Le « tsunami d’antisémitisme » rappelle « les jours les plus sombres », fait craindre une « normalisation »
Des représentants européens et américains ont dénoncé l'explosion de l'antisémitisme depuis le pogrom du 7 octobre mené par le Hamas en Israël
Un « tsunami d’antisémitisme » déferle sur le monde depuis la guerre entre Israël et le Hamas, ont dénoncé cette semaine à Genève des représentants de l’UE et des Etats-Unis.
« Nous avons vu un tsunami d’antisémitisme déferler sur l’Europe et le monde », a déploré Katharina von Schnurbein, la responsable au sein de l’UE de la lutte contre l’antisémitisme.
« Nous observons une situation que nous aurions espéré ne plus jamais voir », a-t-elle dit à l’AFP, à l’issue d’une discussion à huis clos mercredi à l’ONU sur ce sujet.
Cette responsable européenne a dressé un sombre constat : attaques de synagogues, étoiles de David taguées sur des maisons où vivent des juifs ou encore violences contre des étudiants juifs sur des campus universitaires : « Je pense que nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation qui nous rappelle les jours les plus sombres de l’Europe ».
Au cours de la discussion mercredi, organisée par les Etats-Unis, les différents intervenants ont souligné la très forte hausse du nombre des actes antisémites depuis l’attaque du 7 octobre menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.
« Des pics partout »
En France, par exemple, ils ont quasiment triplé depuis le début de l’année. Ils avaient déjà fortement augmenté en 2023, selon le ministère de l’Intérieur, qui en a recensé 1 676 sur l’année, soit quatre fois plus qu’en 2022.
Au Danemark, 121 incidents à caractère antisémite ont été enregistrés en 2023, contre neuf un an auparavant.
« Nous observons des pics partout », a noté Mme von Schnurbein.
L’attaque du Hamas du 7 octobre a entraîné la mort côté israélien de 1 205 personnes, majoritairement des civils, selon un comptage de l’AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours dans la bande de Gaza dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.
Le conflit dans la bande de Gaza a provoqué de vifs remous sur des campus universitaires aux Etats-Unis et ailleurs. La semaine dernière, l’université de Columbia, à New York, a mis en garde dans un rapport contre la « montée des discours antisémites et xénophobes virulents ».
Confusion
« La critique des politiques israéliennes [ou] du gouvernement israélien […] n’est pas de l’antisémitisme », a martelé l’émissaire des Etats-Unis pour la lutte contre l’antisémitisme, Deborah Lipstadt, présente à Genève pour la réunion à l’ONU.
« Si c’était de l’antisémitisme, les centaines de milliers d’Israéliens qui sont descendus dans la rue seraient des antisémites. Bien sûr, c’est ridicule et faux », a-t-elle commenté auprès de l’AFP.
Mme Lipstadt a affirmé que l’amalgame se produisait dans les deux sens, expliquant que certaines personnes expliquent vouloir critiquer Israël alors qu’elles commettent des actes clairement antisémites.
Mme Lipstadt s’est déclarée profondément préoccupée par « la normalisation de l’antisémitisme », celle-ci ayant suscité « un degré de peur qui a imprégné la communauté juive ».
Selon elle, les étudiants juifs choisissent désormais les universités « en fonction du degré d’hostilité qu’ils risquent de rencontrer », tandis que les hommes qui portent une kippa la recouvrent d’une casquette.
Michele Taylor, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès du Conseil des droits de l’homme des Nation unies, est pour sa part particulièrement alarmée par « le vitriol en ligne », notamment les menaces de viol visant les femmes juives.
Le récent viol d’une enfant juive de 12 ans en France est particulièrement horrifiant, s’est-elle indignée.
La réunion de mercredi à l’ONU visait à promouvoir une série de lignes directrices mondiales pour lutter contre l’antisémitisme, en particulier en appelant les gouvernements et les dirigeants politiques à dénoncer rapidement et sans équivoque l’antisémitisme chaque fois qu’il se manifeste.