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Loi sur le Hametz : Un hôpital confisque les biscuits d’une femme enceinte

Un gardien de l'hôpital Laniado, à Netanya, aurait empêché l'entrée des gaufres amenées par la jeune femme quelques jours avant le début de Pessah

L'hôpital Laniado, également connu sous le nom de centre médical Sanz, à Kiryat Sanz dans la ville côtière de Netanya, le 26 mars 2020. (Crédit : Gili Yaari / Flash90)
L'hôpital Laniado, également connu sous le nom de centre médical Sanz, à Kiryat Sanz dans la ville côtière de Netanya, le 26 mars 2020. (Crédit : Gili Yaari / Flash90)

Un garde d’un hôpital du centre d’Israël a confisqué les biscuits non-casher d’une femme enceinte qui se rendait dimanche dans l’établissement, à quelques jours du début de la fête de Pessah, alors même que les centres hospitaliers de tout le pays se préparent à mettre en œuvre la nouvelle « loi sur le hametz » qui a été adoptée à la Knesset la semaine dernière.

La loi interdit le hametz (les produits alimentaires levés) dans les hôpitaux pendant toute la semaine de Pessah – une semaine durant laquelle les Juifs pratiquants évitent de consommer ces produits – et elle laisse aux directeurs des centres hospitaliers la possibilité « d’utiliser leur propre jugement sur la manière d’avertir les visiteurs et les personnels » de cette interdiction, soit en publiant leur politique sur leur site Internet ou à l’aide d’une signalisation installée à l’entrée des bâtiments. Toutefois, la législation n’autorise pas explicitement la fouille des malades ou des visiteurs.

Pessah commencera cette année dans la soirée du 5 avril.

Plusieurs grands hôpitaux du pays ont indiqué qu’ils mettraient des panneaux signalant l’interdiction mais qu’ils ne fouilleraient pas les sacs et autres effets personnels pour la faire respecter. Certains ont dit qu’ils créeraient des espaces réservés ou des consignes pour tous ceux qui souhaitent conserver des produits alimentaires levés en les récupérant à la sortie.

Mais selon la Douzième chaîne, un employé qui était stationné dimanche à l’entrée de l’hôpital Laniado, une clinique religieuse privée de Netanya, a empêché une femme enceinte, dont la grossesse est à haut-risque, d’entrer dans l’établissement avec un paquet de gaufres qui n’étaient pas casher pour Pessah. Elle a été sommée de laisser les biscuits à l’extérieur. La clinique a été fondée en 1976 par le rabbin Yekutiel Yehuda Halberstam et elle appartient au mouvement hassidique de Sanz, même si elle bénéficie de financements publics.

« La fête n’a même pas commencé. Et il n’y a rien dans la loi qui précise qu’il faut laisser les produits alimentaires à l’extérieur. L’hôpital agit en violation de la loi », a commenté l’époux de la jeune femme, furieux, devant les caméras de la Douzième chaîne. « Mais où l’hôpital est-il allé chercher cette liberté ? »

Le mari, dont l’identité n’a pas été révélée, a indiqué qu’une tente avait été dressée à l’entrée de l’hôpital et que les patients et les visiteurs devaient y laisser tout produit alimentaire non-casher pour Pessah en échange d’un ticket permettant de récupérer les produits ultérieurement.

« Ils lui ont dit : ‘Vous avez avec vous des produits qui ne sont pas casher pour Pessah, laissez-les à l’extérieur et vous aurez un ticket, vous pourrez entrer dans l’hôpital’. Elle connait actuellement une grossesse à haut-risque et cela n’a pas de sens qu’elle doive aller en urgence bénéficier d’un traitement, sans alimentation qui lui permette de tenir toute la journée », a-t-il ajouté, expliquant que son épouse devait se rendre à l’hôpital pour y recevoir des soins toutes les deux semaines pendant toute la durée de sa grossesse.

« C’est un acte illégal et contraire à la loi sur le hametz. C’est tout simplement scandaleux », s’est-il exclamé. Il s’est tourné – en vain – pour obtenir des explications de la part des administrateurs de la clinique, a-t-il souligné.

À Haïfa, l’hôpital Rambam n’a pas annoncé s’il demanderait aux gens de laisser derrière eux leurs produits alimentaires non-casher pour pouvoir entrer dans le bâtiment. En revanche, de gros panneaux placés près des portes signalent que des casiers ont été installés pour que les malades et les visiteurs puissent y laisser leurs produits alimentaires levés.

Des panneaux placés après l’adoption de la loi sur le hametz à la Knesset à l’hôpital Rambam de Haïfa, le 28 mars 2023. (Autorisation : Rambam Medical Center)

Dans la liste des grands hôpitaux qui ont été contactés par le Times of Israel, c’est Rambam qui semble avoir opté pour l’approche la plus stricte contre le hametz. Ses panneaux comprennent des instructions sur « l’interdiction » du hametz, ajoutant que la loi israélienne « bannit » les produits au levain dans le cadre du centre hospitalier.

Ils expliquent que « l’hôpital est soumis à la pleine certification de la casheroute pour Pessah et si cette casheroute devait être violée, cela pourrait empêcher les personnes religieuses d’obtenir les services médicaux dont ils ont besoin ».

Dans une période déjà tendue en raison de l’initiative de réforme du système judiciaire qui a été prise par le gouvernement et face aussi à la recrudescence des attaques terroristes, d’autres centres hospitaliers espèrent pouvoir éviter les conflits sur les produits alimentaires non-casher.

Le professeur Ronni Gamzu, directeur-général du centre Sourasky-Ichilov à Tel Aviv, a mis en garde contre d’éventuelles provocations dans la sphère publique, notamment dans les hôpitaux publics comme Ichilov.

Dans un tweet officiel, Gamzu a indiqué qu’Ichilov était une institution publique respectueuse de la tradition juive. En même temps, il a clairement établi que « nous n’avons jamais contrôlé l’introduction, dans l’hôpital, de hametz en fouillant les sacs et nous ne le ferons pas cette année ». Il a appelé au respect mutuel entre les Israéliens concernant les différences religieuses.

D’autres hôpitaux ont émis des communiqués annonçant qu’ils respecteraient la loi, sans donner de détail sur la manière dont ils le feraient. Ils ont pris soin de souligner leur dévouement à l’égard des malades, indépendamment de leurs origines ethnique ou religieuse.

Une vue de l’hôpital Ichilov à Tel Aviv, le 10 novembre 2018. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Du côté de l’hôpital Shaare Zedek à Jérusalem, l’accent a été mis sur 120 années d’existence basée sur la nécessité « de préserver le respect mutuel entre tous les secteurs au sein d’un tissu humain unique et à multiples facettes à Jérusalem, un respect qui a permis à l’hôpital de trouver le juste équilibre permettant aux personnes de vivre les unes à côté des autres et non au détriment les unes des autres ».

Un porte-parole du centre hospitalier a aussi rapidement ajouté que les gardiens n’inspecteraient pas les effets personnels des patients ou des visiteurs.

À Jérusalem également, l’hôpital Hadassah a fait référence à son « esprit » et à ses « valeurs » qui, selon lui, « ont entraîné l’excellence des soins et un traitement personnalisé », avec une prise en charge réservée « à des patients de tous les groupes ethniques, de toutes les communautés et de toutes les personnalités, avec le respect de toutes les croyances religieuses ».

Au moment de l’écriture de cet article, l’hôpital Sheba de Tel Hashomer — le plus grand hôpital de tout le territoire israélien – n’avait pas encore diffusé de communiqué sur la manière dont il se conformerait à la nouvelle loi. Un porte-parole a expliqué que le centre hospitalier était en train de finaliser son plan pour répondre à la problématique et qu’une vidéo de relations publiques qui sera partagée avec le public sera rapidement mise à disposition.

Du pain en vente au supermarché Rami Levy à Jérusalem, le 17 juillet 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La nouvelle loi sur le hametz avait été parrainée par le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, indigné par un arrêt de la Haute Cour de justice de 2020 qui interdisait aux hôpitaux de fouiller les sacs pour vérifier la présence de hametz, en réponse à des pétitions décrivant ces fouilles comme invasives et intrusives d’un point de vue religieux. La Cour avait étendu sa décision aux bases militaires l’année dernière.

Une version antérieure de la législation qui a été finalement adoptée interdisait l’entrée dans les hôpitaux israéliens de tous les produits alimentaires qui n’étaient pas des produits frais ou emballés sous « l’étiquette casher pour Pessah », y compris les plats faits maison.

Les personnels et les employés des hôpitaux, qui sont nombreux à ne pas être Juifs, auraient ainsi pu avoir l’interdiction d’amener leur déjeuner préparé par leurs soins au travail si le projet de loi avait été adopté sous sa forme originale.

La lutte sur le hametz dans les hôpitaux dépasse largement la fête et elle est devenue un symbole pour les Juifs religieux et laïcs dans leur combat sur la place que doit occuper, selon eux, la religion au sein de l’État juif. Ses opposants disent que l’interdiction viole leur liberté en exerçant une coercition religieuse et ses partisans déclarent qu’elle permet aux patients religieux d’avoir un environnement casher pendant la fête, un environnement qui, le cas échéant, pourrait être contaminé par les produits au levain.

Le conflit avait atteint son paroxysme au mois d’avril dernier, quand le conflit sur le hametz et son lien avec les valeurs religieuses de l’État avait entraîné la défection d’un membre de la coalition précédente, qui ne bénéficiait que d’une maigre majorité. Cela avait été le coup d’envoi d’une dégringolade de trois mois qui devait, à terme, entraîner l’effondrement du gouvernement en place.

L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.

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