Lutte anti-blanchiment : La Commission européenne défend sa « liste noire »
La "liste noire" contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme inclut notamment l'Arabie saoudite et des territoires américains
La Commission européenne a défendu vendredi sa « liste noire » contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme qui inclut notamment l’Arabie saoudite et des territoires américains, mise à mal par l’opposition des Etats membres.
La liste, proposée le 14 février, a été établie « en étroite coopération avec les Etats membres. Ceux-ci ont été consultés à la fois sur la méthodologie et sur les pays » susceptibles d’y figurer, a souligné la porte-parole Mina Andreeva lors d’un point presse quotidien.
L’avenir de cette liste, qui doit recevoir le feu vert du Parlement européen et du Conseil (les Etats membres), semble compromis après un avis consultatif très largement défavorable au sein des 28.
Selon des sources européennes, 27 se sont prononcés jeudi soir contre une telle liste lors d’un premier sondage parmi les Etats membres, dont la décision formelle doit être annoncée dans les jours à venir.
Une réunion technique s’est tenue vendredi matin, mais selon une source européenne « rien n’a changé dans l’attidude des Etats membres et il n’est pas nécessaire d’avoir d’autres discussions majeures ».
Selon cette source, « le problème ce sont les critères sur lesquels la liste a été créée, et l’application de ces critères ». « Il faut travailler sur les critères et aussi sur la justification », a-t-elle ajouté.
Ryad avait au moment de l’annonce « regretté » l’initiative de la Commission, qui intervenait dans un contexte de tensions à la suite de l’affaire Khashoggi.
L’Arabie saoudite a envoyé une lettre adressée aux dirigeants européens, que l’AFP a pu consulter, dans laquelle elle dénonce son inscription sur cette liste, estimant qu’elle ne « reflète pas la véritable image des efforts nombreux (…) faits par le Royaume dans la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération des armes ».
Elle met en garde sur les conséquences d’une telle décision qui créerait « des difficultés dans le commerce et les flux d’investissement entre le Royaume et l’UE ».
Plusieurs des pays identifiés par la Commission comme présentant des « carences stratégiques » dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne figurent pas sur la liste établie par le Groupe d’action financière (Gafi), chargé de coordonner les efforts internationaux pour assainir le système financier international.
Celui-ci, actuellement présidé par les Etats-Unis, s’était déclaré « très préoccupé » par la liste noire proposée par Bruxelles, insistant sur son propre « rôle central » dans ce domaine.