Six roquettes tirées depuis la Syrie vers Israël ; l’armée riposte
Trois projectiles sont entrés sur le territoire, n'entraînant ni victime, ni dégât ; les résidents ont reçu l'ordre d'ouvrir les abris antiaériens et de rester dans les zones sûres
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Six roquettes ont été lancées depuis le sud de la Syrie vers le plateau du Golan, samedi soir et dimanche matin, dans deux tirs de barrage distincts qui ont eu lieu à quelques heures d’intervalle. Trois sont retombées sur le territoire israélien, a fait savoir l’armée.
Après le deuxième tir de barrage, l’armée israélienne a indiqué avoir lancé des frappes d’artillerie et de drones dans le sud de la Syrie, prenant pour cible les lanceurs qui ont servi à tirer les roquettes. L’armée de l’air israélienne a ensuite procédé à des bombardements supplémentaires aux abords de Damas, la capitale.
L’armée israélienne a précisé, samedi soir, que trois roquettes avaient été tirées. L’une d’entre elles a traversé la frontière et elle s’est abattue dans un champ situé à proximité de la ville israélienne de Meitsar. Les sirènes d’alerte ont été activées aux abords de la ville, a noté Tsahal.
L’un des deux autres projectiles est tombé sur le territoire syrien et l’autre en Jordanie.
« A 22h25 (19h25 GMT) samedi soir, une roquette a explosé en l’air dans la zone de Wadi Aqraba, près de la frontière syrienne, et ses débris sont tombés dans la même zone », a précisé l’armée jordanienne. Les débris « n’ont pas fait de victimes ni de dégâts », a ajouté cette source, affirmant « continuer de surveiller l’évolution de la situation dans la région ».
Le système de défense aérienne du Dôme de fer n’a pas été utilisé car les projectiles se dirigeaient vers une zone inhabitée, selon Tsahal.
Quelques heures plus tard, à environ trois heures du matin, trois roquettes supplémentaires ont été tirées depuis le sud de la Syrie vers les villes israéliennes du plateau du Golan, a expliqué l’armée.
L’un des projectiles a été intercepté par le Dôme de fer et un autre est retombé dans un champ, près des villes de Natur et d’Avnei Eitan. Le troisième n’a pas franchi la frontière.
Il n’y a eu ni blessé, ni dégâts, a fait savoir le Conseil régional du Golan qui a ordonné aux résidents du sud du plateau d’ouvrir les abris antiaériens, de rester à proximité des zones sûres et de suivre les instructions réactualisées du Commandement intérieur.
L’armée israélienne a aussi fait savoir qu’elle avait mené une frappe au drone contre les lanceurs utilisés pour tirer les roquettes depuis la Syrie. Elle a ajouté que ses avions avaient ultérieurement frappé un complexe militaire appartenant à la 4e division syrienne ainsi qu’un radar et un poste d’artillerie utilisé par les militaires syriens.
L’armée a ajouté qu’elle « considèrera l’État syrien comme responsable de tout ce qui arrivera depuis son territoire » et qu’elle ne permettra pas « des violations de la souveraineté d’Israël ».
L’agence de presse syrienne SANA, proche du régime du Bashar al-Assad, a confirmé qu’il y avait eu des dégâts entraînés par les frappes israéliennes aux abords de Damas. Elle n’a pas fait état d’éventuels blessés.
Une milice locale palestinienne appelée « Liwa al-Quad » – Brigade de Jérusalem – a revendiqué la responsabilité de ces attaques à la roquette, selon la chaîne libanaise Al Mayadeen, proche du Hezbollah.
Elle a fait savoir que la milice, qui a combattu aux côtés des forces du régime syrien au cours de la guerre civile qui déchire le pays depuis une décennie, avait lancé les roquettes en réponse aux heurts survenus sur le mont du Temple de Jérusalem, menaçant de répondre à toute agression israélienne avec force.
L’Etat hébreu a récemment intensifié ses raids en Syrie, visant notamment des positions de groupes pro-Iran, son ennemi numéro un.
Les tirs de samedi font suite à une escalade sans précédent sur le front israélo-libanais depuis 2006. Jeudi, une trentaine de roquettes avaient été tirées du Liban vers Israël, blessant une personne et causant des dégâts matériels.
L’armée israélienne a affirmé que les tirs, non revendiqués, étaient « palestiniens », et très vraisemblablement du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Le groupe terroriste chiite du Hezbollah a vraisemblablement donné son accord à ces tirs – surtout après que le mouvement libanais a indiqué « soutenir toutes les mesures » des groupes terroristes palestiniens contre Israël.
L’armée a riposté en menant des frappes à Gaza et dans le sud du Liban.
Cette nouvelle flambée de violences intervient après l’irruption brutale des forces israéliennes dans la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem mercredi, en plein ramadan, qui a suscité de nombreuses condamnations.
Plus tôt samedi, le ministre de la Défense Yoav Gallant (Likud) avait ordonné à l’armée de renforcer les forces de police dans le district du centre du pays, en raison d’une série d’attaques terroristes en Israël et en Cisjordanie.
Le nombre de troupes qui assisteront la police dans le centre d’Israël sera décidé par les responsables des forces de l’ordre et de l’armée, a indiqué le bureau de Gallant.
En outre, Gallant a ordonné à l’armée israélienne de prolonger la fermeture des points de passage de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza pour les Palestiniens.
La fermeture, pendant les premiers jours de Pessah, devait initialement durer de 17h mercredi à samedi soir, avec une autre fermeture le dernier jour de Pessah, à partir du 11 avril et jusqu’au 12 avril.
À la suite d’une évaluation, Gallant a ordonné que la fermeture soit prolongée jusqu’à minuit entre le 12 et le 13 avril.
Le bouclage empêchera également les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza d’entrer en Israël pour aller prier à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. Israël avait annoncé qu’il assouplissait les restrictions pour le ramadan, afin de permettre à certains Palestiniens d’entrer en Israël sans permis.
Vendredi soir, un touriste italien a été tué sur le front de mer de Tel-Aviv et sept autres personnes, âgées de 17 à 74 ans, blessées dans un attentat à la voiture bélier, dont certaines sont également italiennes.
D’après la police, le terroriste de 45 ans, abattu, était originaire de la ville arabe de Kfar Kassem, dans le centre d’Israël.
Trois personnes sont toujours à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv pour des blessures légères, a indiqué l’établissement.
Sur le lieu de l’attaque, des passants ont déposé des fleurs sur un drapeau israélien et d’autres ont allumé des cierges, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le président italien Sergio Mattarella a condamné un « acte terroriste ignoble » tandis que le pôle antiterroriste du parquet de Rome a ouvert une enquête.
Après cette attaque survenue un soir de Shabbat et pendant la semaine de Pessah, le Premier ministre Benjamin Netanyahu « a donné l’ordre à la police de mobiliser toutes les unités de réserve de la police aux frontières, et à [l’armée] de mobiliser des forces supplémentaires ».
La police a précisé que quatre bataillons de réserve de la police aux frontières seraient déployés dès dimanche dans des centres-villes, outre les unités déjà mobilisées dans la ville mixte de Lod et dans la région de Jérusalem.
Plus tôt vendredi, deux jeunes soeurs originaires d’Efrat, âgées de 15 et 20 ans et détentrices des nationalités israélienne et britannique, avaient été tuées et leur mère grièvement blessée dans une attaque palestinienne contre leur voiture en Cisjordanie. Leurs funérailles auront lieu dimanche après-midi.
L’AFP a contribué à cet article.