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L’Université Columbia enquête sur un événement étudiant (très) pro-Hamas

Initialement prévu dans une école pour femmes de l'université, l'événement s'était tenu en ligne faute d'avoir obtenu les autorisations, a déclaré un porte-parole

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Militants anti-Israël et pro-Israël, devant l'université de Columbia, le 2 février 2024. (Crédit : Luke Tress/JTA)
Militants anti-Israël et pro-Israël, devant l'université de Columbia, le 2 février 2024. (Crédit : Luke Tress/JTA)

L’Université Columbia mène l’enquête sur un événement étudiant au cours duquel des orateurs ont exprimé leur soutien aux groupes terroristes palestiniens et encouragé les étudiants à soutenir la « résistance armée » contre Israël.

Tenu ce dimanche sous le nom « Résistance 101 », l’événement était conduit par Columbia University Apartheid Divest, coalition d’organisations étudiantes. Les deux principaux groupes de la coalition sont les sections locales de Students for Justice in Palestine et les anti-sionistes de Jewish Voice for Peace, toutes deux suspendues du campus pour infraction aux règles concernant les manifestations à l’université.

A l’occasion de cet événement, les orateurs ont soutenu à plusieurs reprises la « résistance » palestinienne, qui, selon eux, passe par le soutien ouvert au Hamas. L’un des intervenants, Khaled Barakat, écrivain et activiste palestinien, a fait référence à ses « amis et frères du Hamas, du Jihad islamique, du FPLP », selon une vidéo de l’ensemble de l’événement publiée sur X, anciennement Twitter, par l’utilisateur Stu Smith.

« Quand ils voient des étudiants qui s’organisent, loin de la Palestine, ils ont vraiment le sentiment que leur mouvement de résistance est soutenu », a déclaré Barakat, depuis le Canada. « Ce que vous faites est très important pour la résistance à Gaza. »

D’autres orateurs ont eux aussi soutenu les groupes terroristes palestiniens. Certains participants ont assisté à l’événement en personne, d’autres par vidéoconférence. D’après la vidéo, on ignore le nombre exact d’étudiants qui y ont pris part. Un représentant de National Students for Justice in Palestine était également là.

« Il n’y a rien de mal à être membre du Hamas, à être un dirigeant du Hamas, à être un combattant du Hamas », a déclaré Charlotte Kates, l’épouse de Barakat et par ailleurs coordinatrice des activités de Samidoun, groupe d’activistes pro-palestiniens banni d’Allemagne en novembre dernier pour avoir fait l’apologie des actes terroristes et sanctionné par des sociétés financières. Selon Israël, il est lié au groupe terroriste Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Kates et Barakat sont interdits d’entrée et de séjour au sein de l’Union européenne, avait indiqué Samidoun en 2022.

Kates a également invité les participants à montrer leur soutien à la « résistance armée palestinienne » lors de manifestations et a affirmé son soutien envers l’attaque du 7 octobre, qui a tué près 1 200 personnes, principalement des civils, et fait plus de 250 otages. Mardi, une ex-otage, Amit Soussana, a confié au New York Times que ses ravisseurs l’avaient agressée sexuellement et torturée lorsqu’elle se trouvait à Gaza.

« L’action de la résistance palestinienne, le 7 octobre, a tout bouleversé. Ils ont pris les mesures qu’ils ont jugées nécessaires », a approuvé Kates. Elle a qualifié les tunnels du Hamas à Gaza et la production d’armes de « formidable réussite » et exprimé son soutien au groupe terroriste libanais Hezbollah ainsi qu’aux Houthis du Yémen pour s’en prendre à la navigation internationale en mer Rouge.

« Le 7 octobre, nous avons mesuré le potentiel d’avenir de la Palestine libérée du sionisme par la force de la résistance », a déclaré Kates. « Le 7 octobre a changé le monde. »

Barakat a également fait l’éloge de l’attaque du 7 octobre, en utilisant le nom qui lui a été donné par le Hamas et en disant : « Il est vraiment important de voir comment l’opération Déluge d’Al Aqsa a libéré la force intérieure palestinienne. »

L’événement « Résistance 101 » a eu lieu au moment même où l’université a pris un retour de bâton en raison de sa gestion de l’activisme et du sectarisme qui ont accompagné la guerre entre Israël et le Hamas. Elle fait, comme d’autres universités d’élite, l’objet d’un examen minutieux de la part des étudiants, professeurs, donateurs et autorités fédérales sur sa gestion de l’antisémitisme depuis l’invasion d’Israël par le Hamas, le 7 octobre dernier.

Des membres du corps professoral de l’Université Columbia organisent une manifestation de soutien aux Palestiniens et à la liberté d’expression sur le campus de l’Université Columbia, le 15 novembre 2023 à New York. (Crédit : Spencer Platt / Getty Images North America via AFP)

Selon un porte-parole de Columbia, l’événement devait initialement avoir lieu au Centre de recherche sur les femmes du Barnard College, l’école pour femmes qui fait partie de Columbia, mais a dû être déplacé faute d’avoir obtenu les autorisations de l’université. Les organisateurs de l’événement l’ont délocalisé dans une « résidence » et en ligne, a précisé le porte-parole au New York Jewish Week.

« Nous enquêtons sur cette affaire et ne tolérerons aucune violation des règlements de l’université », a ajouté le porte-parole.

La localisation précise de cette résidence est inconnue. Nerdeen Kiswani, fondatrice de Within Our Lifetime, autre groupe partenaire de l’événement, a déclaré lors de l’événement « se trouver à l’Université Columbia ».

Within Our Lifetime et ses dirigeants ont approuvé l’attaque du 7 octobre contre Israël et exprimé leur soutien au Hamas lors des fréquents rassemblements organisés à New York depuis l’attaque. Lors de ce dernier événement, Kiswani a soutenu la « résistance armée » contre Israël et parlé de la deuxième Intifada, vague terroriste de très haute intensité au début des années 2000, comme d’une « lutte armée ». Elle a déclaré que les groupes palestiniens qui avaient entamé des pourparlers de paix dans les années 1990 étaient « manipulés par Israël et les États-Unis »

Les orateurs, et Kiswani la première, ont rejeté à plusieurs reprises une solution à deux États et critiqué les accords de paix d’Oslo.

« Nous avons le droit de rentrer chez nous et nous y parviendrons, quels que soient les moyens », a déclaré Kiswani, ajoutant que les Palestiniens avaient le droit à « chaque centimètre carré de la Palestine, du fleuve à la mer », y compris les villes situées à l’intérieur des frontières internationalement reconnues d’Israël comme Akko ou Jaffa.

L’événement s’est attiré des critiques de la part des autorités israéliennes et américaines. Ainsi, l’ambassade d’Israël aux États-Unis a déclaré sur X que l’événement était « ignoble » et que l’Université était « en proie à la haine ».

De gauche à droite : Shabbos Kestenbaum de l’Université de Harvard, Noah Rubin de l’Université de Pennsylvanie et Eden Yadegar de l’Université de Columbia témoignent devant la Commission de l’Éducation et du travail sur le sujet de l’antisémitisme sur les campus des universités américaines à Washington, DC, le 29 février 2024. (Capture d’écran/ used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

Le Comité de la Chambre sur l’éducation et l’emploi, qui enquête sur l’antisémitisme sur les campus, a déclaré sur X, au-dessus d’un extrait de l’événement : « Le fait que les membres d’une institution financée par les contribuables offrent un forum pour promouvoir le terrorisme soulève de sérieuses questions ».

L’année dernière, lorsque le comité a auditionné les Doyennes des Universités de Harvard, Massachusetts Institute of Technology et de Pennsylvanie sur la question de sur l’antisémitisme, elles ont refusé de dire que les appels au génocide des Juifs contrevenaient aux règlements du campus. Les doyennes de Harvard et de l’Université de Pennsylvanie ont par la suite démissionné.

La doyenne de Columbia, Minouche Shafik, ne s’était pas présentée à l’audition, officiellement en raison d’un engagement à l’étranger prévu de longue date. Le comité a ouvert une enquête sur Columbia et convoqué Shafik pour une audition programmée le mois prochain.

L’administration Biden enquête également sur Columbia, et des étudiants juifs ont intenté des poursuites civiles pour discrimination sur le campus. Ce mois-ci, un rapport du groupe de travail sur l’antisémitisme de Columbia a déclaré que les étudiants juifs étaient « isolés et en souffrance ».

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