Manifestation d’élus de la minorité arabe israélienne contre la criminalité
Selon des experts, des gangs arabes ont accumulé quantité d’armes au cours des vingt dernières années et se livrent à des trafics de drogue, d'armes et d'êtres humains
Des élus et des représentants de la minorité arabe en Israël ont manifesté mardi à Jérusalem pour protester contre la criminalité qui ronge leurs localités et appeler le gouvernement à y assurer la sécurité, a constaté une journaliste de l’AFP.
Les participants, une cinquantaine de députés, anciens députés, ou élus municipaux, sont réunis sous une tente dressée devant le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour un sit-in commencé lundi et devant se prolonger mercredi. Ils ont été rejoints par des sympathisants juifs.
« La police est complice du crime », affirme en arabe, en hébreu et en anglais une grande banderole.
Il s’agit de « protester contre la propagation du crime », a déclaré à l’AFP Mohamed Barakeh, ancien député, président du Haut Comité pour la minorité arabe en Israël, à l’origine de la manifestation.
« Il ne se passe presque pas une journée sans coups de feu, sans blessures ou meurtres qui terrifient les gens. Au lieu de travailler au développement de nos villes et de notre société, nous réfléchissons à la façon de sortir en toute sécurité de nos maisons », a-t-il déploré, décrivant ce qui se passe dans les localités arabes comme une « catastrophe ».
« La responsabilité de la dissuasion et de la punition [des crimes est] entre les mains de l’Etat », a-t-il ajouté.
84 morts
Selon les statistiques de la police israélienne, la criminalité a déjà fait 84 morts depuis le début de l’année dans les villages et villes arabes.
« Il y a des milliers de blessés, et personne n’en parle », a déclaré à l’AFP Mahmoud Nassar, spécialiste en criminologie et au Centre de lutte contre la violence et le crime.
Selon des experts, des gangs arabes ont accumulé quantité d’armes au cours des deux dernières décennies et se livrent à des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains, contrôlent des réseaux de prostitution ou de blanchiment d’argent et commettent toutes sortes d’actes de violence et d’extorsion dans des villes et des villages arabes en Israël.
La minorité arabe, qui s’estime victime de discriminations par rapport à la majorité juive du pays, notamment en matière d’accès à l’emploi et au logement, se plaint régulièrement de ce qu’elle décrit comme l’inaction des autorités face à la vague de violence qui la mine.
Mardi, la police a affirmé dans un communiqué que « lutter contre le crime est une priorité absolue » et qu’elle déploie « de nombreuses forces » dans les zones touchées.
« J’ai entendu votre appel », a déclaré lundi, au Parlement, Netanyahu à l’intention des députés arabes qu’il a invités à venir discuter de la question avec lui le 5 juin. « Il va nous falloir agir sur plusieurs fronts et j’ai besoin de votre coopération », a-t-il ajouté.
Les Arabes israéliens, comme on les appelle en Israël, sont les membres ou les descendants de la population arabe présente dans la Palestine du mandat britannique et s’étant retrouvée en territoire israélien à l’issue de la première guerre israélo-arabe ayant éclaté au lendemain de la création d’Israël en 1948.
Une majorité d’entre eux se définissent comme Palestiniens.
Selon les derniers chiffres du Bureau central des statistiques israéliens (CBS), Israël compte plus de 2 millions d’Arabes, soit 21 % de la population. Ces chiffres incluent la population de Jérusalem-Est.