Mandats d’arrêt de la CPI contre Gallant et Netanyahu : réactions en Israël
Tant la coalition au pouvoir que les membres de l'opposition ainsi que le président de l'État ont condamné la décision unanime de la Cour Pénale Internationale
Les membres du gouvernement israélien ont sévèrement condamné la décision de la Cour Pénale Internationale (CPI) jeudi d’émettre des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien et de l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, l’accusant d’antisémitisme.
« C’est un jour noir pour [la CPI], qui a perdu toute légitimité à exister et à agir », réagit de son côté le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur son compte X.
La Cour de La Haye « s’est comportée comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il ajouté, accusant la cour d’avoir émis « des ordonnances absurdes sans en avoir l’autorité » contre MM. Netanyahu et Gallant.
La Cour a « une fois de plus montré qu’elle est antisémite de part en part », a déclaré le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
« La réponse aux mandats d’arrêt est l’application de la souveraineté sur tous les territoires de Judée et de Samarie, la création d’implantations toutes les parties du pays et la rupture des liens avec l’autorité terroriste [palestinienne], ainsi que des sanctions », a-t-il écrit sur X.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, a demandé au Premier ministre de prendre des sanctions contre l’Autorité palestinienne (AP) à la suite de la décision de la CPI.
« L’AP, qui s’emploie constamment à saper l’existence de l’État d’Israël et à nous nuire sur la scène internationale, n’est pas un partenaire pour la paix ; c’est un fardeau auquel il faut mettre fin », a déclaré Smotrich, exigeant « des sanctions douloureuses à l’encontre de l’AP et de ses dirigeants, jusqu’à son effondrement ».
« Nous ne permettrons pas à un organisme hostile, hypocrite et illégitime de nuire à nos dirigeants et à nos combattants », a renchéri le ministre de la Défense, Israel Katz.
Yuli Edelstein, le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a averti que la décision de la Cour « crée un dangereux précédent, qui pourrait conduire, lors de la prochaine étape, à des mandats d’arrêt contre nos excellents soldats et officiers ».
Le ministre du Néguev, de la Galilée et de la résilience nationale, Yitzhak Wasserlauf, a qualifié les mandats « d’accusations antisémites contre tous les citoyens d’Israël », promettant que Jérusalem « ne se laissera pas décourager et continuera à lutter contre le terrorisme meurtrier ».
« C’est simplement de l’antisémitisme, toujours de l’antisémitisme », a abondé le ministre du Logement Yitzhak Goldknopf, citant un verset du livre des Nombres qui stipule que les Juifs sont « un peuple qui habite seul, qui n’est pas compté parmi les nations ».
Le président Isaac Herzog a déclaré sur X que la décision de la CPI marquait « un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l’humanité ». Il a ajouté que la « décision honteuse de la CPI […] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu’à aujourd’hui ».
En délivrant des mandats d’arrêt à l’encontre de Netanyahu et de Gallant, la CPI a « choisi le camp du terrorisme et du mal plutôt que celui de la démocratie et de la liberté, et a transformé le système même de la justice en bouclier humain pour les crimes contre l’humanité du Hamas », a accusé Herzog, appelant à « une véritable clarté morale face à un empire iranien du mal qui cherche à déstabiliser notre région et le monde entier ».
« C’est de l’antisémitisme moderne sous couvert de justice » , a tweeté la ministre des Transports Miri Regev, décrivant ces mandats comme une « absurdité juridique ».
« Israël ne s’excusera pas de protéger ses citoyens. Ce n’est pas un crime, c’est notre devoir national et moral », a-t-elle ajouté.
Le député Avi Maoz, vice-ministre au cabinet du Premier ministre, a déclaré que la décision de la Cour témoignait d’une « hypocrisie de la pire espèce ».
L’homme politique d’extrême-droite a accusé la Cour de « s’acoquiner avec des dictatures meurtrières et d’ignorer une grave corruption mondiale » afin de s’en prendre à un pays en pleine « guerre existentielle ».
Le ministre du Patrimoine, Amichaï Eliyahu, a déclaré qu’il était « heureux que [Winston] Churchill n’ait pas eu à demander l’autorisation de La Haye avant de sauver l’Europe des nazis ».
« Le tribunal de La Haye s’est imposé comme le successeur du tribunal de Sodome », déclare Orit Strock, ministre des Implantations et des projets nationaux, en comparant la CPI à la ville biblique. « Je m’attends à ce que les nations du monde libre s’en retirent avec dégoût, avant qu’elles ne soient souillées par cette terrible tache. »
Avec sa décision d’émettre des mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, la CPI « est devenue un outil pour les terroristes et l’axe du mal » ainsi qu’un « ennemi de la vérité, de la justice et de la paix », a déclaré le ministre de la Justice Yariv Levin.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a également critiqué la CPI, affirmant que « malheureusement, les organisations progressistes de gauche en Israël y ont également contribué ». Il faisait manifestement référence aux groupes de défense des droits israéliens qui ont fait état de violations présumées des droits de l’homme commises par Israël à Gaza
« Si ce tribunal antisémite avait existé pendant la Seconde Guerre mondiale, il aurait également lancé des mandats d’arrêt contre [Winston] Churchill et [Franklin D.] Roosevelt et laissé l’Allemagne nazie s’emparer du monde », a déclaré Karhi.
Les dirigeants de l’opposition politique israélienne ont critiqué cette décision.
« Israël se défend contre des organisations terroristes qui ont attaqué, assassiné et violé nos citoyens. Ces mandats d’arrêt sont une récompense pour le terrorisme », a déclaré le chef de l’opposition Yaïr Lapid.
La décision de la CPI constitue « un aveuglement moral et [une] tache honteuse de proportion historique qui ne sera jamais oubliée », a tweeté le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, ancien membre du cabinet de guerre de Netanyahu.
La CPI a « apporté une nouvelle preuve du double standard et de l’hypocrisie de la communauté internationale et des institutions de l’ONU », a ajouté le président du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, qui avait été, par le passé, ministre de la Défense sous Netanyahu.
« L’État d’Israël ne s’excusera pas de protéger ses citoyens et s’engage à poursuivre la lutte contre le terrorisme sans compromis. »
« Il s’agit d’une décision honteuse de la Cour internationale de La Haye », a estimé le chef du parti Les démocrates, Yaïr Golan. « Israël avait et aura toujours le droit de se défendre contre ses ennemis. »
Le parti radical Hadash a lui sans surprise semblé se réjouir de la décision de la CPI.
Dans un communiqué, la faction arabe a déclaré que « la CPI de La Haye a décidé, sur la base de preuves évidentes, que la guerre de Gaza est une guerre pleine de crimes de guerre graves et de crimes contre l’humanité ».
« Netanyahu et Gallant sont responsables de la destruction totale de Gaza et du massacre de ses habitants. Ils doivent en payer le prix », a déclaré le parti, qui demande la fin immédiate de la guerre.
La semaine dernière, la commission d’Éthique de la Knesset a voté à l’unanimité la suspension pour six mois du député Hadash-Taal, Ofer Cassif, pour des commentaires qu’il a faits sur les forces israéliennes et la guerre à Gaza, y compris son soutien public à la motion sud-africaine accusant Israël de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Réagissant aux mandats d’arrêt émis par la CPI contre Netanyahu et Gallant, l’organisation pacifiste israélienne La Paix maintenant a déclaré que « sous la direction de Netanyahu, Israël est devenu un État paria ; nous sommes au point le plus bas de notre histoire en tant que peuple et nation ».
« Ce qui avait été présenté comme une guerre avec des objectifs justifiables, tels que le retour de nos otages et la sécurité, est devenu disproportionné, avec le recours présumé à des moyens illégaux tels que la famine. Si la sécurité de notre pays et de nos otages étaient réellement les priorités de ce gouvernement, cette guerre destructrice aurait pris fin depuis longtemps, la sécurité aurait été rétablie en Israël et les otages seraient chez eux », a indiqué l’organisme de gauche qui surveille les implantations.
« Quiconque se soucie de notre pays doit agir maintenant », a poursuivi l’organisation. « Avant que la bande de criminels qui dirige notre pays et ruine notre avenir ne poursuive sa folie en construisant des implantations à Gaza et en condamnant les otages à la mort, nous devons sortir dans les rues et exiger l’arrêt immédiat de la guerre, un accord sur les otages et la dissolution de ce gouvernement désastreux. »