Maire de Jersey City : les tireurs visaient la yeshiva voisine et ses 50 enfants
Si la police n'était pas parvenue à piéger les tireurs dans la supérette casher, le bilan aurait pu être "bien pire", d'après Steven Fulop ; l'attaque est qualifiée de terroriste
Le maire de Jersey City, Steven Fulop, a fait savoir vendredi qu’il pensait que les deux assaillants ayant attaqué une supérette casher de la ville, faisant trois morts à l’intérieur, prévoyaient en fait de viser la yeshiva adjacente où se trouvaient 50 enfants au moment des faits.
« Selon moi, au fur et à mesure des informations, il devient de plus en plus clair que la cible initiale était les 50 enfants de la yeshiva reliée à la supérette », a déclaré le maire juif de la ville dans un tweet. « Nous ne serons jamais sûrs à 100 %, mais la porte de la yeshiva était à 1 mètre + il semble qu’il se dirige d’abord vers là ».
Steven Fulop a indiqué que si la police n’était pas parvenue à piéger les tireurs dans le magasin, le bilan aurait été bien plus lourd.
« C’est une effroyable tragédie, mais malgré toutes cette noirceur et ces vies perdues, il demeure sans aucun doute un peu de lumière. Si la police n’avait réagi aussi vite/courageusement en les piégeant dans le magasin, cela aurait été bien pire », a-t-il commenté.
My opinion is that as more info comes out it’ll become increasingly clear that the target was the 50 children at the Yeshiva attached to that store. We will never know 100% but the doorway to the yeshiva was 3 feet away + it seems he goes in that direction 1st
— Steven Fulop (@StevenFulop) December 13, 2019
Jeudi, le procureur général Gurbir Grewal a parlé d’une attaque motivée par la haine des Juifs et des forces de l’ordre, qui fait l’objet d’une enquête pour terrorisme domestique.
Les deux assaillants étaient armés de plusieurs armes différentes, dont un fusil d’assaut AR-15 et un fusil de chasse lesquels ils manipulaient lorsqu’ils ont fait irruption dans le magasin.
Plusieurs cartouches de munitions et des vitres brisées ont été retrouvées sur place.
Une bombe artisanale a également été découverte dans le van volé par les tireurs.
You can see the turn in this new video as well.
The massacre – while horrific – could have been so much worse. The 50 children upstairs had their lives spared only through an act of G-d. pic.twitter.com/uSIkdRIu7d
— The Meturgeman (@DraftRyan2016) December 13, 2019
« Le bilan aurait dû être bien, bien plus lourd » sans la police de Jersey City, a assuré Gurbir Grewal jeudi. Les autorités ont souligné que l’école juive jouxtait la supérette et qu’une école catholique se trouvait en face.
Les meurtriers ont abattu trois personnes – Mindel Ferencz, 32 ans, Moshe Deutsch, 24 ans, Douglas Miguel Rodriguez, 49 ans et un policier du nom de Joe Seals – dans l’épicerie, ainsi qu’un officier de police dans un cimetière à 1,6 kilomètre de là, avant de trouver la mort au cours d’une fusillade d’une heure avec les forces de l’ordre mardi après-midi, ont rapporté les autorités.
Steven Fulop a ultérieurement clarifié ses propos dans le New York Jewish Week, « J’ai un travail différent que celui des personnes responsables de l’enquête. Je fais mon possible pour dire les choses telles que je les vois ».
Il a également évoqué la vaste cache d’armes retrouvée dans le véhicule des tireurs.
« Il est très, très clair que l’auteur ne se dirige pas en premier vers l’épicerie, il va vers la porte adjacente, le bâtiment et les portes jouxtant la supérette sont la yeshiva… il a apporté une bombe artisanale, 5 armes et des centaines de balles…nous savons qu’il s’est rendu délibérément dans cet endroit », a décrit Steven Fulop. « Quand on rassemble tous ces éléments, il est dur d’en conclure autre chose ».
Jeudi, le procureur a parlé d’une attaque clairement antisémite.
« Les preuves semblent indiquer un acte de haine. Je confirme que nous traitons cette affaire comme un acte de terrorisme intérieur alimenté par l’antisémitisme et par des opinions anti-forces de l’ordre », a ainsi commenté Gurbir Grewal. Des publications sur les réseaux sociaux, des interviews de témoins et d’autres preuves reflètent la haine du couple pour la police et les Juifs, a-t-il ajouté.
Il a souligné qu’après avoir abattu trois personnes dans la supérette, les tireurs ont concentré leurs tirs sur la police et n’ont pas ciblé de passants.
Il a expliqué que David Anderson, 47 ans, et Francine Graham, 50 ans, avaient exprimé un intérêt pour une branche religieuse marginale appelée les Black Hebrew Israelites, dont les membres dénigrent souvent les Juifs et les blancs. Mais rien n’indique pour l’instant qu’ils en faisaient partie, a-t-il précisé. Ils auraient agi seuls.
Le duo est arrivé à bord du van après avoir assassiné l’inspecteur Joe Seals au cimetière Bay View, d’après le procureur général.
L’association Tunnel2Towers, constituée après le 11 septembre pour venir en aide aux agents de police morts en service, a fait savoir vendredi qu’elle payerait le prêt immobilier de la victime, qui laisse derrière lui son épouse et cinq enfants.
Les autorités n’ont pas précisé ce que Joe Seals faisait dans le cimetière ou les circonstances qui ont mené à sa mort.
Anderson était équipé d’un fusil de type AR-15 et Graham d’un fusil de chasse calibre 12 lorsqu’ils sont entrés dans le magasin. Ils étaient également armés de pistolets avec des silencieux artisanaux. Ils disposaient en tout de cinq armes — quatre ont été retrouvées dans le magasin, une dans le van — « une puissance de feu considérable » d’après le procureur Grewal.
Les victimes ayant été abattues dans le magasin sont : Mindel Ferencz, 31 ans, propriétaires avec son mari de la supérette ; Moshe Deutsch, un étudiant rabbinique de 24 ans originaire de Brooklyn qui y faisait ses courses, et un employé de 49 ans, Douglas Miguel Rodriguez. Une quatrième personne a été touchée mais est parvenue à s’enfuir.
Les membres de la communauté juive ultra-orthodoxe de New York se sont rassemblés mercredi soir pour les funérailles de Ferencz et Deutsch. Des milliers de personnes, principalement des hommes, ont suivi le cercueil de Ferencz dans les rues de Brooklyn.
Le bain de sang qui a touché cette ville de 270 000 habitants située en face de New York a semé la peur au sein de la communauté juive et ont fortement pesé sur les esprits des plus de 300 personnes ayant participé à la veillée de mercredi soir, organisée à environ 1,5 kilomètre des scènes du drame.
L’attaque la plus mortelle contre des Juifs dans l’histoire des États-Unis est celle perpétrée en octobre 2018 dans une synagogue de Pittsburgh, qui avait fait 11 morts.
En avril dernier, un homme avait également ouvert le feu dans un lieu de culte juif près de San Diego, tuant une femme et blessant le rabbin et deux autres personnes.