Martin Indyk : Des « temps sombres » précéderont un regain d’intérêt pour la paix
L'ancien envoyé américain en Israël a prévenu que la Cisjordanie est prête à "exploser", mais prévoit que les parties reviendront vers le processus de paix après avoir "souffert"
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Un ancien ambassadeur américain en Israël a déclaré mercredi qu’il prévoyait des « temps sombres » avant qu’Israéliens et Palestiniens ne s’approchent à nouveau de la paix, mais a affirmé que le moment finirait par arriver.
« Au terme de mon parcours, j’ai accepté l’idée que je ne verrai pas la paix de mon vivant », a déclaré Martin Indyk, un diplomate qui a été ambassadeur sous l’ancien président américain Bill Clinton.
« La paix en Israël finira sûrement par avoir lieu. Mais elle sera malheureusement le résultat de la violence et des conflits », a-t-il déclaré. « Le conflit israélo-arabe est long mais je sais par expérience qu’il tend vers la paix. »
Indyk s’est adressé à l’Israel Policy Forum lors d’un événement organisé en son honneur à New York. Le forum est une organisation juive américaine qui se consacre à la recherche d’une solution à deux États.
L’événement a eu lieu alors qu’une résolution du conflit semble de plus en plus éloignée, que la violence s’intensifie en Cisjordanie et que le futur gouvernement de Benjamin Netanyahu semble prêt à s’aliéner des pans entiers de la communauté juive américaine et à adopter une approche dure envers les Palestiniens.
La directrice de l’Israel Policy Forum, Susie Gelman, a reconnu que la vision d’un Israël juif et démocratique était « confrontée à d’énormes défis ».
« Plutôt que de résigner nos efforts ou de nous détourner, nous devons redoubler d’efforts », a-t-elle déclaré lors de l’événement, auquel participait également Hady Amr, l’envoyé de l’administration Biden auprès des Palestiniens. Amr, qui a présenté l’ancien ambassadeur, a décrit Indyk comme un mentor dont il sollicitait régulièrement les conseils.
Indyk a retracé son implication de longue date dans le conflit depuis son arrivée en Israël en 1973.
« Le pays était plein d’orgueil après son immense victoire de la guerre des Six Jours, mais il a été réévalué après la catastrophe de la guerre de Kippour plus tard cette année-là », s’est-il souvenu.
Il a été ambassadeur des États-Unis à deux reprises sous la présidence de Bill Clinton, contribuant à la négociation des Accords d’Oslo. Cette période faste pour le processus de paix s’est effondrée face aux horreurs de la deuxième Intifada, au début des années 2000.
Indyk a averti que la Cisjordanie était à nouveau au bord du précipice. Il s’est rendu en Israël il y a plusieurs semaines et a entendu des responsables de la sécurité dire qu’ils pensaient qu’une autre intifada « était déjà en route ».
« Le terrain est vraiment propice à une explosion », a-t-il dit, citant l’Autorité palestinienne (AP) qui s’étiole, les jeunes Palestiniens qui ne se souviennent pas du traumatisme de l’Intifada, la disponibilité des armes en Cisjordanie et les implantations.
« Ce combo crée une réelle poudrière ; ils ont un nouveau gouvernement israélien dans lequel les partis d’extrême-droite soutiennent les implantations et vont vouloir une approche d’attaques ‘Prix à payer' », a-t-il dit, faisant référence aux représailles des activistes juifs après des attaques terroristes. « Cela ne fera qu’alimenter le cycle de la violence. »
« Nous nous dirigeons vers une période très sombre », a déclaré Indyk, mais il a exhorté les partisans de la paix à garder l’espoir d’une issue.
« Soyez prêts quand ce moment arrivera, et il arrivera comme il est arrivé à chaque fois que les gens ont souffert de la violence et ont épuisé toutes autres alternatives », a-t-il dit. « Ils reviendront à l’idée de faire la paix. »
Il a déclaré que les États-Unis ont un rôle essentiel à jouer pour redonner espoir aux deux parties et élaborer une résolution du conflit, et que l’administration Biden préfère concentrer son attention sur l’Ukraine et la Chine, mais qu’elle devrait se réengager au Moyen-Orient si le conflit continue de s’envenimer.