Karin Journo, 24 ans, qui a dansé toute la nuit, jambe plâtrée
Citoyenne franco-israélienne, tuée par une roquette lors du festival, le 7 octobre 2023
Karin Journo n’a pas laissé sa jambe cassée l’empêcher de se rendre au Festival Supernova le 7 octobre avec ses amis. Mais elle l’aura malheureusement empêchée d’échapper aux terroristes palestiniens du Hamas qui ont commis un massacre lors de la fête en plein air.
À 8h43 ce samedi matin, cette employée d’aéroport franco-israélienne a envoyé un dernier message à ses proches, selon son père, Doron Journo.
« À toute la famille, je veux vous dire que je vous aime tant, parce que je ne rentrerai pas à la maison », selon un article de l’agence AP.
« Depuis ce message, nous n’avons eu aucune nouvelle. Nous ne savons pas si elle est morte, si elle est à Gaza. Nous ne savons rien », a déclaré Doron. « Ma fille n’est pas partie à la guerre », dit-il. « Elle est juste allée danser. »
Un récit écrit par la meilleure amie de Karin, Neta Abir Lev, et publié sur Instagram, décrit les événements tels qu’ils se sont déroulés ce matin-là.
À 6h30, le soleil se levait, ils dansaient jusqu’à ce que la musique s’arrête soudainement, des roquettes traversant le ciel. Ils se sont alors couchés à même la piste de danse pour se protéger.
Ils ont décidé de rester là où ils étaient, assis en cercle, riant et discutant, explique Abir Lev.
C’est alors qu’elle a dit à ses amies : « Prenons une photo pour nous souvenir de ce moment. »
Selon une vidéo tournée cette nuit-là, Karin avait fait la fête, dansant au rythme de la musique techno tout en restant sur place, étant donné la botte de protection grise qui entourait son pied droit et son mollet jusqu’au genou.
Lorsque les amis de Karin ont commencé à entendre des coups de feu, ils ont entamé un périple sans fin, des heures de course et de cachette, d’hystérie et de peur, essayant d’échapper aux tireurs. Abir Lev a perdu Karin dans le tumulte.
À un moment donné, les deux amies se sont retrouvées alors que Karin était au téléphone avec sa mère qui était assise avec le père d’Abir Lev. Karin a tendu son propre téléphone à Abir Lev, qui s’est déplacée pour parler à son père.
À ce moment-là, les terroristes se sont à nouveau rapprochés et Abir Lev a couru pour sauver sa vie, emportant avec elle le téléphone de Karin. Abir Lev écrit qu’elle courait avec une autre amie, qui craignait que Karin n’ait pas pu les suivre.
Pendant sept heures, écrit Abir Lev, elle a sprinté et couru, rampé et s’est cachée alors que les balles volaient tout près d’elle, essayant de décider si elle devait écrire ses derniers mots à sa mère. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Karin.
Abir Lev a survécu, tant bien que mal. Karin, elle, a disparu.
« Je prie pour que mon miracle soit notre miracle, écrit Abir Lev.
« Que tu rentres à la maison, que nous fumions une cigarette et que nous parlions de tout ça. »
Cependant, la famille a appris plus tard que ce message de 8h43 du samedi matin était son dernier message.
Après avoir attendu des nouvelles pendant plus d’une semaine, sans savoir si Karin était un otage à Gaza, la famille a été informée par l’armée israélienne que sa dépouille avait été retrouvée.
L’armée a déclaré que l’ambulance à côté de laquelle Karin s’était abritée avait été touchée par une roquette, a indiqué sa sœur, Meitav Journo, à l’agence AP par SMS.