Israël frappe des cibles du Hamas au Liban et à Gaza en réponse aux roquettes
Tsahal a frappé des "infrastructures terroristes" au Liban, des tunnels et des sites d'armement à Gaza ; le cabinet de sécurité promet que ses ennemis payeront "le prix fort"
Israël a lancé des frappes aériennes dans la bande de Gaza dans la nuit de jeudi à vendredi, touchant une série de sites appartenant au groupe terroriste du Hamas, en représailles à un barrage de roquettes provenant de l’enclave palestinienne et du Liban, des attaques qu’Israël a imputé au Hamas.
Vendredi matin, à l’aube, Israël a également mené des frappes au Liban, ciblant des « infrastructures terroristes appartenant au Hamas » dans le sud du pays. Le Hamas est très présent dans les camps de réfugiés palestiniens du sud du Liban.
L’armée israélienne a affirmé dans un communiqué vendredi qu’Israël « n’autoriserait pas l’organisation terroriste du Hamas à opérer depuis le Liban et qu’il tenait l’État libanais pour responsable de tout tir dirigé vers Israël à partir de son territoire ».
La série de violences actuelle a débuté mardi à la suite d’affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et des Palestiniens à la mosquée Al-Aqsa sur le site du mont du Temple, lieu de tensions, dans la Vieille Ville de Jérusalem. Ils ont entraîné jeudi des tirs de roquettes en provenance de Gaza et, ce qui constitue une escalade importante, un barrage inhabituel de roquettes en provenance du Liban et dirigées vers le nord d’Israël. Ces heurts interviennent à un moment particulièrement sensible, alors que les Juifs célèbrent la fête de Pessah et les musulmans le mois sacré du Ramadan.
Des tensions similaires ont débordé en une guerre de 11 jours entre Israël et les dirigeants du Hamas à Gaza en 2021.
Vendredi à l’aube, au moins trois explosions ont été entendues dans la région de Tyr, dans le sud du Liban, selon des journalistes de l’AFP. « Deux obus au moins sont tombés près » d’un camp de réfugiés palestiniens près de la ville de Tyr, a déclaré à l’AFP un habitant du camp, Abou Ahmad, qui a dit avoir « entendu des explosions ».
Un missile est tombé sur la maison d’un agriculteur près du camp, causant des dégâts matériels, a indiqué un correspondant de l’AFP sur place.
Al-Manar, chaîne pro-iranienne du Hezbollah, a indiqué que les tirs avaient visé trois zones dans le sud du Liban, dont le camp de réfugiés.
Au cours de la nuit, Tsahal a déclaré avoir d’abord frappé deux tunnels exploités par le Hamas, deux sites de production d’armes et un lanceur de missiles antiaériens.
Le premier tunnel du Hamas frappé par Tsahal était situé près de la ville de Beit Hanoun, au nord de Gaza, a indiqué l’armée. Le second, près de la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, avait déjà été frappé lors de la guerre de Gaza de 2021. Tsahal aurait détecté des efforts récents pour le reconstruire.
« Les deux tunnels n’ont pas pénétré dans le territoire israélien et ne représentaient pas de menace pour les civils israéliens », a déclaré l’armée dans un communiqué, confirmant ainsi les frappes.
Les frappes visaient également deux sites qui seraient utilisés par le Hamas pour fabriquer des armes.
Tsahal a déclaré que ses frappes aériennes aux premières heures de vendredi étaient en réponse aux « violations de la sécurité par le Hamas » ces derniers jours.
Plus tard, aux premières heures vendredi matin, Tsahal a déclaré qu’un drone avait neutralisé une mitrailleuse lourde dans le nord de la bande de Gaza. Selon l’armée, cette arme aurait été utilisée pour tirer sur des avions israéliens lors des frappes au-dessus de l’enclave palestinienne, mais aussi pour atteindre le territoire israélien.
Des membres du Hamas ont également lancé des missiles antiaériens sur des avions israéliens.
Les missiles lancés à l’épaule ne représentent pas une menace pour les avions de chasse israéliens, mais ils déclenchent souvent les sirènes d’alarme signalant des roquettes imminentes dans le sud d’Israël.
En réponse à ces frappes, des terroristes palestiniens ont lancé d’autres roquettes sur le sud d’Israël vendredi matin, provoquant de nouvelles frappes aériennes israéliennes.
Lors de la deuxième série de frappes, vendredi matin, les avions de chasse ont détruit un puits abritant un site souterrain de production d’armes, trois autres sites de fabrication d’armes, un tunnel et une série de postes d’observation, tous appartenant au Hamas, a indiqué l’armée.
« Les frappes ont été menées en réponse aux violations de la sécurité commises par le Hamas ces derniers jours », a déclaré l’armée, en référence aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza et à un barrage de 34 roquettes tirées depuis le Liban vers le nord d’Israël jeudi, la plus importante attaque de ce type depuis 17 ans.
« Tsahal tient l’organisation terroriste du Hamas pour responsable de toutes les activités terroristes émanant de la bande de Gaza et elle devra faire face aux conséquences des violations sécuritaires contre Israël », a déclaré Tsahal.
Un porte-parole du Hamas a déclaré dans un communiqué de presse vendredi que la « résistance avait la capacité de repousser l’agression [d’Israël] contre notre peuple » et que l’organisation terroriste agirait comme « un bouclier et une épée pour notre peuple et la mosquée Al-Aqsa », où des affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi.
Dans un communiqué, le Hamas a déclaré qu’Israël était « responsable de cette agression et de ses conséquences » et a appelé tous les groupes palestiniens à s’unir contre « l’occupation ».
Israël « paiera le prix de ses crimes », a déclaré le porte-parole.
lsraeli warplanes launch an attack on Gaza. pic.twitter.com/NmJvLCCjJq
— TIMES OF GAZA (@Timesofgaza) April 6, 2023
Israël aurait été en contact avec l’Égypte, qui servirait de médiateur auprès des groupes terroristes basés à Gaza. Des responsables israéliens ont fait savoir au Caire que toute nouvelle escalade dépendrait de la réaction du Hamas et d’autres groupes aux frappes aériennes.
Jeudi en fin de journée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a convoqué le cabinet de sécurité de haut niveau pour discuter de l’évolution de la situation sécuritaire et déterminer la réponse d’Israël.
« Notre riposte […] fera payer le prix fort » aux ennemis d’Israël, a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué à l’issue d’une réunion du cabinet de sécurité, qui a duré environ trois heures.
Le communiqué ne contenait aucune autre information sur les décisions prises par les ministres.
Le ministre de la défense, Yoav Gallant, a tweeté : « La défense israélienne est prête à faire face à toute menace, sur n’importe quel front. »
Au début de la réunion du cabinet, Netanyahu a déclaré que les divergences internes actuelles au sein de la société israélienne n’entraverait pas la capacité du pays à répondre de manière ferme et significative à l’escalade de la violence, en référence à la crise nationale provoquée par les plans de son gouvernement de réformer le système judiciaire de manière radicale.
« Nous sommes tous – sans exception – unis sur ce point », a-t-il déclaré, ajoutant que le pays « ripostera à nos ennemis et qu’ils paieront le prix de chaque agression ».
« Nos ennemis apprendront une fois de plus que dans les moments où nous sommes mis à l’épreuve, les citoyens israéliens restent unis. »
Alors qu’Israël lançait ses frappes de représailles sur Gaza aux premières heures de la matinée de vendredi, des sirènes de tirs de roquettes ont retenti dans la ville de Sderot, dans le sud du pays, et dans d’autres villes voisines.
Des images partagées en ligne ont montré des missiles intercepteurs du Dôme de Fer au-dessus de la zone, engageant apparemment des roquettes lancées depuis la bande de Gaza.
Several Iron Dome interceptions near Sderot. pic.twitter.com/ujIZhnW2xy
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) April 6, 2023
Selon Tsahal, 44 projectiles, dont des roquettes et des missiles antiaériens, ont été lancés depuis Gaza sur le sud d’Israël au cours de la nuit.
Lors d’un briefing avec les journalistes, le porte-parole militaire Daniel Hagari a déclaré que neuf des roquettes n’avaient pas réussi à franchir la frontière et se sont écrasées dans l’enclave palestinienne. Douze ont été tirées vers la mer, 14 ont atterri dans des zones ouvertes en Israël, une a atterri dans une zone peuplée de la ville de Sderot, dans le sud du pays, et huit ont été interceptées par le système de défense antiaérienne du Dôme de Fer.
Hagari a déclaré que l’armée de l’air israélienne avait frappé plus de dix cibles du Hamas à Gaza en utilisant environ 50 tonnes de munitions.
En ce qui concerne les frappes de l’armée de l’air contre des cibles du Hamas au Liban, Hagari a déclaré que « le gouvernement libanais est responsable lorsque des roquettes sont lancées depuis son territoire, et même des tirs [de roquettes] par les factions palestiniennes du Hamas, nous ne permettrons pas au Hamas d’opérer depuis le Liban ».
Sherry Vazana, mère d’un petite fille de neuf mois dont la maison a été touchée dans la nuit par ce qui semble être une roquette à Sderot, a déclaré au site d’information Ynet qu’elle avait l’intention de quitter la ville avec sa famille en raison des bombardements.
« Pour nous, cela signifie qu’il faut quitter Sderot maintenant. Je ne veux pas élever ma fille dans un environnement nuisible à son équilibre mental, alors qu’elle n’a que neuf mois », a déclaré Sherry.
Bien qu’aucun des membres de la famille n’ait été blessé, la roquette a endommagé le salon de la maison et coupé l’électricité, a-t-elle ajouté.
שרי וזאנה משדרות שביתה נפגע הלילה מטיל: "ישנו בממד. ניצלנו. אני אעזוב את שדרות כבר מחר. לא רוצה לגדל את הבת שלי במצב הזה וכבר בגיל 9 חודשים להרוס את נפשה". pic.twitter.com/cJKtIh4tkS
— matan tzuri מתן צורי (@MatanTzuri) April 7, 2023
Roquettes dans le nord
Jeudi après-midi, des dizaines de roquettes ont été tirées depuis le sud du Liban et plusieurs ont été interceptées par le système de défense aérienne du Dôme de Fer dans le nord d’Israël, selon des responsables et l’armée. Au moins trois personnes ont été blessées.
Les autorités israéliennes ont déclaré que 34 roquettes avaient été tirées en direction de la frontière. Cinq d’entre elles ont atterri à l’intérieur d’Israël, quatre ont atteint des sites indéterminés et les autres ont été abattues par le système du Dôme de Fer.
C’est le plus grand nombre de roquettes tirées depuis le Liban depuis la guerre de 2006, au cours de laquelle des milliers de roquettes avaient été lancées sur Israël. En août 2021, le Hezbollah a tiré 19 roquettes sur le nord d’Israël.
La responsabilité de ces tirs n’a pas encore été revendiquée, et une source du Hezbollah a déclaré jeudi à la chaîne Al-Arabiya que le Hezbollah n’était pas impliqué dans les attaques à la roquette, rejetant apparemment la faute sur les groupes palestiniens basés dans la région. Il est cependant fort peu probable qu’ils aient agi ainsi sans l’approbation tacite du groupe terroriste soutenu par l’Iran, qui contrôle le sud du Liban.
Deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d’obus lors des tirs de roquettes.
Cette salve a été lancée quelques heures seulement après que le Hezbollah a déclaré qu’il soutiendrait « toutes les mesures » que les groupes palestiniens prendraient contre Israël suite aux affrontements qui ont eu lieu à la mosquée Al-Aqsa, sur le mont du Temple, à Jérusalem.
La police israélienne a affronté des Palestiniens à l’intérieur du troisième site le plus sacré de l’islam mardi soir et mercredi, ce qui a provoqué des tirs de roquettes et des frappes aériennes avec les terroristes de Gaza, et menace une nouvelle escalade. Il y a deux ans, des affrontements similaires avaient déclenché une guerre sanglante de 11 jours entre Israël et le Hamas.
L’avertissement du Hezbollah a réveillé le spectre d’un conflit encore plus large.
Depuis le début des affrontements, des roquettes sont tirées par intermittence depuis Gaza sur des communautés israéliennes. Israël a riposté en frappant des cibles dans la bande de Gaza. D’autres affrontements ont eu lieu depuis dans la mosquée d’Al-Aqsa, ainsi que dans plusieurs communautés arabes israéliennes.
Le barrage de roquettes en provenance du Liban a été lancé le lendemain de l’arrivée à Beyrouth du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, en « visite privée », selon des sources du Hamas. Selon les médias, il aurait rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Jeudi, Haniyeh a rencontré les dirigeants d’autres organisations palestiniennes, tandis qu’Israël menaçait de répondre par une opération militaire aux tirs de roquettes. Dans sa déclaration, Haniyeh a appelé « toutes les organisations palestiniennes à resserrer leurs rangs et à intensifier leur résistance contre l’occupation sioniste ».
Le Hezbollah entretient des liens étroits avec le Hamas, qui dirige Gaza, et avec le groupe palestinien du Jihad islamique, également basé dans l’enclave côtière.
L’AFP a contribué à cet article.