Syrie avec des dirigeants de groupes terroristes palestiniens « pour discuter d’une éventuelle attaque coordonnée contre Israël », et leur aurait dit que l’Iran avait obtenu des informations sur des plans israéliens présumés pour agir contre le Hamas et le Jihad islamique palestinien en Syrie et au Liban.
Le général iranien les a exhortés à « agir rapidement » et a promis que l’Iran « fournirait les outils nécessaires pour mener des attaques afin de dissuader Israël de procéder à ses propres frappes », selon les personnes au fait de ces réunions.
Ghaani a déclaré « qu’il était important d’attaquer des cibles israéliennes dans les jours qui suivaient les frappes israéliennes qui avaient tué des conseillers iraniens en Syrie ».
Quatre jours avant que des roquettes ne soient tirées sur Israël depuis le Liban, en pleine fête de Pessah, Ghaani se trouvait à Beyrouth pour des réunions avec le Hamas et le Hezbollah afin de planifier l’attaque, selon l’article.
Ghaani a remplacé le général iranien Qassem Soleimani, qui a été tué il y a trois ans lors d’une attaque de missiles américains à Bagdad, opération à laquelle Israël aurait participé.
L’Iran a juré de venger sa mort. Soleimani, en tant que commandant de la Force Al-Qods, était réputé pour avoir aidé à armer, former et diriger des groupes terroristes dans toute la région, notamment les milices chiites en Irak, les combattants en Syrie et au Yémen, le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique palestinien. Les États-Unis le tiennent pour responsable de la mort d’un grand nombre de leurs soldats en Irak.
Ghaani, un vétéran de la guerre Iran-Irak et un commandant qui a joué un rôle clé dans le recrutement de milices chiites pour soutenir les forces d’el-Assad en Syrie, joue un rôle « plus discret et moins visible » que Soleimani, mais sa stratégie, comme l’a rapporté le Wall Street Journal, représente également « une menace croissante pour Israël – et un défi pour Washington à un moment où d’autres puissances telles que la Chine et la Russie tentent de jouer un rôle plus important au Moyen-Orient ».
La Chine a récemment négocié un accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour renouer des liens après une rupture de sept ans, signe de l’influence croissante de Pékin.
Ryad aurait été un ajout majeur aux Accords d’Abraham de 2020, négociés par les États-Unis, qui ont normalisé les liens entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn – un proche allié de l’Arabie saoudite – et le Maroc.
Selon l’article du Wall Street Journal, l’un des principaux objectifs de Téhéran dans la région est d’empêcher un rapprochement entre Israël et les pays voisins à majorité arabe.