Israël en guerre - Jour 435

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L’ONU redonne vie aux marais de Gaza autrefois étouffés par la pollution

Le Programme de développement a aidé à enlever 35 000 tonnes de déchets du Wadi Gaza alors que l'eau fraîche afflue d'une nouvelle usine de traitement

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Une section nettoyée du Wadi Gaza. (Crédit : UNDP/PAPP image bank -- Shareef Sarhan)
Une section nettoyée du Wadi Gaza. (Crédit : UNDP/PAPP image bank -- Shareef Sarhan)

Le seul marais de la bande de Gaza est lentement en train de revenir à la vie.

Ce qui n’est pas seulement une bonne chose pour les écosystèmes de Gaza, fortement mis à mal, et pour 500 millions d’oiseaux qui migrent deux fois par an à travers Israël et les territoires palestiniens.

Cela signifie aussi qu’un site verdoyant consacré aux loisirs et à la détente, long de neuf kilomètres, est en train de prendre forme.

Ce sont 35 000 tonnes de détritus qui ont été enlevés de cette zone humide – connue sous le nom de Wadi (Vallée de) Gaza – et l’eau afflue à nouveau grâce à une usine de traitement des eaux usées qui a été construite par l’Allemagne.

« Beaucoup de gens viennent par curiosité et pour se dégourdir les jambes », déclare au Times of Israel Yvonne Helle, qui dirige ce projet de réhabilitation de la vallée pour le compte des Nations unies.

« C’est un lieu idéal pour regarder les oiseaux, pour randonner, pour se retrouver, pour passer du temps de manière saine. Et c’est vraiment un endroit important où les femmes peuvent aller se relaxer – jusqu’à présent, elles n’avaient que la plage. »

Palestiniens sur la plage de Gaza Ville, le 21 septembre 2017. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Avec plus de deux millions de personnes – la majorité vit sous le seuil de pauvreté et ne travaille pas – la bande de Gaza est l’un des endroits les plus densément peuplés de toute la planète.

Elle est placée sous blocus depuis 18 ans par Israël et l’Égypte – depuis que le groupe terroriste islamiste du Hamas, qui a promis de détruire l’État d’Israël, y a pris le pouvoir qui se trouvait entre les mains du Fatah, le principal parti de l’Autorité palestinienne. L’État juif déclare que ce blocus est nécessaire pour limiter les capacités du Hamas à s’armer dans le but de commettre des attentats contre les citoyens israéliens.

L’enclave côtière fait habituellement les gros titres en raison des tirs de roquettes menés par le Hamas ou le Jihad islamique palestinien en direction d’Israël, ou parce qu’Israël a mené des raids aériens de représailles contre des cibles terroristes dans la bande.

Mais derrière ces Unes, l’environnement est dans un état lamentable au sein de Gaza – et le Wadi Gaza, qui se trouve en son centre, ne faisait pas exception dans le passé.

Au cœur de Gaza, ces zones humides sont naturellement alimentées par des sources nourries par l’eau de pluie et situées à plus de 100 kilomètres de distance à l’Est, dans les collines situées à proximité de Hébron, en Cisjordanie. L’eau traverse Gaza en zigzaguant avant de se jeter dans la mer Méditerranée.

Mais alors que l’eau est rare dans la région et que les réservoirs israéliens en détournent une grande partie avant qu’elle n’arrive à l’enclave, ces marais sont restés secs depuis des années, seulement alimentés par l’eau tombée du ciel pendant les hivers pluvieux quand Israël ouvrait ses barrages ou faisait des opérations de maintenance.

Avec les zones urbaines qui ont donné un nouveau visage à la vallée, les populations ont transformé ces terres autrefois fertiles et florissantes en décharge pour les ordures remplie de moustiques – recueillant toutes sortes de déchets, allant des vieux appareils électriques aux meubles, en passant par les eaux usées.

Avant le nettoyage : le Wadi Gaza rempli d’ordures et d’eaux usées. (Crédit : UNDP/PAPP image bank)

« L’odeur était terrible », se rappelle Helle. « C’était un égout à ciel ouvert. Il n’y a plus d’odeur aujourd’hui. »

Le Programme de développement de l’ONU (UNDP) espère que la réhabilitation du Wadi offrira un espace de nature très nécessaire pour les Gazaouis, en plus d’emplois dans des secteurs variés – agriculture, tourisme, petites entreprises…

L’organisation a finalisé un plan-directeur en 2019 qui a souligné cinq secteurs à placer au cœur de ce développement, et sa mise en œuvre a été lancée l’année dernière.

Parmi les structures envisagées qui seront construites, des terrains de jeu, des cafétérias, un restaurant, des parkings, un musée de la biodiversité, un jardin botanique, des postes d’observation pour les amoureux des oiseaux, un espace de sport doté notamment d’un gymnase et de courts de tennis, un parc de loisirs et un site qui accueillera les campeurs.

Jusqu’à présent, selon Helle, qui est la représentante spéciale du Programme d’assistance au peuple palestinien (PAPP), toutes les ordures ont disparu du Wadi et les équipes tamisent actuellement le sable pour retrouver les déchets en plastique qui sont plus difficiles à apercevoir.

La même section polluée du Wadi Gaza que sur la photo ci-dessus après une opération de nettoyage majeure. (Crédit : UNDP/PAPP image bank)

Dans le cours de l’année, la première section d’une digue qui protègera contre les inondations sera construite et plus de 40 000 mètres-carrés seront agrémentés de 15 espèces d’arbres originaires de la région.

Pendant toutes les années 2024 et 2025, les travaux de protection contre les inondations et de boisement continueront, des systèmes d’éclairage à l’énergie solaire seront installés et des programmes en direction de la communauté seront développés de manière plus approfondie.

L’UNDP a d’ores et déjà fait appel à des influenceurs, sur les réseaux sociaux, pour assurer la promotion du site – et afin qu’un grand nombre de jeunes commencent à s’y rendre, explique Helle.

Yvonne Helle, qui dirige le projet de l’ONU de réhabilitation des marais de Gaza, lors d’une opération de reboisement, le 8 mars 2022. (Crédit : UNDP/PAPP Image Bank)

L’organisation assure des visites guidées pour des groupes – qui vont de groupes de femmes aux délégués de missions internationales – et elle distribue aux participants des boules d’argile remplies de semences de végétaux originaires de Gaza qui à mettre sous terre pour encourager le retour de la flore.

Les représentants des cinq municipalités qui bordent la vallée travaillent dorénavant ensemble, aux côtés des responsables palestiniens chargés de la gestion côtière et de la gestion de l’eau et aux côtés également des représentants du gouvernement allemand – un pays qui œuvre, depuis des années, à améliorer l’approvisionnement en eau dans l’enclave.

Parvenir à rassembler toutes les parties concernées est considéré comme un capital pour assurer la bonne gestion du Wadi et sa propreté dans les années à venir.

Une autre section du Wadi Gaza avant et après des travaux de nettoyage. (Crédit : UNDP/PAPP image bank)

Après 20 ans de planification, une nouvelle usine de traitement des eaux usées dernier cri avait été construite par l’Allemagne pour prendre en charge les égouts d’un million de Gazaouis. Elle a commencé ses opérations au début de l’année 2021.

Elle devrait rejeter 60 000 mètres-cubes par jour dans le Wadi dans un premier temps – une quantité qui pourrait ensuite être multipliée par deux.

Alors qu’une eau traitée et fraîche affluera dans la mer, ce sont les plages situées à l’entrée du Wadi qui seront dorénavant propres et sûres.

« L’eau – qui est soumise à trois niveaux de purification – est d’une telle qualité qu’elle est meilleure que tout ce que nous avons pu avoir depuis longtemps », s’exclame Helle.

« Du moment que l’eau est présente de manière permanente dans un endroit, ce sont la faune et la flore qui changent », ajoute-t-elle. « Ces jours-ci, nous espérons qu’avec une flore qui évolue, nous verrons la faune évoluer de la même façon ».

Des oiseaux migrateurs dans un ciel nuageux au-dessus de Beyrouth, la capitale du Liban, le 5 octobre 2015. (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar)

L’UNDP a d’ores et déjà réalisé une étude initiale sur les oiseaux migrateurs qui lui permettra d’évaluer au mieux les changements susceptibles de survenir dans cette population d’oiseaux – elle s’est d’ailleurs tournée vers l’UNESCO concernant un projet qui examinerait en profondeur le retour de ces espèces, qui ne s’attardaient plus guère dans le Wadi.

Elle espère d’ailleurs aider à faire inscrire le Wadi sur la liste provisoire des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO – voire de lui faire intégrer la liste permanente.

Au vu des infrastructures électriques de la bande – qui ont subi les pénuries de carburant et les guerres – les Allemands ont équipé l’usine de traitement des eaux usées d’énergies de réserve en s’appuyant notamment sur le biogaz et sur l’énergie solaire.

Toutefois, de nombreux autres facteurs sont susceptibles de ralentir, voire de réduire à néant les avancées accomplies.

Les ouvriers du Wadi Gaza cherchent les débris de plastique dans le sable. (Crédit : UNDP/PAPP – Shareef Sarhan)

Parmi ces facteurs, la situation géopolitique complexe, des parties intéressées qui tentent de se saisir de parcelles de terrain, dans la vallée, pour le commerce et l’agriculture et les difficultés rencontrées dans l’importation de matériaux. Israël restreint parfois les entrées, au sein de l’enclave côtière, de matériaux de construction qui pourraient être détournés par les groupes terroristes palestiniens à des fins militaires.

Il y a aussi des problèmes de budget : 9,3 millions de dollars seulement ont été collectés sur une somme totale de 50 millions de dollars auprès des gouvernements norvégien, belge et japonais.

« Pour que nous puissions continuer, nous devons mobiliser des financements », explique Helle. « C’est un programme complexe avec beaucoup d’éléments à prendre en compte, des éléments qui changent en permanence ».

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