Mandelblit/Corruption: nous ne visons personne, « seulement la justice »
Le procureur général a déclaré que son bureau travaillerait rapidement pour prendre des décisions sur les affaires visant le Premier ministre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Jeudi, le procureur général Avichai Mandelblit a déclaré que son bureau travaillerait rapidement et efficacement pour prendre une décision concernant les enquêtes criminelles visant le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Nous travaillerons rapidement, mais pas aux dépens de l’enquête », a affirmé Mandelblit dans une intervention à la conférence Globes à Jérusalem. « Nous ne visons personne, seulement la justice ».
Le procureur général a pris note de la fin du travail du procureur d’Etat mercredi sur les trois affaires criminelles contre Netanyahu. Shai Nitzan, le procureur d’Etat, aurait recommandé des poursuites pour corruption dans chaque affaire.
« J’ai suivi la procédure étroitement. L’enquête a été menée avec détermination et professionnalisme », a déclaré Mandelblit.
Le procureur d’Etat considère que l’une des enquêtes, connue comme l’Affaire 4000, constitue « un cas clair de corruption », tandis que les Affaires 1000 et 2000 sont vues comme de la « corruption légère », a annoncé Hadashot TV.
Le reportage a expliqué que le bureau du procureur général souhaitait prendre une décision sur une éventuelle mise en accusation du Premier ministre dans les prochains mois, et certainement « bien avant Pessa’h » à la mi-avril.
C’est donc à Mandelblit de décider s’il convient de mettre en examen le Premier ministre, qui nie toute malversation.
La police a recommandé la mise en examen de Netanyahu pour corruption dans les Affaires 1000, 2000 et 4000. Le mois dernier, on a annoncé que la chef du département des Impôts et des Finances, Liat Ben Ari, après avoir examiné les preuves de la police, avait fait les mêmes recommandations sur les Affaires 1000 et 2000, même s’il n’y a pas eu d’informations sur sa position dans l’Affaire 4000, la dernière enquête menée à terme par la police.
Dans l’affaire 1000, Netanyahu est suspecté d’avoir reçu des cadeaux à hauteur d’1 million de shekels (246 000 euros) de la part de bienfaiteurs milliardaires, notamment du producteur israélien d’Hollywood Arnon Milchan, en échange d’aide sur plusieurs sujets.
L’affaire 2000 concerne une suspicion d’accord illicite entre Netanyahu et Arnon Mozes, propriétaire du journal Yedioth Ahronoth, qui aurait vu le Premier ministre mettre des bâtons dans les roues d’un journal rival, Israel Hayom détenu par Sheldon Adelson, en échange d’une couverture médiatique favorable de la part de Yedioth.
Dans l’affaire 4000, Netanyahu est suspecté d’avoir fait avancer des décisions régulatrices en tant que ministre des Communications et Premier ministre qui auraient bénéficié à Shaul Elovitch, l’actionnaire principal de Bezeq, la plus grande entreprise de télécommunications du pays, en échange d’une couverture positive sur le site d’information Walla, dont Elovitch est propriétaire.
Le procureur général a également profité de son intervention pour défendre des conseillers juridiques de son bureau qui ont été attaqués au cours des derniers mois par des membres du gouvernement. Ce derniers les ont accusés de d’outrepasser leur fonctions en statuant contre des lois polémiques qui ont été proposées par la coalition.
« L’état de droit n’est à la discrétion du juriste, a déclaré Mandelblit. « Les conseillers juridiques, sous ma direction, ne peuvent pas faire le droit ni chercher à faire le droit ».
Il a ensuite commenté la texte de loi proposé mercredi à la Knesset qui permettrait à Israël d’expulser de force des familles de terroristes palestiniens de leur maisons vers d’autres zones de la Cisjordanie. Il a prévenu que le projet de loi pourrait constituer une violation des droits de l’homme et déclencher une condamnation internationale d’Israël.
« Agir contre l’opinion d’un conseiller juridique est un acte contraire à la loi. Le procureur général… est non seulement un consultant mais aussi un superviseur du gouvernement », a assuré Mandelblit.
Il a rappelé que les législateurs n’étaient pas subordonnés au procureur général, mais plutôt à la loi. Et le travail de Mandelblit est simplement de l’interpréter.
Les caravanes d’Amona
Le conseiller juridique semblait avoir critiqué le député d’Habayit HaYehudi Bezalel Smotrich pour rôle dans l’installation de caravanes, la semaine dernière, sur la terre où l’implantation d’Amona se situait autrefois dans le centre de la Cisjordanie.
« Violer la loi sur la protection des personnages publics, placer des caravanes illégales sur des terres privées, [ces choses] ne peuvent pas être une source de fierté », a déclaré Mandelblit.
Smotrich était sur le place jeudi soir avec plusieurs autres dirigeants du mouvement des implantations. Ils ont déclaré que l’installation de deux caravanes était une réponse à la dernière vague d’attaques palestiniennes.
Smotrich a répondu par un communiqué, affirmant que le procureur général « ne connaît pas les faits ».
L’avant-poste d’Amona a été rasé en février 2017 après une décision de la Cour Suprême qui avait statué que l’implantation avait été construite sur de la terre palestinienne privée.
Jeudi, les habitants d’implantations ont affirmé avoir acheté légalement 4 hectares de terre aux propriétaires palestiniens et ont soumis à l’Administration civile des documents qui prouveraient la transaction. Pourtant, le département du ministère de la Défense qui autorise la construction en Cisjordanie a déclaré qu’il devait encore vérifier les documents. Pendant les dix années de batailles juridiques pour sauver l’implantation, les résidents avaient soumis des documents dont ils affirmaient qu’ils prouvaient qu’ils avaient acheté légalement la terre, mais il a ensuite été démontré qu’ils avaient été falsifiés.
Dans tous les cas, un responsable de administration civile a déclaré au Times of Israël que les résidents des implantations n’avaient pas coordonné leur action avec eux et qu’ils n’avaient pas les permis nécessaires pour installer les caravanes. En outre, ils avaient violé l’ordre de zone militaire fermée de l’armée qui était en vigueur depuis la démolition d’Amona.