L’université de Tel-Aviv ne licenciera pas l’enseignante qui a fait l’éloge d’un terroriste
L'administration de l'établissement a "condamné les propos" d'Anat Matar" mais a noté qu'elle "n'avait rien fait d'illégal et nous n'avons donc pas l'intention de la renvoyer"
Ariel Porat, président de l’université de Tel Aviv, a annoncé lundi que l’institution ne renverra pas l’enseignante qui avait fait l’éloge de Walid Daqqa, condamné pour terrorisme, sur sa page Facebook personnelle.
Dans une lettre datée de dimanche et adressée au député Yossi Taieb, chef de la commission de l’Éducation de la Knesset, Porat écrit que « l’administration de l’université a condamné la conduite du Dr [Anat] Matar. Cependant, elle n’avait rien fait d’illégal et nous n’avons donc pas l’intention de la renvoyer ».
« En d’autres termes, selon la loi de l’État d’Israël, la liberté d’expression couvre également les déclarations exaspérantes, blessantes et insensibles, que cela vous plaise ou non », a déclaré Porat dans la lettre, qui a ensuite été envoyée aux étudiants et aux professeurs de l’université de Tel Aviv.
Le président de l’université dit avoir reçu « avec stupeur » la convocation de Taieb à une audition de la commission sur « l’incitation à la haine sur le campus » suite à l’article de Matar, compte tenu de la myriade de problèmes auxquels la société israélienne a été confrontée pendant la guerre de Gaza.
« Dans ces conditions, vous n’avez aucune honte à convoquer une discussion à la Knesset sur une publication insignifiante rédigée par une seule conférencière qui ne représente qu’elle-même », écrit Porat.
« Vos yeux sont-ils trop fermés pour voir l’absurdité de la situation ? Même la guerre avec l’Iran ne vous a pas fait annuler la session ».
Porat a déclaré qu’il se trouvait à l’étranger et qu’il n’assisterait donc pas à la réunion « scandaleuse et illégitime » de la commission.
« Comme d’autres présidents d’université, je collecte des fonds pour aider, avant tout, nos réservistes, nos étudiants, à qui nous devons tant », écrit Porat.
Matar, philosophe du langage, avait suscité la controverse après avoir qualifié Daqqa de « cher ami » à l’annonce de son décès.
Daqqa, le plus ancien prisonnier palestinien, est décédé d’un cancer le 7 avril après 37 ans de détention dans une prison israélienne. Il avait participé à la planification de l’enlèvement, en 1984, du soldat Moshe Tamam, qui a été tué par ses ravisseurs.
Tamam, alors en permission, avait été enlevé en 1984 après être descendu d’un bus. Le pays avait été ébranlé lorsque son corps avait été retrouvé quatre jours plus tard, portant des traces de blessures considérables à la tête et d’un trou de balle dans la poitrine.
Au cours de ses 37 années passées derrière les barreaux, Daqqa a affirmé avoir changé de comportement et s’être opposé à la violence. Il était devenu un écrivain prolifique et était en contact avec divers intellectuels israéliens.
Matar, militante de gauche de longue date, a commencé à échanger des lettres avec Daqqa après avoir fondé le Comité israélien pour les prisonniers palestiniens, aux côtés de sa femme, Sanaa, au début des années 2000.
Matar, qui dirige le Comité israélien pour les prisonniers palestiniens, est connue depuis longtemps pour ses critiques virulentes de la politique israélienne à l’égard des Palestiniens. En 2011, elle a co-écrit un livre sur les Palestiniens incarcérés par Israël pour des raisons de sécurité, remettant en question l’approche d’Israël en matière de procédures judiciaires et de traitement des détenus.