Malgré des réserves toujours plus importantes d’uranium enrichi à 60 %, l’Iran dément avoir des « objectifs secrets »
Les réserves d'uranium enrichi à 60 % sont proches des 90 % nécessaires pour élaborer une bombe atomique
« Nous n’avons pas d’objectifs secrets » : le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, dément toute visée militaire, se disant prêt à renouer avec les engagements nucléaires si les Occidentaux lèvent leurs sanctions.
« L’enrichissement de l’uranium n’est pas nécessairement destiné aux armes », a-t-il déclaré mercredi dans un entretien avec l’AFP, en marge de la conférence générale annuelle de l’AIEA à Vienne.
« Nous le faisons pour la recherche et la production de divers isotopes destinés à des applications de l’industrie nucléaire », a assuré le haut responsable.
L’Iran accumule au fil des mois des réserves toujours plus importantes d’uranium enrichi à 60 %, proche des 90 % nécessaires pour élaborer une bombe atomique.
Une escalade n’ayant « aucune justification civile », selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui dénonce régulièrement le manque de coopération de Téhéran.
L’Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections des sites. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l’accréditation d’un groupe d’experts a été retirée.
Cette situation lui a valu l’adoption d’une résolution critique lors du précédent Conseil des gouverneurs début juin, d’une portée symbolique à ce stade.
Face aux critiques, M. Eslami met en avant les contrôles « réguliers » de l’instance onusienne, à un niveau qui n’existe « nulle part ailleurs dans le monde ». « Plus de 120 inspecteurs sont agréés », précise-t-il.
« JCPOA pas mort »
« Notre activité s’exerce en toute transparence. Ce n’est pas comme si nous produisions une substance avec des objectifs secrets », poursuit le vice-président de la République islamique.
Il a par ailleurs confirmé être en discussion avec le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, pour « organiser » prochainement sa visite en Iran, où il doit rencontrer le président Massoud Pezeshkian.
Depuis son élection en juillet, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l’accord conclu en 2015 avec les pays européens de l’E3 (Paris, Londres, Berlin), Washington, Moscou et Pékin.
Ce pacte connu sous l’acronyme JCPOA était censé encadrer ses activités atomiques en échange d’une levée des sanctions internationales.
Mais il a volé en éclats après le retrait américain décidé en 2018 par le président d’alors, Donald Trump. Des tractations menées à Vienne ont échoué à l’été 2022.
Pour Mohammad Eslami toutefois, « le JCPOA n’est pas mort ».
« Dès que les autres renoueront avec leurs obligations, nous agirons selon le calendrier », a-t-il dit, mais « il n’est pas possible qu’ils attendent de nous que nous tenions nos engagements » alors qu’eux-mêmes ont rétabli les sanctions.
Dans le camp d’en face, on déplore « l’absence » de signes concrets positifs de la part de Téhéran.
« Notre patience a des limites, et nous ne resterons pas les bras croisés pendant que l’Iran continue à se voiler la face », ont averti la semaine dernière les pays de l’E3 et les Etats-Unis dans une déclaration commune.
Dans tous les cas, une reprise du dialogue semble peu probable avant les élections présidentielles américaines, selon les experts, dans un contexte de nette dégradation des relations entre les deux parties depuis le début du conflit au Proche-Orient.