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L’ONU va voter un texte condamnant Israël ; Washington veut condamner le Hamas

Le texte demande des mesures pour protéger les civils palestiniens ; les Etats-Unis et Israël ont critiqué le texte qui ne mentionne pas le Hamas, qu'ils tiennent pour responsable

L'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, à gauche, et l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon lors d'une réunion du Conseil de Sécurité le 18 décembre 2017 à New York (Crédit :  Drew Angerer/Getty Images/AFP)
L'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, à gauche, et l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon lors d'une réunion du Conseil de Sécurité le 18 décembre 2017 à New York (Crédit : Drew Angerer/Getty Images/AFP)

L’Assemblée générale de l’ONU vote mercredi sur un projet de résolution condamnant Israël après les émeutes frontalières à Gaza, un texte auquel les Etats-Unis sont farouchement opposés.

Les pays arabes, qui soutiennent le projet, se sont tournés vers l’Assemblée générale après que Washington a recouru à son veto au Conseil de sécurité pour bloquer une résolution décrite par son ambassadrice, Nikki Haley, comme étant « grossièrement biaisée » contre Israël.

Le texte appelle à l’adoption de mesures pour protéger les civils palestiniens, après qu’au moins 129 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par des tirs israéliens depuis le début, fin mars, d’émeutes le long de la clôture frontalière. Aucun Israélien n’a été tué. Le Hamas a reconnu que 50 de ses membres figuraient parmi les morts.

Les Etats-Unis et Israël ont vivement critiqué le texte au motif qu’il ne mentionnait pas le groupe terroriste islamiste du Hamas, qui contrôle Gaza.

Le texte déplore un usage « excessif, disproportionné et indiscriminé de la force par les forces israéliennes contre les civils palestiniens » mais critique aussi « le tir de roquettes de la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes ».

Pour tenter de contrer l’initiative arabe, les Etats-Unis vont introduire un amendement condamnant le Hamas pour le tir de roquettes sur Israël et pour avoir « incité à la violence » le long de la frontière, selon un texte consulté par l’AFP.

Des Palestiniens tirent sur un câble attaché à une clôture en fil barbelé dans le but d’abattre une section de la clôture avec Israël, lors d’affrontements frontaliers à l’est de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, le 8 juin 2018. (AFP Photo/Said Khatib)

« Toute résolution axée sur la protection des civils à Gaza doit reconnaitre les actions déstabilisantes et dévastatrices du Hamas, qui met en danger la vie de civils innocents », a écrit Haley dans une lettre adressée à ses confrères de l’ONU.

Cet amendement condamnera aussi le Hamas pour le détournement de ressources, qu’il utilise pour construire des tunnels visant à s’infiltrer en Israël, et se procure des équipements pour tirer des roquettes. Il évoque également « la sérieuse préoccupation » quant à la destruction du point de passager vers Israël de Kerem Shalom « par des acteurs à Gaza ».

Haley a indiqué que l’amendement n’est pas sujet à controverse, et qu’il condamnait simplement une « attitude que nous devrions tous reconnaitre comme néfaste pour le peuple palestinien ».

« Le Hamas n’est pas mentionné une fois dans le texte », a déploré Haley. « Cette omission devrait être inacceptable pour tous les Etats-membres, étant donné que le Hamas a tiré plus de 100 roquettes sur Israël le mois dernier, provoqué un important soulèvement, et bloqué l’influx d’aide humanitaire destiné au peuple palestinien ».

Après une escalade des tensions frontalières il y a deux semaines, le groupe terroriste du Hamas et le Jihad islamique palestinien ont lancé plus de 70 roquettes et des obus de mortiers sur Israël, suscitant la riposte israélienne.

Quatre israéliens ont été blessés, notamment un soldat, des projectiles ont atterri dans la cour d’une école maternelle, une heure avant l’arrivée des enfants, ainsi que dans le jardin d’une famille qui avait passé la nuit dans une pièce blindée.

Selon Haley, l’ONU ne devrait pas avoir de mal à condamner ces actions.

L’ambassadeur d’Israël à l’ONU Danny Danon a « salué » l’amendement américain. L’empressement avec lequel les autres pays condamnent Israël, et leur refuse de condamner le Hamas, a-t-il dit, est une expression de leur hypocrisie.

L’envoyé d’Israël auprès des Nations Unies Danny Danon s’adresse à l’Assemblée générale avant le vote sur Jérusalem, le 21 décembre 2017, au siège de l’ONU à New York. (AFP/Eduardo Munoz Alvarez)

« C’est méprisable qu’un pays envisage de voter pour une résolution condamnant Israël, et refuse dans le même temps de condamner le Hamas », a dit Danon. « Une telle attitude est, au mieux, hypocrite, et au pire, elle revient à renforcer ouvertement une organisation classée terroriste dans le monde entier, responsable de la mort d’innombrables innocents. »

L’Assemblée de 193 pays votera d’abord sur l’amendement américain avant de passer au texte entier, présenté par l’Algérie et la Turquie au nom de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Des diplomates s’attendent au rejet de l’amendement américain et à l’adoption de la résolution soutenue par les pays arabes. Reste à savoir combien de voix elle récoltera au vu de la forte opposition des Etats-Unis.

Contrairement à celles du Conseil de sécurité, les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas contraignantes et il n’y a pas de veto. La session commencera à 15H00 (19H00 GMT) mais plusieurs responsables doivent s’exprimer avant le vote.

« Gaza n’est pas Jérusalem »

Le président américain Donald Trump signe la déclaration de reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, à la Maison Blanche, le 6 décembre 2017. (Crédit : Chip Somodevilla/Getty Images via JTA)

L’Assemblée générale de l’ONU avait tenu un vote tout aussi conflictuel sur le conflit israélo-palestinien en décembre, quand elle avait rejeté la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer l’ambassade de son pays.

Nikki Haley avait averti à l’époque que Washington était en train de « noter les noms » des pays ayant soutenu la résolution, adoptée à 128 voix contre 9, avec 35 abstentions.

Soutenus par les pays arabes, les Palestiniens font du lobbying pour rallier autant de voix que celles rassemblées pour le vote sur Jérusalem. Mais des diplomates occidentaux s’attendent à un grand nombre d’abstentions.

« Gaza n’est pas Jérusalem », a dit l’un d’entre eux, affirmant que le consensus était plus fort sur la nécessité d’une solution négociée sur Jérusalem que sur la responsabilité des morts palestiniens à Gaza.

Le résultat du vote sera une indication de l’opinion globale sur la crise israélo-palestinienne, alors que l’impasse persiste au Conseil de sécurité sur les moyens de répondre à la violence.

Israël et le Hamas se sont livré trois guerres, et l’ONU a averti qu’un quatrième conflit pourrait facilement éclater.

Si elle est adoptée, la résolution chargerait le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres de préparer des propositions en vue d' »un mécanisme de protection international » pour les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.

Ces propositions pourraient aller de la mise en place d’une mission d’observation à une véritable force de maintien de la paix, mais chacune de ces options devrait nécessairement être approuvée par le Conseil de sécurité, où Washington a un droit de veto.

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