L’Iran se prépare à une guerre contre Israël en réponse à l’attaque de missiles – NYT
Une attaque sur des sites pétroliers ou nucléaires pourrait conduire Téhéran à riposter de peur de paraître faible, mais des frappes sur des dépôts d'armes ou sur des bases pourraient ne pas justifier de réponse

L’Iran se prépare à une guerre contre Israël tout en cherchant à l’éviter, selon un article publié jeudi, et ses prochaines actions seront déterminées par la réponse d’Israël à l’attaque aux missiles balistiques qui avait été lancée par Téhéran le 1er octobre, dont les grandes lignes auraient été approuvées ces derniers jours.
Citant quatre responsables iraniens, le New York Times rapporte que le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a ordonné aux Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran, de formuler de nombreux plans pour répondre à la riposte israélienne attendue depuis des semaines.
Les responsables – dont deux appartiennent au CGRI – ont déclaré que si Israël devait infliger des dégâts importants à des sites sensibles, tels que des installations pétrolières et nucléaires, ou s’il devait prendre pour cible de hauts responsables iraniens, l’Iran procéderait sans aucun doute à une nouvelle escalade.
Dans ce cas, l’Iran pourrait tirer un barrage de 1 000 missiles balistiques, ce qui représenterait un bond en avant considérable par rapport aux 200 missiles tirés le 1er octobre, ou même perturber l’approvisionnement énergétique mondial et les routes commerciales internationales.
Toutefois, si Jérusalem devait limiter sa riposte à la frappe d’entrepôts d’armes ou de bases militaires, Téhéran pourrait conclure qu’il est dans son intérêt de ne rien faire, ce qui mettrait fin à la dernière série de conflits directs entre les deux pays.
On pensait auparavant qu’Israël envisageait d’attaquer les infrastructures pétrolières ou les sites nucléaires iraniens, deux mesures auxquelles les États-Unis sont opposés en raison de leur potentiel d’escalade dans les combats, y compris avec de possibles représailles iraniennes visant les infrastructures civiles en Israël ou dans d’autres pays de la région alignés sur l’Occident.

Les dirigeants iraniens affirment publiquement qu’ils ne cherchent pas à entrer dans une guerre régionale totale, et le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a effectué une tournée régionale intense la semaine dernière pour insister sur ce point. Toutefois, ils craignent également de paraître faibles, selon l’article, et un coup dur porté par Israël pourrait les rendre vulnérables et leur donner l’impression qu’ils doivent réaffirmer leur domination dans la région.
Les efforts de l’Iran pour paraître fort malgré les coups durs portés à ses mandataires, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, sont apparus dans les menaces qu’il a proférées à l’encontre d’Israël et de ses alliés, alors même qu’Araghchi tentait de rassurer le monde sur le fait que l’escalade était la dernière chose souhaitée par Téhéran.
Le chef du CGRI, Hossein Salami, a prévenu jeudi que même avec l’aide d’un système de défense antimissile américain avancé qui a été récemment installé en Israël, celui-ci ne serait pas en mesure de parer aux futures attaques de Téhéran.
« Tout comme les systèmes antimissiles Arrow n’ont pas fonctionné lors de l’Opération Vraie Promesse 2, les systèmes THAAD ne fonctionneront pas non plus. Ne comptez pas sur le THAAD, ses capacités sont limitées », a déclaré Salami, cité par l’agence de presse russe TASS.
L’Iran a baptisé son attaque du 1er octobre « Opération Vraie Promesse 2 », après celle d’avril, qu’il avait nommée « Opération Vraie Promesse 1 ».
Le THAAD (Terminal High Altitude Area Defense System) est un élément essentiel des systèmes de défense anti-aérienne à plusieurs niveaux de l’armée américaine et il vient s’ajouter aux défenses antimissiles déjà redoutables d’Israël.
« Vous ne pouvez pas gagner ce conflit, nous vous détruirons », a menacé Salami.
La République islamique s’est préparée à des représailles israéliennes après sa dernière attaque directe contre Israël, au cours de laquelle elle a tiré 200 missiles balistiques qui ont envoyé la majeure partie d’Israël dans des abris anti-aériens, le 1er octobre. Les frappes avaient entraîné la mort d’un Palestinien en Cisjordanie et causé des dégâts dans des zones résidentielles et sur des bases militaires – bien que l’armée ait déclaré que l’attaque n’avait pas eu d’impact opérationnel.

L’Iran a déclaré que cette attaque était une réponse aux frappes menées au Liban, qui ont éliminé le mois dernier le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et une grande partie de la direction du groupe terroriste chiite libanais, et qu’elle répondait aussi à l’élimination du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran en juillet, qui a été largement imputé à Israël en dépit de son silence sur la question.
Les plans de représailles d’Israël auraient été mis à mal récemment après la divulgation, vendredi dernier, de documents américains confidentiels sur la question, révélant des observations américaines sur les mesures prises par l’armée de l’air israélienne les 15 et 16 octobre dans la perspective d’une attaque.
Alors que des médias indiquaient qu’Israël avait été contraint de changer de tactique et de retarder ses plans à la suite de cette fuite, la radio de l’armée a cité jeudi un responsable israélien anonyme qui a insisté sur le fait que ce n’était pas le cas.
« Il n’y a aucun lien entre la fuite des documents du Pentagone et le choix du moment de l’attaque contre l’Iran », a assuré ce responsable.
Bien que plusieurs options aient été discutées, le fonctionnaire a déclaré qu’aucune date définitive n’avait été fixée pour la réponse d’Israël et que la décision serait prise « en fonction des opportunités opérationnelles ».
Parallèlement, la chaîne publique Kann a rapporté jeudi que l’armée de l’air israélienne avait achevé ses préparatifs en vue des représailles et qu’elle attendait maintenant que les dirigeants politiques les mettent en œuvre.
Les plans ont été approuvés par le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzl Halevi, et par le ministre de la Défense Yoav Gallant, a déclaré un responsable de la sécurité à Kann, et il ne reste plus qu’à décider du moment opportun pour lancer l’attaque.