L’UE publie une déclaration contre l’antisémitisme, appelle à des actions concrètes
Les États membres s'engagent à se montrer plus fermes contre l'antisémitisme, à promouvoir la culture et à assurer la sécurité des Juifs

L’Union européenne (UE) a publié mardi une déclaration dans laquelle les États membres déplorent la montée de l’antisémitisme sur le continent et appellent à davantage d’actions pour le combattre et le prévenir.
La déclaration du Conseil sur la promotion de la vie juive et la lutte contre l’antisémitisme reconnaît la présence de l’antisémitisme qui sévit en Europe depuis des siècles, « dont le point culminant a été la Shoah », et souligne sa résurgence contemporaine parmi les « groupes radicaux et marginaux prônant l’extrémisme de droite, de gauche ou islamiste ».
Selon l’UE, ce phénomène se dissimule souvent « sous le couvert de l’antisionisme, mais il peut aussi se manifester au sein de la société » se traduisant par des accusations collectives contre les Juifs pour les actions de l’État d’Israël ou par la diffusion de haine antisémite, de désinformation et de contenus terroristes en ligne via des algorithmes.
L’UE a particulièrement déploré la recrudescence des incidents antisémites et des crimes haineux après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, au cours duquel plus de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été assassinées et 251 autres prises en otage.
L’antisémitisme, poursuit la déclaration, viole les droits fondamentaux, et « la radicalisation et l’extrémisme violent mettent en danger non seulement le peuple juif, mais aussi la démocratie, la sécurité européennes et les valeurs sur lesquelles l’UE est fondée ».
À ce titre, l’UE rappelle qu’il est crucial « d’intensifier les actions pour prévenir et combattre activement l’extrémisme violent sous toutes ses formes, et veiller à ce que la vie juive continue de prospérer dans une Union européenne inclusive et diversifiée ».

La déclaration exige que les individus diffusant « des discours de haine antisémite, y compris le négationnisme, la banalisation et la déformation de la Shoah », en ligne ou hors ligne, en subissent les conséquences. Les « discours de haine illégaux et les contenus terroristes » doivent être poursuivis par les États membres, et « les grandes plateformes en ligne et les moteurs de recherche doivent identifier et atténuer les risques liés à la diffusion de contenus illégaux », ajoute la déclaration.
Le texte souligne également l’importance d’encourager l’enseignement et la recherche sur la Shoah, en insistant sur la nécessité de respecter les victimes et de garantir que les survivants vivent dans la dignité.
L’UE a réaffirmé l’importance pour les Juifs de pouvoir afficher leur identité, en déclarant qu’elle restait « déterminée à encourager la vie juive, afin que les Juifs puissent prospérer et continuer à faire partie intégrante de l’Europe, aujourd’hui et à l’avenir ».
En termes de sécurité pour les Juifs européens, l’UE a indiqué que les États membres devraient « donner la priorité à garantir que tous, en particulier les Juifs, puissent pratiquer leur religion en toute sécurité, et que les institutions judiciaires soient adéquatement équipées et formées pour reconnaître et prendre des mesures contre ces crimes de haine ».
Les organisations juives ont salué la déclaration.
Le Congrès juif mondial (CJM) a publié un communiqué dans lequel il se félicite de la déclaration et a indiqué qu’il avait travaillé en étroite collaboration avec l’UE pour contribuer à l’adoption d’une « déclaration forte et complète du Conseil ».

Son président, Ronald Lauder, a déclaré que « l’adoption de cette déclaration par le Conseil de l’Union européenne est une déclaration d’intention puissante et nécessaire, et je salue cet engagement inébranlable dans la lutte contre l’antisémitisme et la protection des communautés juives ».
Lauder a ajouté que la déclaration montre une compréhension claire de la part des États membres de l’UE que « la lutte contre l’antisémitisme nécessite une action sérieuse et coordonnée, une urgence qui s’est intensifiée après les horribles attaques terroristes du 7 octobre, lesquelles ont déclenché une dangereuse recrudescence de l’antisémitisme à travers l’Europe et au-delà ».
Le Congrès juif européen (CJE) a également exprimé sa satisfaction, déclarant que « la reconnaissance par les États membres de l’UE de la montée de l’antisémitisme lié à Israël, qui touche de plus en plus les Juifs européens, est cruciale ».
Ariel Muzicant, président du CJE, a souligné que la déclaration réaffirmait « l’urgence de lutter contre l’antisémitisme en Europe face à son augmentation sans précédent après le pire massacre contre le peuple juif depuis la Shoah » et qu’il était « essentiel que les dirigeants européens s’unissent dans cette lutte. Nous devons veiller à ce que les communautés juives puissent prospérer dans la sécurité et la dignité ».
L’antisémitisme a connu une hausse massive à travers le monde au cours de l’année écoulée, avec une augmentation marquée après le pogrom du Hamas du 7 octobre et au cours de la guerre entre Israël et le groupe terroriste dans la bande de Gaza.
Un sondage publié en juillet a révélé que 96 % des personnes juives interrogées dans 13 pays de l’UE ont été victimes d’antisémitisme dans leur vie quotidienne, et plus de la moitié se disent inquiètes pour leur sécurité ou celle de leur famille.
Face à cette augmentation préoccupante des cas d’antisémitisme, les Nations unies ont organisé, le mois dernier, un atelier dirigé par des envoyés européens et américains, chargé de déterminer les mesures à mettre en œuvre pour contrer cette menace.