Manifestation anti-américaine et anti-israélienne en Iran
Des effigies de l'oncle Sam ainsi que des drapeaux américain, israélien et britannique ont été brûlés

Des milliers de fidèles ont manifesté mardi devant l’ex-ambassade américaine à Téhéran à l’occasion du 35ème anniversaire de sa prise par des étudiants islamistes qui coïncide cette année avec Achoura, la plus importante cérémonie religieuse chiite.
Les manifestants scandaient « mort à l’Amérique » et « mort à Israël », selon les images diffusées par la télévision d’Etat.
Des effigies de l’oncle Sam ainsi que des drapeaux américain, israélien et britannique ont été brûlés.
Les manifestants portaient également des maquettes de centrifugeuses, les machines destinées à enrichir l’uranium au centre du bras de fer entre l’Iran et les pays occidentaux dans les négociations nucléaires, qui doivent reprendre dimanche prochain à Oman.
Dans la déclaration finale, les manifestants ont apporté leur « soutien » à l’équipe de négociateurs tout en insistant sur le « cadre défini par le guide suprême », l’ayatollah Ali Khamenei, qui a rejeté tout retour en arrière dans le programme nucléaire du pays.
Lors d’une cérémonie séparée dans le sud de la capitale, le président Hassan Rouhani a répété qu’il n’était pas question de céder sur les droits de l’Iran en matière nucléaire.
« Pour réaliser nos droits justes, nous ne céderons pas face à n’importe quelle superpuissance », a déclaré M. Rohani.
Le principal orateur de la cérémonie, l’hodjatoleslam Alireza Panahian, a déclaré que les négociateurs ne devaient pas accepter de « serrer la main (des Américains, ndlr), entachée du sang des peuples de la région ».
« Le gouvernement ne doit pas parler avec faiblesse face au gouvernement américain », a-t-il ajouté.

« C’est de la diplomatie. Je suis venu là pour dénoncer l’oppression, l’injustice et la cruauté des Etats-Unis », a déclaré à l’AFP Hamed Kargari, un jeune étudiant de 24 ans, qui était interrogé sur sa présence dans la manifestation alors que se déroulent des négociations nucléaires avec des pays occidentaux dont les Etats-Unis.
L’ambassade américaine a été occupée en novembre 1979 par des étudiants fidèles à l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique, et ses diplomates retenus en otage pendant 444 jours.
Les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été rompues peu après.
Toutefois, depuis un an, Téhéran et Washington ont repris langue dans le cadre des négociations nucléaires entre l’Iran et les puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne).
Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d’Etat américain John Kerry doivent se retrouver les 9 et 10 novembre à Oman pour tenter d’arracher un accord global pour mettre fin à plus de dix ans de crise.
L’Achoura commémore le martyre de Hussein, petit-fils de Mahomet assassiné au VIIe siècle. Selon la tradition, l’imam Hussein, tué avec nombre de ses compagnons lors de la bataille de Kerbala (Irak), a été décapité et son corps mutilé.
Pour les musulmans chiites, l’imam Hussein est le « symbole de la résistance » face à l’injustice.
Des célébrations identiques pour commémorer Achoura ont été organisées à travers l’Iran, dont la population est à plus de 90 % chiite.