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L’Opéra de Vienne revient à la création avec une oeuvre politique anti-extrême

"Le mal dans cet opéra est le mal politique", explique le dossier de presse de cette pièce inspirée par "le virage à droite de l'Europe" et de la présence du FPÖ au pouvoir

Le compositeur autrichien Johannes Maria Staud, à gauche, et le librettiste allemand évoquent "Die Weiden" (The Willows) qui se jouera à l'opéra de Vienne pendant un entretien avec l'AFP, le 4 décembre 2018 (Crédit : JOE KLAMAR / AFP)
Le compositeur autrichien Johannes Maria Staud, à gauche, et le librettiste allemand évoquent "Die Weiden" (The Willows) qui se jouera à l'opéra de Vienne pendant un entretien avec l'AFP, le 4 décembre 2018 (Crédit : JOE KLAMAR / AFP)

Quand l’Opéra de Vienne, temple du répertoire, s’aventure dans la création contemporaine, il ne fait pas les choses à moitié : sa nouvelle production, la première en huit ans, s’inspire de la montée des extrêmes droites en Europe.

La première, samedi soir, de l’opéra « Die Weiden » (« Les saules ») était un événement pour la vénérable institution qui fêtera ses 150 ans en 2019.

S’il s’agit d’une des scènes d’art lyrique les plus prestigieuses au monde, le Wiener Staatsoper n’est pas réputé pour son audace, privilégiant les grandes pièces du répertoire qui lui permettent d’afficher quasi complet à chaque représentation.

Le compositeur autrichien Johannes Maria Staud et le librettiste allemand Durs Grünbein s’attendent d’ailleurs à ce que leur création « divise » un public passionné de musique, mais aux goûts plutôt traditionnels, ont-ils confié à l’AFP.

« Nous n’avons pas cherché à attiser les divisions entre les gens, note toutefois le compositeur âgé de 44 ans. Parce que ce sont précisément ces divisions que les populistes veulent générer au sein de la société ».

En 135 minutes, « Die Weiden » embarque les spectateurs avec un couple d’amoureux, Lea et Peter, de retour dans la patrie du jeune homme, au bord d’un fleuve, où ils découvrent une communauté en plein malaise, gangrénée par la peur de l’étranger et la suspicion.

Le décor idyllique et pittoresque dévoile progressivement des êtres obscurs, rétrogrades tandis que la distance s’installe entre Peter et Lea.

Besoin « existentiel »

« Le mal dans cet opéra est le mal politique », explique le dossier de presse à propos de cette pièce inspirée par « le virage à droite de l’Europe ».

Une touche de modernité supplémentaire est apportée par le recours à des sons électroniques qui complètent la performance orchestrale. Les auteurs se sont appuyés sur une nouvelle fantastique du Britannique Algernon Blackwood, « The Willows » (1907), et sur un récit de l’écrivain Joseph Conrad, Au coeur des ténèbres.

L’Opéra de Vienne n’avait pas proposé de première mondiale depuis 2010, avant l’arrivée aux commandes de son directeur actuel, le Français Dominique Meyer.

Lorsque la commande de l’oeuvre a été passée au compositeur et au librettiste, il y a plus de quatre ans, les nationalistes et populistes n’avaient pas encore l’audience qu’ils ont depuis conquis sur la scène politique internationale.

« Mais nous savions déjà que ce n’était pas le moment de détourner le regard », explique Johannes Staud, déjà auteur de deux opéras et poussé par un besoin « existentiel » d’écrire cette oeuvre.

« Il y avait déjà beaucoup de débats sur la migration à l’époque. On entendait des expressions comme ‘flux de réfugiés' », abonde son acolyte. « Nous n’avons pas eu à chercher de récit, il était autour de nous ».

Les deux artistes n’auraient toutefois pu anticiper la situation actuelle, « cette spirale de la haine, du ressentiment où l’innommable qui devient dicible », confie le compositeur choqué par le retour au pouvoir en Autriche du Parti de la liberté (FPÖ), formation anti-islam et anti-immigration qui gouverne depuis un an avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz.

Pas question pour autant de faire de l’agit-prop sur scène, ni de « donner des leçons », promettent les artistes.

Dans cette pièce, Johannes Staud s’est pour la première fois autorisé à intégrer des citations musicales d’un autre compositeur, et pas le plus anodin puisqu’il s’agit de Richard Wagner. L’artiste souhaitait se réapproprier l’esprit de ce « phare du romantisme noir de l’Allemagne », « grand compositeur » mais aussi antisémite dont les oeuvres ont été utilisées par les Nazis plus tard à des fins de propagande.

« Die Weiden », sous la direction du chef d’orchestre allemand Ingo Metzmacher, fera l’objet de cinq représentations en décembre avant d’être repris la saison prochaine. La mise en scène est assurée par l’Allemand Andrea Moses.

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